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BAUDELAIRE: Le Spleen de Paris

Publié le 28/02/2011

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Les Petits poèmes en prose ont occupé en partie Baudelaire pendant au moins une dizaine d'années, de 1855, date de parution des deux premières pièces (xxii et xxiii) jusqu'à, sans doute, ses derniers moments de lucidité, en 1866. Le livre, inachevé, puisqu'il devait comporter cent poèmes, ne paraîtra qu'après sa mort, en 1869, après des publications partielles de poèmes dans la presse. On trouvera, dans les « Commentaires «, pp. 209-221, un historique détaillé du livre et, pp. 191-221, un certain nombre de plans qui renseignent utilement sur les étapes de composition de l'œuvre. Malgré la référence à Aloysius Bertrand, dans la lettre à Houssaye (p. 24), le ton et la matière de ces poèmes en prose constituent, comme l'ont remarqué G. Blin et Y. Florenne (p. 231), «quelque chose de nouveau« dans son époque.

baudelaire

« d'une hauteur (Crépuscule du soir, xxii, p.

90; Epilogue, v.

12, p.

186 : «Je suis monté sur la montagne / D'où l'onpeut contempler la ville en son ampleur »), soit qu'il entende monter les rumeurs de la ville (Le mauvais vitrier, ix, p.44 ; A une heure du matin, x, p.

47).

Citons également quelques attitudes de détachement, non directement liéesau thème de la ville, dans Déjà (xxxiv, p.

136) et dans Le port XLI, p.

150). 3.

Les femmes Les femmes sont à double titre l'objet privilégié du Spleen de Paris : tout à la fois métaphore de la ville (cf.

p.

187, «l'énorme catin ») et de l'évasion de celle-ci, elles sont le support de l'ambivalence des sentiments que leur voue lepoète, cette ambivalence est l'un des thèmes principaux. a/ L'évasion Elle est le plus souvent liée à un désir éprouvé pour une femme.

Ainsi, dans L'invitation au voyage (XVIII, p.

73) lacomparaison est-elle explicite : dans Un hémisphère dans une chevelure (xvii, p.

71) elle prend la forme d'unesynecdoque (métonymie de la partie pour le tout) évoquant d'autres métonymies.

Dans Déjà (xxxiv, p.

136) elle n'est quesuggérée par une double métaphore identifiant d'une part la terre et la femme, d'autre part la mer et une autrefemme. b/ L'ambivalence — Amour et soumission Cet amour peut prendre différentes formes : la simple curiosité à l'égard de la « femme mûre » des Fenêtres (xxv, p.139), la froide séduction opérée par la troisième des Veuves (xill, p.

59), la séduction charnelle de la bonne sur letroisième enfant des Vocations (xxxi, p.

128), la «force fascina-trice » des yeux et de la voix de contralto de la «Diablesse » des Tentations (xxi, pp.

87-88), mais il culmine surtout dans un désir de soumission à la femme-déesse :cf.

la « colossale Vénus » (vu, p.

39) dont l'indifférence rappelle la Beauté du sonnet xvn des Fleurs du mal, P«Idole, la souveraine des rêves » de La chambre double (v, p.

34), dont les yeux « dévorent le regard de l'imprudentqui les contemple », ces femmes qui « donne[nt] le désir de mourir lentement sous [leur] regard» (xxxvi, p.

142). — Agressivité Cette relation conflictuelle se retourne souvent contre les femmes, objet de l'agressivité ironique du poète : lesmétaphores les comparent souvent à un animal : cheval (fut-il « de race », xxxix, p.

147), « belle Féline » deL'horloge (xvi, p.

69, mais pour qui connaît Baudelaire cette métaphore animale n'est pas vraiment dévalorisante), àun « monstre polyphage » dans Portraits de maîtresses (xlii, p.

155), monstre de foire dans La femme sauvage et lapetite maîtresse (xi, p.

50), « monstres innocents» de Mademoiselle Bistouri (xLvii, p.

170), «petite follemonstrueuse » de La soupe et les nuages (xliv, p.

161).

La cruauté de la femme est dénoncée dans Les yeux despauvres (xliv, p.

161).

L'adjectif qui lui est le plus souvent attribué est celui d'« hystérique ».

Elle est l'objetd'agression physique dans le dernier récit des Portraits de maîtresse (xlii, p.

151). — Ambivalence Mais la femme est avant tout l'incarnation de l'ambivalence, si chère à Baudelaire (cf.

la célèbre « double postulation[...] vers Dieu [et] vers Satan » comme en témoignent les nombreuses références à la lune, patronne de tantd'héroïnes des Petits poèmes en prose (Les bienfaits de la /une, xxxvu„ p.

143 ; Le désir de peindre, xxxvi, p.

141 ;Les yeux des pauvres, xxvi, p.

103), les innombrables oxymores (alliance de mots contradictoires) qui caractérisentpresque tous la femme ou des métaphores de la femme : « séduisante virago » (p.

88), «joli enfer », « robustecoquette », « infatigable mélancolie » (p.

52), « étoiles noires » (p.

34), « soleil noir » (p.

141), «chère délicieuse etexécrable femme» (p.

159); comme en témoignent aussi les portraits contradictoires de femmes : la quatrièmehéroïne des Portraits de maîtresses, dont la perfection est insupportable ; la belle Dorothée (pp.

98-100), déesse etesclave affranchie à la fois ; la double Benedicta de Laquelle est la vraie ? (xxxviii, p.

145) ; le Cheval de race(xxxix, p.

147), « bien laide » et « délicieuse, pourtant ! ».

Comme pour le Thyrse du poème xxxiL (p.

133), ilconvient de ne pas avoir le « détestable courage » de « diviser », de « séparer » la « double postulation » dont lafemme baudelairienne est l'image. 4.

Le temps et la mort Si l'imagerie populaire identifie les deux figures allégoriques du Temps et de la Mort, il n'en est pas de même pourBaudelaire, pour qui les deux notions semblent opposées : le temps est plutôt, en effet, chez lui, une métaphore dela vie : «la détestable vie» (p.

163), «l'insupportable, l'implacable Vie » (p.

36).

Ce que les deux tableaux de Lachambre double (v, pp.

33-36) mettent en scène, c'est moins l'opposition du rêve et de la réalité que celle d'unemort rêvée et d'une vie cauchemardesque. Face à cette vie, une seule nécessité : « Tuer le temps.

Tuer ce monstre-là, n'est-ce pas l'occupation la plusordinaire et la plus légitime de tout un chacun ? » (Le galant tireur, XLlll, p.

159), « tuer le Temps qui a la vie si. »

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