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BÉLÉMIR BOURGES: Le Crépuscule des dieux.

Publié le 23/10/2012

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BÉLÉMIR BOURGES: Le Crépuscule des dieux. Obligé de s'exiler de Prusse où la guerre vient d'être déclarée, Charles d'Este, duc de Blankenbourg, ainsi que sa famille, sa maîtresse, la chanteuse Giulia Belcredi, et sa cour se réfugient à Paris. Là, cette famille jouit des faveurs du monde parisien et étale sa magnificence, Charles d'Este faisant chaque jour davantage figure de fou et d'esthète. Mais bientôt, la famille dégénère et un « crépuscule des dieux « perce, maintenant plus dramatique, dans cette vie de fastes où alternent la folie des uns et la mort des autres. En effet, après l'étrange mort de Claribel, la dernière fille du duc, les actions de chacun de ses enfants provoquent la chute de la famille. Tout d'abord le suicide de Hans Ulric, résultat d'un amour incestueux et réciproque éprouvé à l'égard de sa soeur Christiane ; ensuite, les folies d'Otto, le mariage de Franz et le jeu, enfin la tentative d'assassinat du duc par Otto et sa maîtresse, la Belcredi. Le duc quitte alors Paris et voyage à travers l'Europe pour se fixer, finalement, à Genève. En 1876, il assiste à la représentation du Crépuscule des dieux de Richard Wagner et, de retour chez lui, après avoir repensé ces dix dernières années et avoir constaté la fin d'un monde, Charles d'Este s'éteint. Pour une décadence je Crépuscule des dieux paraît la même j année qu'A rebours de Huysmans, et il semble intéressant de constater que chacun de ces deux textes dresse, de façon différente, une sorte de manifeste de la décadence. Sur un mode beaucoup plus romanesque qu'A rebours, Élémir Bourges dépeint la folie de Charles d'Este, tout comme Huysmans ce...

« Élémir Bourges propose dans son récit des héros démesurés , témoignage de la dissolution d'une race, et son héros, Charles d'Este, semble s'être trompé de trois siècles tant en lui s'inscrivent les figures de Saint­ Simon et des dramaturges élisabéthains.

Hans Ulric et Christiane, le couple incestueux EXTRAITS Les d ieux Les cuivres partirent, entonnant le fameux chœur des Pèlerins .

Il décrut, s'enfonça au lointain, et de mornes bouffées de sons, où l'hymne flottait en vagues soupirs, s' épan­ daient comme la mélancolie d'un crépus­ cule.

Voici venir la nuit, une nuit de magie et d'enchantement, la nuit du Venusberg, le mont où la déesse retient captif le chevalier.

On entendit un chant d'amour, puis la Bacchanale éclata ; toutes les voix de l'or­ chestre tonnèrent, et ce fracas passait comme le souffle même de la Grotte de beauté, comme la trombe harmonieuse où était emporté, dans une éternelle tempête d'amour, l'inquiet chevalier, Tannhiiuser.

Et, si blasé que fût le Duc, quoiqu'il crût indigne de lui de se laisser toucher par les pensées d'un autre homme, un peu d'orgueil lui haussa le cœur .

Il pro­ mena ses yeux avec fierté sur la multitude qui l'en­ tourait, sur ses enfants jeunes et beaux qui se ser­ raient à ses côtés, sur cette noblesse fidèle, dont les ancêtres servaient les siens .

Gardé par ses soldats, ac­ clamé par son peuple, il était bien le fils d'une fa­ mille de dieux, le chef des derniers de ces Guelfes, aussi puissants jadis que les Habsbourg, aussi nobles que les Bourbons.

Cette longue suite d'aïeux lui revint, d'un seul coup , en mémoire :son grand-père, le duc fameux par son manifeste contre la France, Othon, le vaincu de Bouvines, l'empereur Henri le Lion, dépossédé, mis au ban de l'Empire, et Witikind enfin, l'ancêtre fabuleux, le plus grand des Saxons.

Il oublia le bruit, la fête, cette magnificence qui l'en­ tourait, et le regard perdu, s'abîmait en ses pensées .

Les derniers accords reten­ tirent, et l'applaudissement fut général, dès que le Duc en eut donné le signal .

Wagnérisme et décade nce Au milieu du profond si­ lence, une marche solen­ nelle se déroulait, la marche de la mort des Dieux, car le héros Siegfried venait d'être tué, et tous les Dieux mou­ raient de cette mort.

Et le Duc écoutait, stupéfait, cette lamentation funèbre, qui l'étonnait par une horreur et une majesté surhumaines.ll lui semblait qu'elle menait le deuil de tout ce qu'il avait connu et aimé, le deuil de ses enfants, le deuil de lui-même, et le deuil des Rois , dont il voyait l'agonie en quelque sorte, et le crépuscule de ces dieux.

Et jusqu'au dernier accord de la pièce, Charles d'Este demeura dans ses ré­ flexions.

Wagner parut sur le théâtre, ap­ pelé par les cris de l'assemblée entière ; ses yeux d'aigle étincelaient, toute sa face tour­ mentée, et comme pétrie de génie, était blême d'émotion.

Il disparut, après avoir parlé, et le Duc se hâtant de sortir gagna aussitôt sa voiture, qui le tira heureusement de la foule, de sorte qu'il ne mit pas un quart d'heure, par les rues désertes de Bayreuth, pour rentrer chez lui.

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