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BAUDELAIRE: Le Spleen de Paris (Fiche de lecture)

Publié le 22/02/2012

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baudelaire
Les hasardeuses étapes des publications partielles des Petits poèmes en prose du vivant de Baudelaire 41: supra), l'écart existant entre les projets initiaux (pp. 191-205) et l'édition actuelle, enfin l'aveu même de Baudelaire dans sa lettre à Houssaye, p. 23 (« Un petit ouvrage [qui] n'a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement » sont autant d'indices qui incitent à refuser à la suite des poèmes composant le Spleen de Paris une cohérence que Baudelaire réclame avec tant de force — et à bon droit — pour Les Fleurs du mal.
baudelaire

« Vieux saltimbanque (XIV, p.

63), soit qu'il observe le spectacle de la ville d'une certaine distance, le plus souventd'une hauteur (Crépuscule du soir, XXII, p.

90 ; Épilogue, v.

12, p.

186 : « Je suis monté sur la montagne / D'où l'onpeut contempler la ville en son ampleur »), soit qu'il entende monter les rumeurs de la ville (Le mauvais vitrier, IX, p.44 ; A une heure du matin, x, p.

47).

Citons également quelques attitudes de détachement, non directement liéesau thème de la ville, dans Déjà (XXIVe, p.

136) et dans Le port (XLI, p.

150). 3.

Les femmes Les femmes sont à double titre l'objet privilégié du Spleen de Paris : tout à la fois métaphore de la ville (cf.

p.

187, «l'énorme catin ») et de l'évasion de celle-ci, elles sont le support de l'ambivalence des sentiments que leur voue lepoète, cette ambivalence est l'un des thèmes principaux. a/ L'évasionElle est le plus souvent liée à un désir éprouvé pour une femme.

Ainsi, dans L'invitation au voyage (XVIII, p.

73) lacomparaison est-elle explicite : dans Un hémisphère dans une chevelure (XVII, p.

71) elle prend la forme d'unesynecdoque(métonymie de la partie pour le tout) évoquant d'autres métonymies.

Dans Déjà (XXXIV, p.

136) elle n'est quesuggérée par une double métaphore identifiant d'une part la terre et la femme, d'autre part la mer et une autrefemme. b/ L'ambivalence — Amour et soumissionCet amour peut prendre différentes formes : la simple curiosité à l'égard de la « femme mûre.» des Fenêtres (xxv, p.139), la froide séduction opérée par la troisième des Veuvesp.

59), la séduction charnelle de la bonne sur le troisième enfant des Vocations (XXXI, p.

128), la « forcefascinatrice » des yeux et de la voix de contralto de la « Diablesse » des Tentations (xxi, pp.

87-88), mais il culminesurtout dans un désir de soumission à la femme-déesse : la « colossale Vénus » (vii, p.

39) dont l'indifférencerappelle la Beauté du sonnet xvii des Fleurs du mal, I'« Idole, la souveraine des rêves » de La chambre double (v, p.34), ,dont les yeux « dévorent le regard de l'imprudent qui les contemple », ces femmes qui « donne[nt] le désir demourir lentement sous [leur] regard » (xxxvi, p.

142). — AgressivitéCette relation conflictuelle se retourne souvent contre les femmes, objet de l'agressivité ironique du poète : lesmétaphores les comparent souvent à un animal : cheval (fût-il « de race », XXXIX, p.

147), « belle Féline » deL'horloge (xvi, p.

69, mais pour qui connaît Baudelaire cette métaphore animale n'est pas vraiment dévalorisante), àun « monstre polyphage » dans Portraits de maîtresses (XLII, p.

155), monstre de foire dans La femme sauvage etla petite maîtresse (xi, p.

50), « monstres innocents » de Mademoiselle Bistouri (XLVII, p.

170), « petite follemonstrueuse » de La soupe et les nuages (XLIV, p.

161).

La cruauté de la femme est dénoncée dans Les yeux despauvres (XLIV, p.

161).

L'adjectif qui lui est le plus souvent attribué est celui d'« hystérique ».

Elle est l'objetd'agression physique dans .le dernier récit des Portraits de maîtresse (XLII, p.

151). — Ambivalence Mais la femme est avant tout l'incarnation de l'ambivalence, si chère à Baudelaire (cf.

la célèbre « double postulation (...) vers Dieu [et] vers Satan » comme en témoignent les nombreuses références à la lune,patronne de tant d'héroïnes des Petits poèmes en prose (Les bienfaits de la lune, xxxvii, p.

143 ; Le désir de peindre, xxxvi, p.

141 ; Les yeux des pauvres, xxvi, p.

103), les innombrables oxymores (alliance de mors contradictoire) qui caractérisent presque tous la femme ou des métaphores de la femme : « séduisante virago» (p.

88), « joli enfer », « robuste coquette », « infatigable mélancolie » (p.

52), « étoiles noires » (p.

34), «soleil noir » (p.

141), « chère délicieuse et exécrable femme » (p.

159) ; comme en témoignent aussi lesportraits contradictoires de femmes : la quatrième héroïne des Portraits de maîtresses, dont la perfection est insupportable ; la belle Dorothée (pp.

98-100), déesse et esclave affranchie à la fois ; la double Benedicta de Laquelle est la vraie (xxxviii, p.

145) ; le Cheval de race (XXXIX, p.

147), « bien laide » et « délicieuse, pourtant ! ».

Comme pour le Thyrse du poème xxxii (p.

133), il convient de ne pas avoir le « détestable courage » de « diviser », de « séparer » la « double postulation » dont la femme baudelairienne est l'image. 4.

Le temps et la mort Si l'imagerie populaire identifie les deux figures allégoriques du Temps et de la Mort, n'en est pas de même pourBaudelaire, pour qui les deux notions semblent opposées : le temps est plutôt, en effet, chez lui, unemétaphore de la vie : « la détestable vie » (p.

163), « l'insupportable, l'implacable Vie » (p.

36).

Ce que lesdeux tableaux de La chambre double (v, pp.

33-36) mettent en scène, c'est moins l'opposition du rêve et de la réalité que celle d'une mort rêvée et d'une vie cauchemardesque.. »

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