Alfred JARRY : Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien

« Photo Mary Evans 1 Explorer Alfred Jarry (1873-1907) était plus proche de F austro/1 que d' Ubu lui-même , par sa science et sa fantaisie inégalable.

Il eut l'intuition des éléments de Pata­ physique dès 1894 et signa un texte consa­ cré à la machine à explorer le temps du nom de Faustro/1, dès 1899.

Pourtant les Gestes et opi­ nions ne furent pu­ bliés à deux cha ­ pitres près qu'après sa mort, en 1911.

Le livre Voyage peu commun R ené Isidore Panmuphle , huissier, saisit le docteur Faustroll qui ne possède guère plus que vingt-sept livres (qu'il élit "livres pairs") et une curieuse barque : un "as", percé d'une infinité de trous mais qu'une fine pellicule d'eau rendrait étanche ! Faustroll entraîne Panmuphle dans une navi­ gation terrestre, un tour de Paris à la rame, en compagnie d'un singe, Bosse-de-Nage, dont la seule parole est "Ha ha !" Panmuphle est chargé de relater les incidents de cette circum­ navigation.

Éclairé par les éléments de Pataphysique, l'équi­ page s'arrête dans des îles imaginaires ou plutôt comme aut ant de référence s littéraires.

Ainsi l'île de Ptyx, bloc monolithique où se tient un seigneur qui n'est autre que Mallarmé (inventeur du mot Ptyx).

La rencontre d'une machine à peindre, dite Clinamen, qui projette treize tableaux rigoureusement décrits par Panmuphle , décide Faustroll à se saborder dans la Seine.

La relation de l'huis sier cesse ici, mais Faustroll, lui, commu­ nique télépathiquem ent des le ttres posthumes , dans lesquelles il fait la démol)stration de la grande science qu'il a acquise en atteignant l'"Ét hemité ".

Une science de pointe L e voyage se déroule dans un univers occupé par des per­ sonnalités et des personnages littéraires ou artistiques.

Le nom du docteur est composé de "Faust", ce vieux savant désabu sé qui, au terme de sa vie, tente de se ressaisir avec l 'aide du diable, et de "troll "; espèce de gnome, de génie falla­ cieux.

Faustroll est imbu de Pataphysique, celle-ci concerne ce qui se surajoute à la métaph ysigue comme un épiphénomène par rapport au phénomène.

Ainsi les "îles" se surajoutent­ elles en quelque sorte aux œuvres littéraires.

Ainsi aussi, le Dr Faustroll ne meurt-il pas, mais se situe-t-il dans un espace éthéré qu'il convient de nommer "Ét hernité " ; il y entreprend le calcul pataphysique de la "surface de Dieu" , il conclue : "Die u est le point tangent de zéro et de l'infini ." La Pata­ physique intervi ent pour résoudre astucieusement les plu s hautes interrogations métaphysiques.. »