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BATOUALA de René Maran

Publié le 16/02/2019

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BATOUALA, premier roman de René Maran (1921). L'un des signes avant-coureurs de la négritude, il intéresse l’histoire de la littérature à la fois par son contenu et par l'entreprise qui le fonde. En tant que roman, l'œuvre, d'une incontestable qualité littéraire, se réclame, pour une part non négligeable, de l'esthétique naturaliste dont elle transcende pourtant les limites par un vigoureux souffle poétique. Témoin de la vie quotidienne dans un village de l'Ouban-gui-Chari, l'auteur nous fait découvrir au jour le jour les joies et les peines de ses habitants et il nous initie à leurs traditions sans jamais tomber dans le péché d'exotisme. Ainsi, pour la première fois (si on excepte les Immémoriaux de Victor Segalen), des « indigènes » ne sont pas regardés comme des bêtes curieuses aux coutumes aberrantes. Pour la première fois aussi, les Blancs cessent d'occuper le devant de la scène et ne font que des apparitions de comparses, saisis à travers le regard malicieux d'un Huron nègre qui ne retient de leur incoercible agitation que les aspects les plus spectaculaires ou les plus dommageables à son repos : la brutalité, l'ivrognerie, la fébrilité sans objet. Mais derrière ces bouffons se profile une réalité coloniale autrement impitoyable, et dont les signes irrécusables sont l'exploitation systématique des autochtones et le mépris le plus total

« pour leurs traditions.

Ici le romancier rejoint le pamphlétaire qui n'hésitait pas à dénoncer au seuil de sa retentissante préface « tout ce que l'administration désigne sous l'euphémisme d'erre­ ments>>.

Toutefois, en couronnant Batouala, le jury du prix Goncourt 1921 fut surtout sensible au charme d'une écriture poétique qui n'a pas trop vieilli.

Ni réquisitoire ni tableau pittoresque, l'œuvre vaut au fond par sa sincérité.

Mais, en transcrivant la chronique de Bamba, Maran, qui n'a fait que « dire simplement ce qui est>>, a conféré du même coup à son récit son caractère éminemment subversif, même si sa critique du système colonial porte moins sur son principe que sur ses applica­ tions :beaucoup plus qu'en faveur d'une négritude encore à naître, René Maran témoigne gravement et solennellement au nom de la Déclaration des droits de l'homme.

En dépit de cette allégeance à la Rêpublique, le roman fut censuré par l'administration coloniale qui en interdit la diffus ion en Afrique et persécuta son auteur.

Batoua/a devint alors le livre de chevet de tous les intellectuels africains et il ouvrit la voie aux témoignages postérieurs de Gide, Guéhenno et Michel Leiris.. »

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