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restaurer les finances.

Publié le 31/10/2013

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restaurer les finances. Protéger la religion et la famille, c'est assurer la liberté des cultes et la liberté de 'enseignement. Protéger la propriété, c'est maintenir l'inviolabilité des produits de tous les travaux, c'est garantir 'indépendance et la sécurité de la possession, fondements indispensables de la liberté civile. « l n'oublie pas pour autant qu'il est l'auteur de l'Extinction du paupérisme et qu'il vise à rassembler sur son nom e maximum de voix ouvrières. on chapitre social ne saurait donc manquer d'ambition: « [...] Donner du travail aux bras inoccupés; pourvoir à la vieillesse des travailleurs par les institutions de prévoyance ; introduire dans nos lois industrielles les améliorations qui tendent, non à ruiner le riche, mais à fonder le bien-être de chacun sur la prospérité de tous... « Et pour faire bonne mesure, il termine par un appel à l'union nationale : « J'appelle de tous mes voeux le jour où la patrie pourra sans danger faire cesser toutes les proscriptions et effacer les dernières traces de nos discordes civiles. « Dans le camp adverse, on ne fait pas non plus dans la subtilité... Sans parler des caricaturistes qui, tels Daumier et Cham, se déchaînent, il suffit de se reporter, par exemple, au Moniteur de l'Armée, qui met carrément en cause le patriotisme de Louis Napoléon : « C'est à la France de juger si elle peut compter sur les entiments patriotiques d'un Bonaparte qui a servi tantôt la Suisse comme capitaine, tantôt l'Angleterre comme onstable et dont les exploits consistent dans un coup de pistolet tiré à Boulogne au pied de la colonne sur un oldat français. « roudhon n'est pas moins violent. Mais de sa diatribe, il ressort clairement qu'il ne se fait plus guère d'illusions: Vous serez tous soldats, soldats à vie. Vos femmes seront cantinières, vos garçons tambours... Viens donc Napoléon ! Viens prendre possession de ce peuple de courtisans... Tu as fait le pitre et joué la comédie. « Viens ! Tu es l'homme qu'il nous faut. « Et de fait, plus l'échéance approche, plus les adversaires de Louis Napoléon semblent se résigner en se cherchant de mauvaises excuses. L'accusé, en fait, c'est le suffrage universel... Déjà, en avril, comme le rapporte Jean-Pierre Rioux, les socialistes avaient souhaité un report de la date des élections pour permettre ux Français -- et particulièrement aux paysans encore sous l'influence du noble ou du curé -- de « faire leur éducation politique «. En proposant de faire élire le président par l'Assemblée, Jules Grévy, véritable saint Jean Bouche d'or, a vendu a mèche : « Je suis convaincu, a-t-il plaidé, que le peuple voudra ce que ses représentants auront voulu... « Et voilà que plus le temps passe, plus on fait écho à cette thèse, moins on dissimule le regret de ne pas avoir laissé le soin de trancher aux représentants du peuple, voire à la partie la plus éclairée d'entre eux. Le Journal des Débats pose le 27 octobre la question qui brûle bien des lèvres: « Serions-nous plus près du despotisme, aujourd'hui, avec le suffrage universel que nous en étions près, il y a un an, avec nos institutions modérées ? « La République va encore plus loin, le 31 octobre, sous la signature de Laurent de l'Ardèche, partisan de LedruRollin : « Aussi longtemps que l'ignorance et la pauvreté formeront le lot des masses, le peuple, dans les campagnes, ne sera souverain que de nom. « Et le 20 novembre, le même journal récidive avec ce terrible aveu: « Nous ne saurions aujourd'hui espérer de conquérir le pouvoir par le suffrage universel... nous savons très bien en effet que notre force n'est pas dans le nombre... « *** Le vote eut lieu les dimanche 10 et lundi 11 décembre. Tout