Normandie.

Normandie. province de l'ancienne France, située entre la Picardie et la Bretagne, aujourd'hui partagée entre la Haute-Normandie à l'est et la Basse-Normandie à l'ouest. Les régions situées autour de la vallée de la Seine, axe commercial très ancien, furent peuplées par de nombreuses tribus gauloises. En 56 avant J.-C., la victoire des armées de César permit leur incorporation à la province de la Lyonnaise. Après la chute de l'Empire romain, la Normandie appartint au royaume de Syagrius, puis à la Neustrie franque. Très tôt christianisée, elle vit naître de nombreuses abbayes et monastères aux VIe et VIIe siècles (Jumièges, Mont-Saint-Michel). La province acquit son identité historique avec les invasions des Normands (Danois, Norvégiens), qui lui donnèrent leur nom. En 911, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, le roi de France Charles le Simple, pour faire cesser les pillages, reconnut l'autorité de leur chef Rollon, qui s'était fait baptiser, sur la région de Rouen, qui fut alors constituée en duché. Le duché s'étendit vers l'Ouest, et ses maîtres scandinaves s'intégrèrent progressivement au monde franc. Le duc Richard Ier soutint l'accession des Capétiens au trône de France (987). Les ducs menèrent aux Xe et XIe siècles une politique de centralisation et de conquêtes (souveraineté momentanée sur la Bretagne et, en 1031, sur le Vexin français), en s'appuyant sur la prospérité économique de la région et sur l'Église, réformée par Cluny. De l'indépendance à la vassalité. En 1035, à la mort de son père, le duc de Normandie Robert le Magnifique, le jeune duc Guillaume (dit le Bâtard, puis le Conquérant) dut s'imposer contre les barons révoltés ; il étendit son autorité sur le Maine et épousa Mathilde, fille du duc de Flandre. Il sut aussi canaliser l'élan guerrier des barons en les encourageant à fonder de nouvelles principautés en Italie du Sud et en Sicile, puis en conquérant l'Angleterre en 1066, par sa victoire à Hastings, qui fut illustrée par la tapisserie de la reine Mathilde, aujourd'hui conservée à Bayeux. Les Capétiens s'inquiétèrent rapidement de l'essor de cette puissante principauté, dont le chef se trouvait dès lors à la fois roi d'Angleterre et vassal du roi de France. Dès 1087, à la mort de Guillaume, ils favorisèrent les divisions entre ses descendants. À la faveur de ces luttes, le duché passa en 1144 entre les mains du comte d'Anjou Geoffroi V Plantagenêt. Son fils Henri épousa Aliénor d'Aquitaine quand le roi Louis VII l'eut répudiée, et devint roi d'Angleterre sous le nom d'Henry II. Il réorganisa les finances de son immense « Empire angevin » (cour de l'Échiquier). Le roi de France Philippe Auguste, conscient du danger que représentait la puissance de son vassal, combattit les fils d'Henry II, les ducs Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre, dont il confisqua tous les fiefs continentaux entre 1202 et 1204. En 1259, le roi Henry III renonça officiellement à la Normandie par le traité de Paris. Désormais partie intégrante du domaine royal, la Normandie se fit confirmer ses privilèges institutionnels (Charte aux Normands, 1315). Pendant la guerre de Cent Ans, la province fut envahie à plusieurs reprises par les Anglais, depuis le débarquement d'Henry V (1415) jusqu'à la victoire du roi de France Charles VII à Formigny (1450). La province perdit progressivement ses privilèges : en 1515, l'Échiquier de Rouen devint parlement de Normandie ; en 1542 furent créées les généralités de Caen et Rouen, et en 1655 les États de Normandie siégèrent pour la dernière fois. Marquée par le protestantisme, souvent révoltée contre l'impôt royal (l'« insurrection des va-nu-pieds », 1639), puis contre l'État révolutionnaire (mouvement fédéraliste, 1793), la Normandie resta l'une des plus riches provinces de France grâce à l'élevage, au commerce maritime depuis les ports du Havre et de Rouen, et à une industrie textile précoce. Au XIXe siècle, le monde rural normand connut une grande fortune littéraire avec des écrivains tels que Gustave Flaubert et Guy de Maupassant. En juin 1944, la province fut le théâtre de la bataille de Normandie après le débarquement allié sur les plages du Cotentin et du Calvados. Durement éprouvée par les bombardements et les combats (destruction du Havre, de Caen, de Saint-Lô), elle se releva toutefois rapidement et a connu un développement industriel, agricole et touristique remarquable. 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