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paysage, n.

Publié le 18/11/2013

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paysage, n.m. 1. SCIENCES HUMAINES : partie de l'environnement immédiatement perceptible. Le paysage possède une histoire, et les récits de voyage ou images du passé témoignent amplement de ses transformations. Cette histoire peut se résumer comme celle de l'emprise croissante de l'homme sur le milieu naturel. Ainsi, il ne reste presque plus rien des forêts originelles européennes : défrichements et mises en culture ont eu raison des paysages de la « Gaule chevelue » qu'évoquait César. L'intensification de l'agriculture, la création d'équipements (routes, canaux, digues, etc.) ou l'urbanisation sont d'autres étapes du processus, devenu planétaire, d'humanisation des paysages. Mais les sciences humaines, dont l'histoire fait partie, ont aussi montré que cette évolution ne peut être ramenée à la seule logique d'une dégradation volontaire et continue qui serait celle des paysages primitifs : l'action humaine est aussi complexe que les sociétés qui l'engendrent. L'histoire des paysages se heurte pourtant à des difficultés méthodologiques propres, inhérentes aux deux principales approches possibles. Le paysage, document historique. La première approche consiste à rechercher ce qui, dans les paysages actuels, est hérité du passé. Le tracé des routes ou la disposition des forêts et des champs peuvent être des traces visibles, donc des témoins des paysages antiques ou médiévaux comme en témoignent les multiples vestiges rectilignes des voies romaines qui parcourent les campagnes françaises. Mais ils n'en sont jamais qu'un élément, mêlé à ceux d'autres temps : nos paysages, pas plus que ceux du passé, ne sont le produit homogène d'une seule époque ou d'une seule civilisation, même si l'on peut constater que certaines périodes ont laissé une empreinte privilégiée, comme les XIIe -XIIIe siècles pour les campagnes d'Europe occidentale. En outre, cette méthode de recherche a orienté l'histoire du paysage vers une approche plus sociale et économique qu'événementielle : par exemple, la colonisation romaine se traduit dans le paysage par des modifications du parcellaire, la création de voies et de cités, autant de conséquences socio-économiques du fait politique, que nous connaissons surtout par les textes. Malgré tout, une « restitution » complète des paysages du passé reste risquée : comment y parviendrait-on par exemple pour l'habitat rural, alors que seul nous est parvenu l'habitat « en dur », c'est-à-dire celui qui correspond aux catégories paysannes aisées et « enracinées » ? Aussi anciens soientils, ces héritages risquent d'occulter tout le reste de la société paysanne. Les logiques qui conservent ou remplacent certains éléments du paysage au fil des siècles sont toujours sélectives ; cela explique que ce soit surtout la géographie, autre science humaine, qui ait cherché à démêler - et pour cela elle eut beaucoup recours à l'histoire - l'inextricable écheveau d'héritages (groupement de l'habitat, forme des champs, etc.) que sont, par exemple, nos paysages ruraux. La difficile reconstitution des paysages. Une autre approche utilise les images, peintures ou descriptions anciennes comme témoignages des paysages passés. Mais, aussi séduisante soit-elle, l'iconographie ne peut non plus être utilisée directement. Par exemple, l'enluminure médiévale nous montre des villes beaucoup plus compactes et ramassées que ce que révèlent les découvertes archéologiques. Les illustrateurs d'alors semblent avoir sous-estimé la surface des jardins. Cette distorsion peut s'expliquer par leur méconnaissance des lois de la perspective, mais aussi par leur tendance à vouloir différencier « visuellement » la ville du monde rural, montrant ainsi combien ces deux cadres de vie pouvaient être opposés dans leur esprit. L'image est alors une « représentation » au sens sociologique du terme et peut être différente de la réalité. Ce risque de déformation existe aussi dans le choix des éléments : n'est offert au regard que ce qui est digne de l'être, reconnu comme « beau » et présenté sous un angle valorisant ; le paysage représenté reflète alors les conceptions esthétiques ou idéologiques, les mentalités d'une époque, plutôt que sa réalité « paysagère ». L'exemple des célèbres Très Riches Heures du duc de Berry, exécutées vers 1413-1416 par les frères de Limbourg, est à cet égard trompeur. Les lieux qu'elles représentent, quoique inspirés de la réalité, la transcendent et l'interprètent. Il en va d'ailleurs de même des photographies : qu'apprendrions-nous du monde actuel si l'on s'en tenait aux paysages « choisis » des cartes postales ou des dépliants touristiques ? Secteur des sciences humaines en pleine évolution, l'histoire du paysage, pour attirante qu'elle soit, ne peut ignorer cette gamme de difficultés. