Belle du Seigneur de Cohen
Publié le 05/04/2013
Extrait du document
«
« Dans le haut cavalier aux noirs cheveux ( ...
), au visage net et lisse, sombre diamant, elle reconnut celui que son mari lui avait, en chuchotant, montré de
loin, à la réception
brésilienne.
»
EXTRAITS
Solal prononce devant Ariane
un réquisitoire contre la séduction
Regardez le babouin dans sa cage , regarde z
le qui fait de la virilité pour plaire à sa ba
bouine, regardez-le qui
se tape
de grands coups
sur la poitrine (.
..
) .
Ensuite, il secoue les
barreaux
de la cage et la
babouine fondue et char
mée trouve que c'est un
fort, un affirmatif, qu'il a
du caractère, qu'on peut
compter sur lui.
Et plus
il secoue les barreaux et
plus elle sent qu'il a une
belle âme, qu'il
est
propre moralement , che~
valeresque, loyal, un ba
bouin d'honneur.
Bref,
/'intuition féminine .
Alors,
la babouine émer
veillées' approche en
re
muant le derrière , elles
tiennent toutes, même les
vertueuses ,
à beaucoup
le montrer, d'
où jupes
étroites, et elle demande timidement au
babouin , les
yeux chastement baissés :
« Aimez-vous Bach
? »
Mais Cohen est aussi capable
de
chanter l'amour
Sainte stupide litanie, chant merveilleux,
joie des pauvres humains promis
à la mort,
sempiternel duo, immortel duo par
la grâce
duquel la te rre
estfé condé e.
Elle lui disait
et redisait qu'elle
/'aimait , et elle lui de
mandait, connaissant la miraculeuse ré
ponse , lui demandait s'il l'aimait .
Il lui
disait et redisait qu'il l'aimait , et il lui de
mandait, connaissant la mira culeuse ré
ponse, lui demandait si elle l'aimait .
Ainsi
l'amour en ses débuts .
Monotone pour les
autres , pour eux si intéressant .
Pourtant, cet amour se dégrade
peu à peu
par sa répétition
Lorsqu'elle se dirigeait vers lui avec des in
tentions , elle serrait toujours les molaires
comme pour mordre, ce qui faisait saillir les
muscles des joues et déclen chait en lui un
fou rire tant bien que mal maîtrisé .
Inspirée
par Mozart elle tendit ses lèvres
qu'il prit
aussitôt, ravi
d'échapper au spasme de
triste gaieté et feignant comme elle un
vif
plaisir.
Mais elle, elle ne savait pas qu'elle
feignait .
Durant
le baiSer qu'il prolongea
par ce qu 'il ne trouvait rien à lui dire, il
pensait qu'au temps de
Gen è
ve un accompagne
ment musi c al pour bai
sers
n'était pas jugé
né cessaire .
En ce temps
/à, leur amour fournis
sait la musique .
Lors d'une scène de
jalousie rétrospective
Il s'empara de la coupe
de mousse au chocolat,
en lança
le contenu sur
la copulée , en visant mal
exprès pour ne pas l' at
teindre .
Mauvais calcul,
car il était peu habitué
aux jeux du cirque.
Le
coup
porta donc juste
et la mousse au cho co
lat éclaboussa le beau
visage.
Elle resta immo
bile , éprouvant un plai
sir de vengean ce
à laisser couler les
traînées brunes, porta ensuite sa main
à sa
joue, contempla sa main salie.
(.
..
)
«Je suis un ignoble, murmurait-il .
- Tais
toi, ce
n'est pas vrai, tu es mon souffrant »,
disait-elle, et il lui baisait la main, lui
mouillait
la main de ses larmes .
Gallimard, 1968
« Solal et son Ariane, hautes nudités à la proue de leur amour qui cinglait , princes du soleil et de la mer, immortels à la proue, et ils se regardaient sans cesse dans le délire sublime des débuts.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
« A sa parution en 1968, Belle du Seigneur,
roman d' un inconnu pour le grand public,
roman " illuminé de jeunesse" d'un auteur
de soixante-quatorze ans, étonne par sa
richesse les critiques.
Le grand prix du
roman
del' Académie française confirme
l'excellence
du livre.
Son entrée dans la
Pléiade en 1986 en fait désormais un
classique.
» Christel Peyrefitte, préface de
l'édition de la
Pléiade , Gallimard, 1986.
«Ensuite est arrivé ce chef-d 'œuvre absolu
qu 'est pour moi
Belle du Seigneur.
Chef
d'œuvre absolu sur plusieurs plans: plan
social, plan affectif , plan spirituel,
plan physique.
Et par-dessus tout plane
une sorte de grandeur, de tristesse et de
foi
qui est pour moi un mélange unique.
»
Joseph Kessel, Radio suisse romande ,
le 15 décembre 1972.
«Je n'ai jamais lu, dans la littérature
universelle, rien d'aussi précis -
au sein de la
fièvre et de la dérision -sur la
dégradation
du faux amour livré à lui
même.
Le supplice de deux êtres qui sont
rivés l'un à l'autre par une hallucination
du désir et qui ne parviennent plus, ni à se
détacher,
ni à s'aimer véritablement, c'est
à-dire à se vouloir
du bien mutuellement
et se réjouir de vivre ensemble, nous
le
subissons avec eux, jour après jour et
heure par heure.
» Robert Poulet, Rivarol,
le 29 août 1969.
1 Gamm a 2, 3, 4 peintur es de Tam ara de Lem picka: F emml' e11ja1111e.
Paris.
coll.
p rivée: Portrait d'J10111111e au cfwpm11.
Paris.
M usée Nat i on.
»
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