SOUVENIR

Reconstitution plus ou moins fidèle du passé, à partir des traces que celui-ci a laissées dans la mémoire. Comment a lieu cette conservation du vécu ? Il y a dans le cerveau un « centre de la mémoire «. Si on l'excite électriquement, le sujet voit soudain défiler des scènes vécues qu'il avait oubliées. Mais il faut pouvoir les évoquer à volonté pour se souvenir ; il est probable que, théoriquement, tout le vécu pourrait être rappelé à la mémoire. Mais, hormis quelques circonstances exceptionnelles, il n'y a pas de reviviscence exacte du passé.

Pratiquement, le souvenir appartient à la mémoire sociale ; il est localisé, il fait appel à l'organisation spatiotemporelle, il prend appui sur les points de repère que sont les événements marquants et officiels, les « cadres sociaux « de la mémoire. De plus, l'affectivité peut le déformer, l'effacer ou l'amplifier.

En somme, un souvenir appartient plus au présent qu'au passé. Dans le travail de reconstitution auquel nous nous livrons, nous remplissons les lacunes, de bonne foi. C'est tout le problème du témoignage. La vie sociale nous impose d'avoir des souvenirs cohérents, « comme tout le monde «, c'est-à-dire com­me personne en particulier.