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BOILEAU: Satires (fiche de lecture)

Publié le 17/11/2010

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boileau

«C'est encor pis vingt fois en quittant la maison :

En quelque endroit que j'aille, il faut fendre la presse

D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse

L'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé;

Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé.

Là d'un enterrement la funèbre ordonnance,

D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance ;

Et plus loin des laquais l'un l'autre s'agaçant

Font aboyer les chiens et jurer les passants

Des paveurs en ce lieu me bouchent le passage.«

(Satire IV, 30-39)

boileau

« En quelque endroit que j'aille, il faut fendre la presse D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse L'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé; Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé. Là d'un enterrement la funèbre ordonnance, D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance ; Et plus loin des laquais l'un l'autre s'agaçant Font aboyer les chiens et jurer les passants Des paveurs en ce lieu me bouchent le passage.» (Satire IV, 30-39) Boileau a composé douze satires entre 1665 et 1705, quarante années au cours desquelles son inspiration variera,évoluera ; du pittoresque et de la dénonciation violente des débuts la satire aborde progressivement des thèmes deréflexions plus profonds qui trouveront leur prolongement dans certaines épîtres et dans L'Art poétique.

Première inspiration de la jeunesse, les Satires témoignent déjà, à leur manière, de la conception du monde de Boileau. 2.

UN JEUNE HOMME EN COLÈRE Pour donner du monde l'image juste et harmonieuse qu'il souhaitait, Boileau devait d'abord préparer le terrain, etdétruire ce qui lui semblait mauvais, manière toute cartésienne de «faire table rase» avant de reconstruire.

C'est laportée essentielle de ses satires, qui s'en prennent à des tares de la société qui ne valent pas uniquement par lesvers pittoresques qu'elles inspirent au poète ; elles incarnent avant tout ce contre quoi se développe l'idéalclassique. La verve satirique et les talents de polémiste qui définissent la première manière de Boileau ne sont donc pasgratuits.

Ce sont les armes d'un redresseur de torts, qui s'emploie à dénoncer les dérives de son temps selon unetriple perspective : sociale, esthétique et morale.

Les douze satires, écrites à des époques différentes, peuvent êtrerangées, abstraction faite de la chronologie de leur rédaction, dans trois catégories : — La première, qui répond à la tradition du genre, est la critique sociale : dénonciation des moeurs bourgeoises, del'hypocrisie et de la suffisance dont elles sont empreintes.

C'est l'objet des satires I, III et VI. — La seconde amorce ce qui sera le combat de L'Art poétique: la dénonciation de certaines impostures littéraires, et la défense de positions jugées justes et dignes par Boileau, comme cette défense de Molière dans la satire II: «Rare et fameux Esprit, dont la fertile veine Ignore en écrivant le travail et la peine ; Et qui sait à quel coin se marquent les bons vers.

Dans les combats d'esprit savant maîtred'escrime, Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la rime.

» (Satire II, 1-6) Cet hommage est l'occasion de quelques coups de griffe à l'encontre de certains poètes qui pratiquent leur art sansrigueur et sans exigence : «Un sot en écrivant fait tout avec plaisir: Il n'a point en ses vers l'embarras de choisir Et toujours amoureux de ce qu'il vient d'écrire, Ravi d'étonnement, en soi-même il s'admire.» (Satire II, 87-90) Deux autres satires abordent des questions littéraires, la satire VII, sur le genre satirique, et la satire IX, qui défendles droits de la critique. — La troisième et dernière voie qu'explorent les Satires est la voie de la critique morale.

Boileau s'y révèle avec plus de profondeur, en abordant de grands thèmes philosophiques et religieux.

C'est une conception du monde et del'homme qui se dessine à travers la satire IV sur les folies humaines, la satire V sur la noblesse du coeur, la satireVIII sur l'homme et son orgueil, la satire X sur les femmes, ou la satire XI sur l'honneur. Sans doute peut-on mettre à part, comme un couronnement, la dernière satire, la satire XII, non publiée du vivantde Boileau, une œuvre qui, sous couvert de parler de l'équivoque, résume les préoccupations littéraires et morales. »

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