s'est passé dans le plus grand calme. La participation est très forte, encouragée par un fort beau temps. Le dépouillement commence le 12. Le soir même, pendant le dîner, Louis Napoléon prend connaissance des premiers résultats du vote. Ils sont convergents: non seulement c'est lui qui est en tête, mais, plus encore, il va largement dépasser la barre de la majorité qualifiée -- ce qui n'était évidemment pas couru d'avance : les partisans de Cavaignac qui entretenaient l'ultime espoir du recours à l'Assemblée vont devoir vite déchanter. En fait, les Français sont allés voter en rangs serrés et lui ont assuré un véritable triomphe. Aucune catégorie, aucune région n'est restée à l'écart de l'immense mouvement qu'il a su déclencher... Les résultats sont proclamés le 20 décembre et publiés dans le Moniteur du 22. Louis Napoléon obtient 5 572 834 suffrages contre 1 469 156 à Cavaignac. Les autres candidats n'ont fait que de la figuration, l'honnête Lamartine frisant le ridicule : il recueille à peine quelque 20 000 voix contre 376 834 à Ledru-Rollin et 37 106 à Raspail. De tels résultats révèlent à la classe politique l'ampleur du mouvement dont Louis Napoléon est le bénéficiaire. es ouvriers, notamment, ont voté en majorité pour lui. Mais, aux yeux de tous, c'est l'irruption du vote paysan ui constitue le fait majeur. Il continuera d'ailleurs de peser pendant plus d'un siècle... elon Karl Marx, l'élection du 10 décembre fut bien « une réaction des paysans qui avaient dû payer les frais de a révolution de février, réaction dirigée contre les autres classes de la nation, réaction de la campagne contre la ille «. « Napoléon, ajoute-t-il, était le seul homme représentant jusqu'au bout les intérêts et l'imagination de la ouvelle classe paysanne que 1789 avait créée... Le 10 décembre fut le coup d'État des paysans qui enversaient le gouvernement existant... Un moment héros actifs du drame révolutionnaire, ils ne pouvaient plus tre relégués au rôle passif et servile du choeur. « ais, pour Marx, il y eut davantage encore : la candidature de Louis Napoléon « trouva un grand écho d'abord dans l'armée à qui les républicains du National n'avaient pu fournir ni gloire ni haute paie, puis dans la grande bourgeoisie qui voyait en Bonaparte le pont qui la conduirait à la monarchie, enfin chez les petits bourgeois et les prolétaires qui saluaient en lui le fléau de Cavaignac «. Que la majorité rassemblée fût hétérogène, cela sautait aux yeux. La Voix du Peuple, quotidien démocrate de Marseille, relevait dans son numéro des 18 et 19 décembre qu'elle se composait, « indépendamment des véritables bonapartistes qui sont peu nombreux, de deux éléments tellement distincts qu'ils en sont hostiles l'un à l'autre, à savoir: une grande partie de la classe ouvrière qui a voté pour le candidat impérialiste en haine de Cavaignac et la coalition de tous les intérêts réactionnaires qui auraient tout aussi bien voté pour le Grand Moghol si le Grand Moghol leur avait offert sécurité et protection «. Et, Guizot, dans ses Mémoires, décrivait ainsi l'alchimie subtile qui avait été à l'origine de la victoire de Louis Napoléon: « L'expérience a révélé la force du parti bonapartiste, ou pour dire plus vrai, du nom de Napoléon. C'est beaucoup d'être à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d'autorité. Il y a là de quoi survivre à de grandes fautes et à de longs revers. « Or, précisément, Louis Napoléon, tout au long du processus, est resté irréprochable. Il fut de plus en plus clair aux yeux de chacun que cette victoire était la sienne, et seulement la sienne. Il ne devait rien à personne. Et il allait bientôt le signifier et le démontrer à tous. Il est vrai que les erreurs de ses adversaires l'ont servi : les massacres de juin, les bévues des équipes républicaines qui se sont succédé