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Limbourg (les frères de) Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats espace géographique organisation de l'espace 2. BEAUX-ARTS : le mot « paysage » n'est apparu en France qu'au XVIe siècle, probablement copié sur le mot néerlandais landschap. Il semble bien qu'il ait été inventé pour désigner d'abord le paysage pictural avant d'être ensuite élargi au paysage naturel. L'histoire de la peinture de paysage est très liée à l'évolution du sentiment de la nature et à la transformation de la perception du monde extérieur. Nature et paysage. Avant même que la langue pût le désigner, le paysage existait dans les diverses représentations de la nature. Dans l'Antiquité, les Grecs ignoraient la nature et ne la reproduisaient guère, mais ils en personnifiaient les forces dans la mythologie. Les Romains, en revanche, la célébraient et la représentaient sous forme de fresques ou de mosaïques. Le Moyen Âge, si défiant envers le monde sensible, en produisit une image totalement symbolique (tapisseries de la Dame à la licorne et les fresques du palais des Papes d'Avignon). Certains miniaturistes peignirent de remarquables paysages tout en les reléguant au second plan (le Livre de chasse de Gaston Phébus, les Très Riches Heures du duc de Berry). Le fond du tableau fut enrichi et agrandi par les peintres de la Renaissance ainsi que l'illustrent par exemple l'Enlèvement de Déjanire de Pollaiolo, la Vierge à la prairie de Giovanni Bellini ou la Tempête de Giorgione. Dürer fut un des premiers à prendre un simple paysage pour sujet unique comme le montre la Vue d'Arco. Joachim Patenier marqua une date capitale en inversant le rapport figure/fond et en peignant d'immenses panoramas imaginaires où l'homme est englouti (la Barque de Charon). Au XVIe siècle fleurit alors la grande école des paysagistes flamands avec Pieter Bruegel, Paul Bril, etc. Le paysage, « territoire jusqu'où la vue peut porter ». Désormais, le peintre, fidèle à son époque, se posa face au monde extérieur, nomma le paysage, le délimita par son regard, inventa la perspective et commença à se soucier d'exactitude topographique. L'attention portée aux lumières, aux ciels, aux changements d'atmosphère d'une nature enfin observée constitua la leçon essentielle des maîtres hollandais depuis Van Goyen, Van de Velde, jusqu'à Hobbema et surtout Jacob Van Ruysdael (Vue près de Haarlem). La France connut au XVIIe siècle deux grands peintres de paysage et de nombreuses théories : ainsi, Roger de Piles qualifiait de style héroïque ou idéal le style de Nicolas Poussin (par exemple, les Cendres de Phocion), parce que « la nature est représentée comme on s'imagine qu'elle devrait être », et de style champêtre le style de Le Lorrain (par exemple, Paysage avec Acis et Galathée), car « la nature s'y fait voir toute simple, sans fard, et sans artifice ». Diverses variations centrées sur une vision pastorale (Watteau), idyllique (Amand), ou privilégiant les vedute et croquis de voyages, furent inventées au XVIIIe siècle. La vogue du paysage historique avec Michallon, Bertin et Wattelet marqua le début du XIXe siècle. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Berchem Nicolaes Dughet Gaspard Les livres Van Ruysdael Jacob, page 5418, volume 10 Une esthétique triomphante au XIXe siècle. La nature devenant le lieu privilégié pour exprimer les sentiments, le paysage constitua une forme dominante de l'art au XIXe siècle. L'Angleterre tint dans ce renouveau une place prépondérante avec deux très grands artistes : John Constable, qui exprima sa vision naturaliste dans des toiles telles que la Plage de Brighton ou Vue sur la Stour , et Turner, romantique, qui incendiait ses tableaux de couleurs et de lumière (Côte battue par la tempête, Après le déluge). La France eut également, durant cette période, ses peintres paysagistes : Dupré, Corot, Diaz, Daubigny, Rousseau, Courbet. Dans les oeuvres impressionnistes, irisées d'air et de lumière, le thème fut élargi au paysage urbain. Sous des formes différentes, des peintres tels que Van Gogh, Gauguin ou le Douanier Rousseau renouèrent avec le paysage symbolique. Enfin, l'oeuvre de Cézanne (la Montagne Sainte-Victoire ) marqua une des étapes clés de la peinture de paysage moderne. Les avant-gardes du XXe siècle, préoccupées par les expérimentations formelles, n'exclurent cependant pas le paysage de leurs recherches et en donnèrent des versions très typées (il existe par exemple un paysage surréaliste). Avec le land-art, l'artiste est entré lui-même dans le paysage ; ne se contentant plus de le représenter, il le crée directement. Avec des artistes comme Joseph Koudelka, la photographie a pris aujourd'hui la relève. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Harpignies Henri Huet Paul Lépine Stanislas réalisme - Le réalisme en art - Le mouvement réaliste Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Barbizon Bril Paul Bruegel - Bruegel Pieter, dit l'Ancien ou le Vieux Cézanne Paul ciel Constable John Corot Camille Courbet Jean Désiré Gustave Daubigny Charles François Dupré Jules Dürer Albrecht France - Arts - Beaux-arts - Le XVIIe siècle ou le triomphe de l'esprit français France - Arts - Beaux-arts - Les derniers classiques, les premiers romantiques Giorgione (Giorgio da Castelfranco, dit) impressionnisme - L'apport des impressionnistes impressionnisme - Les précurseurs motif - 1.BEAUX-ARTS Patinir Joachim Pays-Bas - Arts - Beaux-arts - Le siècle d'or Pays-Bas - Arts - Beaux-arts - Le XIXe siècle photographie - Les tendances esthétiques - La reproduction de la réalité réalisme - Le réalisme en art - Le mouvement réaliste romantisme - Peinture - En Allemagne romantisme - Peinture - En Angleterre Turner Joseph Mallord William Valenciennes (Pierre Henri de) Van de Velde Willem Van Ruysdael Jacob Wouwerman Philips Les livres abstrait (art) - Paysage, de Wassili Kandinsky (1913), page 13, volume 1 paysage - Pin, d'Albrecht Altdorfer (1480-1538), page 3754, volume 7 paysage - La Liseuse sur la rive boisée, de Camille Corot (1796-1875), page 3754, volume 7 paysage - Vue sur la Stour, le moulin de Flatford, de Constable (1776-1837), page 3755, volume 7

