André BRETON : Signe ascendant
Publié le 22/09/2012
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Un critique contemporain, spécialiste du surréalisme, a fort bien défini les deux inclinations opposées de l'écriture de Breton, dont témoignent tous les poèmes réunis dans Signe ascendant : "Le côté Maldoror - Apollinaire : les complaisances à la rhétorique en ce que celle-ci autorise les plus folles envolées ; les métaphores arbitraires ; les recours aux effets mélodramatiques ; les clins d'oeil au lecteur. Le côté Poésies - Reverdy : le goût de la sentence irréfutable ; l'amour des vérités premières ; le penchant à l'argutie ; la naïveté retrouvée. A deux niveaux différents sans doute, ici et là me paraissent s'articuler les pôles opposés entre lesquels s' inscrit la poés ie d 'André Breton et que l'on pourrait, ...

«
Si Breton emprunte
au voca bulair e de la voyance l'expression
de "signe ascen dant' ', c'est parce que, po ur lui co mm e pour Rimbaud , le
p oète doit se faire voyant afin de dépas
ser les limit es de la percep tion ordinair e.
Le livre
L'analogie comme méthode de transfiguration
S
ous le titre général de Signe asce ndant , ont été reg roupé s,
peu après la mort d'André Breton, divers poèmes dont
l'unit é apparaît à la lecture du premier texte : véritable mani
feste en faveur de la pensée analogique, c'est lui qui donne son
titre à tout le recueil.
Parce que la pensée logique est antipoé
tique , c'est-à-dire incapable de produire des images
et de pro
curer un quelconque plaisir, tant sur le plan intellectuel que sur
le plan émotionnel ,
il est nécessaire de renouer avec le fil de la
pensée analogique.
Elle seule permet en effet de mettre en rap
port
des réalités que la logique donne pour inconciliables .
Ce n'est que par le retour à cette pensée que nous avons perdue
que la poé sie surréaliste , par le biais de
la métaphore et de la
comparaison, pourra avoir lieu.
Les page s suivantes du recueil
constituent préc isé ment ce
lieu où le poète visionn aire , réso
lument placé sou s
le "signe asce ndant " de 1 'analogie , défait
les liens que la logique a tissés .
S'il nous livre une image dé
composée du réel , c'est parce que celui-ci est toujours re
composé à travers le prisme archaïque de l'a n alogie.
Écriture et utopie
S
i, par utopie , on entend moins le non-lieu que le bon lieu,
Signe ascendant apparaît tout entier comme traversé par la
dimen sion de l'utopie.
Il y a d'abord le lon g poème , intitul é
Ode à Charles Fourie r, dans lequel Breton s'adresse au célèbre
utopi ste du
XIX e siècle pour constater avec nostalgie qu'aucun
de ses principes n'a pu être appliqué.
Parce que les hommes
n 'ont pas écouté Fourier, aucune politique n'a pu faire dispa
raître l' inju stice
et l' inégalité .
C 'est la même nostalgie qui
habite
Breton quand il prône le retour à l'analogie.
Par ce
qu 'elle seule permet d'établir des liaisons satisfaisantes,
d 'apercevoir, par-delà la loi de la réflexion et les cheminements
de la déduction , le s rapports et les concordances cachées, elle
constitue, au se
ns propre , l'utopie de la pensée.
C'est la poésie
qui, dan s 1 'es pace
restreint du poème , pourra venir réactiver ces
d e
ux utopies afin, se lon l'expression de Breton , de se mettre au
se rvice de la révolution.
La poésie , ou l'utopie du langage
....
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