au pouvoir ont favorisé son succès, acquis, selon la formule de Tudesq, par « enthousiasme, vengeance, résignation «. Mais son mérite ne se réduit pas à s'être présenté. Il a su mener sa barque d'une main ferme, ne pas dévier d'un pouce de la stratégie qu'il s'était fixée, et pousser tous ses opposants à la faute. C'était une faute de mettre en cause son élection de juin et celle de septembre, et de prétendre que ceux qui avaient voté pour lui avaient été abusés. C'était une faute de faire de ces élections l'enjeu du débat constitutionnel. C'était une autre faute de méconnaître qu'en s'opposant à sa candidature on ne faisait que la fortifier. Tocqueville n'a pas eu raison de laisser sa rancoeur l'emporter sur sa lucidité coutumière, en écrivant que « si Louis Napoléon eût été un homme sage, ou un homme de génie, il ne fût jamais devenu Président de la République «. En fait, il eut le génie de comprendre le parti qu'il pouvait tirer de la situation. Il eut la sagesse de laisser les choses s'accomplir. *** Le 20 décembre, à l'Assemblée, les résultats sont proclamés. Immédiatement, Cavaignac dépose ses pouvoirs sur le bureau de l'Assemblée. Et l'on introduit le prince pour une brève cérémonie d'investiture. Il est 16 heures. Il fait sombre. L'atmosphère est comme irréelle. Victor Hugo a raconté cette scène plus qu'imprévisible, impensable, inimaginable quelques semaines plus tôt: « Le Président fit un signe et la porte de droite s'ouvrit. On vit alors entrer dans la salle et monter rapidement à la tribune un homme jeune encore, vêtu de noir, ayant sur l'habit, la plaque et le grand cordon de la Légion d'Honneur. « Toutes les têtes se tournèrent vers cet homme. « Un visage blême, dont les lampes à abat-jour faisaient saillir les angles osseux et amaigris, un nez gros et long, des moustaches, une mèche frisée sur un front étroit, l'oeil petit et sans clarté, l'attitude timide et inquiète, nulle ressemblance avec l'Empereur, c'était le citoyen Louis Napoléon Bonaparte. « Le citoyen prête serment. Il prononce une formule sacramentelle qui va peser sur sa vie et sa postérité. Et puis, rièvement, il débite les quelques mots adaptés à la circonstance. Il faut, dit-il, « fonder une République dans l'intérêt de tous et un Gouvernement juste, ferme, qui soit animé d'un sincère amour du progrès sans être réactionnaire ou utopiste «. « Soyons les hommes du pays et non les hommes d'un parti. « Dans la salle, tout le monde n'a peut-être pas pris la mesure de l'événement. C'est la première fois, en France, qu'un homme reçoit l'onction de l'ensemble du suffrage universel. L'homme ainsi désigné, investi, légitimé, va bénéficier d'une autorité morale et d'un poids politique dont nul encore ne peut pressentir les implications. Toute la période qui va suivre va être marquée par cette nouvelle donne. Pour n'avoir pas su le prévoir, certains des hommes qui assistent à la prestation du nouveau président connaîtront de douloureux réveils. Louis Napoléon est probablement conscient de la métamorphose qui vient de s'accomplir. Pour une fois, il pourrait faire sienne l'analyse -- lumineuse il est vrai -- de Karl Marx, qui a bien saisi la spécificité du lien unissant désormais le président au peuple français : « Lui est l'élu de la nation et son élection est l'atout que le peuple souverain joue tous les quatre ans. Un rapport métaphysique réunit l'Assemblée nationale élue et la nation, mais le président élu est en rapport personnel avec cette dernière. L'Assemblée nationale traduit bien par ses divers représentants les faces multiples de l'esprit national, il s'incarne dans le président. Il a sur elle l'avantage d'un droit divin particulier, il est par la volonté du peuple. « *** Le soir même, Louis Napoléon est à l'Élysée. En quelques semaines, le politique a accompli l'impossible.