« opposés dans leur esprit.

L'image est alors une « représentation » au sens sociologique du terme et peut être différente de la réalité.

Ce risque de déformation existe aussi dans le choix des éléments : n'est offert au regard que ce qui est digne de l'être, reconnu comme « beau » et présenté sous un angle valorisant ; le paysage représenté reflète alors les conceptions esthétiques ou idéologiques, les mentalités d'une époque, plutôt que sa réalité « paysagère ».

L'exemple des célèbres Très Riches Heures du duc de Berry , exécutées vers 1413-1416 par les frères de Limbourg, est à cet égard trompeur. Les lieux qu'elles représentent, quoique inspirés de la réalité, la transcendent et l'interprètent.

Il en va d'ailleurs de même des photographies : qu'apprendrions-nous du monde actuel si l'on s'en tenait aux paysages « choisis » des cartes postales ou des dépliants touristiques ? Secteur des sciences humaines en pleine évolution, l'histoire du paysage, pour attirante qu'elle soit, ne peut ignorer cette gamme de difficultés. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Limbourg (les frères de) Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats espace géographique organisation de l'espace 2.

BEAUX-ARTS : le mot « paysage » n'est apparu en France qu'au XVI e siècle, probablement copié sur le mot néerlandais landschap. Il semble bien qu'il ait été inventé pour désigner d'abord le paysage pictural avant d'être ensuite élargi au paysage naturel.

L'histoire de la peinture de paysage est très liée à l'évolution du sentiment de la nature et à la transformation de la perception du monde extérieur. Nature et paysage. Avant même que la langue pût le désigner, le paysage existait dans les diverses représentations de la nature.

Dans l'Antiquité, les Grecs ignoraient la nature et ne la reproduisaient guère, mais ils en personnifiaient les forces dans la mythologie.

Les Romains, en revanche, la célébraient et la représentaient sous forme de fresques ou de mosaïques.

Le Moyen Âge, si défiant envers le monde sensible, en produisit une image totalement symbolique (tapisseries de la Dame à la licorne et les fresques du palais des Papes d'Avignon).

Certains miniaturistes peignirent de remarquables paysages tout en les reléguant au second plan ( le Livre de chasse de Gaston Phébus , les Très Riches Heures du duc de Berry ).

Le fond du tableau fut enrichi et agrandi par les peintres de la Renaissance ainsi que l'illustrent par exemple l'Enlèvement de Déjanire de Pollaiolo, la Vierge à la prairie de Giovanni Bellini ou la Tempête de Giorgione.

Dürer fut un des premiers à prendre un simple paysage pour sujet unique comme le montre la Vue d'Arco .

Joachim Patenier marqua une date capitale en inversant le rapport figure/fond et en peignant d'immenses panoramas imaginaires où l'homme est englouti ( la Barque de Charon ).

Au XVI e siècle fleurit alors la grande école des paysagistes flamands avec Pieter Bruegel, Paul Bril, etc. Le paysage, « territoire jusqu'où la vue peut porter ». Désormais, le peintre, fidèle à son époque, se posa face au monde extérieur, nomma le paysage, le délimita par son regard, inventa la perspective et commença à se soucier d'exactitude topographique.

L'attention portée aux lumières, aux ciels, aux changements d'atmosphère d'une nature enfin observée constitua la leçon essentielle. »

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