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ANSELME DE CANTERBURY : Proslogion

Publié le 13/10/2013

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anselme

Mais cette compréhension relève peut-être d'une lecture rapide et superficielle du Proslogion. Une lec­ture plus attentive montre qu'Anselme ne parle jamais d'une chose qui existe seulement dans la pensée ou qui existe aussi dans la réalité. Plus subtilement, il parle de la manière de comprendre qu'une chose existe : soit on pense seulement une chose, on la com­prend comme existant dans l'intelligence seule, soit on la pense en comprenant qu'elle existe dans la réalité. Et pour Anselme, si Dieu est « pensé « à travers le nom qu'il propose, alors il est le seul objet de pensée que je suis obligé de comprendre comme existant aussi dans la réalité. Cet objet de pensée que je nomme < quelque chose tel que rien ne peut être pensé plus grand « est toujours affecté par avance d'un indice de réalité. La force de la preuve anselmienne reposerait donc sur la distinction entre deux manières de penser une chose : la penser comme existant seulement dans l'idée qu'on s'en fait (comme par exemple le tableau que le peintre va réaliser), ou la penser comme existant dans la réa­lité (comme le tableau que le peintre vient d'achever).

anselme

« 18 GRADUS PHILOSOPHIQUE nement d'arguments multiples 1 ».

Anselme écrit alors le Proslogion, croyant avoir trouvé un argument unique, susceptible de prouver que Dieu est et tout ce que Dieu est.

L'argumentation anselmienne du Pros­ logion va d'abord être accueillie et adoptée par une certaine tradition théologique, la tradition franciscaine d'Alexandre de Halès et de saint Bonaventure.

Elle va ensuite devenir dans l'histoire de la philosophie, après Descartes, un lieu traditionnel de la réflexion sur Dieu.

Le texte anselmien lui-même, le Proslogion, sera largement méconnu, il sera résumé du vivant même d'Anselme, et on ne retiendra de cet ouvrage que les chapitres 2 à 4, qui traitent de la preuve de l'existence de Dieu.

Descartes lui-même, dans ses Méditations, réinventera une argumentation proche de celle d' An­ selme, en ignorant totalement le texte du Proslogion.

Ainsi l'argumentation anselmienne, profondément méconnue, transformée et déformée, va connaître une fortune immense et engendrer un débat interminable entre les philosophes, qui prendront parti pour ou contre la preuve dite « ontologique ».

On ne peut faire ici l'histoire de ce débat, mais il est important de sou­ ligner qu'il se caractérise d'abord par un oubli ou une grave méconnaissance du texte anselmien, et en conséquence de la pensée d'Anselme.

* * * Dans les premiers chapitres de son premier ouvrage, le Monologion, traitant des preuves de l'existence de Dieu, Anselme reprenait le point de vue essentialiste et comparatiste de la réflexion augustinienne.

Dans le Proslogion au contraire, Anselme met en œuvre une conception nouvelle de la transcendance de Dieu, comme transcendance absolue et non plus compara­ tive.

Cette conception hautement spirituelle et mys- 1.

Proslogion, Préface, trad.

B.

Pautrat, Paris, GF-Flammarion n" 717, 1993, p.

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