« Ledru-Rollin et37 106 àRaspail. De tels résultats révèlentàla classe politique l'ampleur dumouvement dontLouis Napoléon estlebénéficiaire. Les ouvriers, notamment, ontvoté enmajorité pourlui.Mais, auxyeux detous, c'estl'irruption duvote paysan qui constitue lefait majeur.

Ilcontinuera d'ailleursdepeser pendant plusd'un siècle... Selon KarlMarx, l'élection du10décembre futbien «une réaction despaysans quiavaient dûpayer lesfrais de la révolution defévrier, réaction dirigéecontrelesautres classes delanation, réaction delacampagne contrela ville ».«Napoléon, ajoute-t-il,étaitleseul homme représentant jusqu'auboutlesintérêts etl'imagination dela nouvelle classepaysanne que1789 avaitcréée...

Le10décembre futlecoup d'État despaysans qui renversaient legouvernement existant...Unmoment hérosactifsdudrame révolutionnaire, ilsne pouvaient plus être relégués aurôle passif etservile duchoeur.

» Mais, pourMarx, ily eut davantage encore:la candidature deLouis Napoléon «trouva ungrand échod'abord dans l'armée àqui lesrépublicains duNational n'avaientpufournir nigloire nihaute paie,puisdans lagrande bourgeoisie quivoyait enBonaparte lepont quilaconduirait àla monarchie, enfinchezlespetits bourgeois et les prolétaires quisaluaient enluilefléau deCavaignac ». Que lamajorité rassemblée fûthétérogène, celasautait aux yeux.

LaVoix duPeuple, quotidien démocrate deMarseille, relevaitdanssonnuméro des18et19 décembre qu'elle secomposait, «indépendamment desvéritables bonapartistes quisont peunombreux, dedeux éléments tellementdistinctsqu'ilsensont hostiles l'unàl'autre, àsavoir: unegrande partiedelaclasse ouvrière qui avoté pour lecandidat impérialiste enhaine deCavaignac etlacoalition detous lesintérêts réactionnaires qui auraient toutaussi bienvotépour leGrand Moghol sile Grand Moghol leuravait offert sécurité etprotection ». Et, Guizot, danssesMémoires, décrivaitainsil'alchimie subtilequiavait étéàl'origine delavictoire deLouis Napoléon: «L'expérience arévélé laforce duparti bonapartiste, oupour direplus vrai, dunom deNapoléon. C'est beaucoup d'êtreàla fois une gloire nationale, unegarantie révolutionnaire etun principe d'autorité.

Ilya là de quoi survivre àde grandes fautesetàde longs revers.

» Or, précisément, LouisNapoléon, toutaulong duprocessus, estresté irréprochable.

Ilfut de plus enplus clair aux yeux dechacun quecette victoire étaitlasienne, etseulement lasienne.

Ilne devait rienàpersonne.

Etil allait bientôt lesignifier etledémontrer àtous. Il est vrai que leserreurs deses adversaires l'ontservi :les massacres dejuin, lesbévues deséquipes républicaines quisesont succédé aupouvoir ontfavorisé sonsuccès, acquis,selonlaformule deTudesq, par« enthousiasme, vengeance,résignation». Mais sonmérite neseréduit pasàs'être présenté.

Ila su mener sabarque d'unemainferme, nepas dévier d'un pouce delastratégie qu'ils'était fixée,etpousser toussesopposants àla faute. C'était unefaute demettre encause sonélection dejuin etcelle deseptembre, etde prétendre queceux qui avaient votépour luiavaient étéabusés.

C'étaitunefaute defaire deces élections l'enjeududébat constitutionnel.

C'étaituneautre fautedeméconnaître qu'ens'opposant àsa candidature onnefaisait quela fortifier. Tocqueville n'apas euraison delaisser sarancoeur l'emporter sursalucidité coutumière, enécrivant que«si Louis Napoléon eûtétéunhomme sage,ouunhomme degénie, ilne fûtjamais devenu Président dela République ». En fait, ileut legénie decomprendre leparti qu'ilpouvait tirer delasituation.

Ileut lasagesse delaisser leschoses s'accomplir. *** Le 20décembre, àl'Assemblée, lesrésultats sontproclamés.

Immédiatement, Cavaignacdéposesespouvoirs sur lebureau del'Assemblée.

Etl'on introduit leprince pourunebrève cérémonie d'investiture.

Ilest 16heures. Il fait sombre.

L'atmosphère estcomme irréelle.

VictorHugoaraconté cettescène plusqu'imprévisible, impensable, inimaginable quelquessemaines plustôt: « Le Président fitun signe etlaporte dedroite s'ouvrit.

Onvitalors entrer danslasalle etmonter rapidement à la tribune unhomme jeuneencore, vêtudenoir, ayant surl'habit, laplaque etlegrand cordon delaLégion d'Honneur. « Toutes lestêtes setournèrent verscethomme. « Un visage blême, dontleslampes àabat-jour faisaientsaillirlesangles osseux etamaigris, unnez gros et long, desmoustaches, unemèche friséesurunfront étroit, l'oeilpetitetsans clarté, l'attitude timideetinquiète, nulle ressemblance avecl'Empereur, c'étaitlecitoyen LouisNapoléon Bonaparte.

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