Devoir de Philosophie

BURITI

Publié le 23/05/2016

Extrait du document

BURITI Sous ce titre a été publié en français le premier volet de la trilogie Corps de ballet [Corpo de Baile, 1956] de l’écrivain brésilien Joâo Guimarâes Rosa (né en 1908) et comprenant trois romans Dao-Lalalâo, le Message du morne, la Fête à Manuelzâo. Rien que l’érosion et l'homme né nommé d’hommes nés. L’Arbre est blanc, et toute la terre est une plaine morte dont le vide se prolonge au loin jusqu’à la mer d’arbres, jusqu’à l’immense plage de dalles noires. Ailleurs, falaises, forêts, rivières, cathédrales flottantes de lianes, vagues de pierre, surgissent, spectrales, comme des formes gravées de signes et inventées par le vent et la pluie. Un soir, l’homme suit une rivière s’enfonçant dans l’obscurité. Il disparaît avec elle dans les cryptes du temps, dans le froid et le silence noir des pierres, en rejaillit, traverse toute la plaine, s’engouffre à nouveau, passe intact au-dessus des gouffres et sous les sommets. Il semble de toute éternité n’avoir connu la mort, ni le nom, et remontant sa propre fable, cherche son origine, cherche à s’appeler, à se fixer, à ordonner le temps, à nommer et à énumérer les choses. Le monde de Guimarâes Rosa est le. monde des chevaux, des bœufs, des chiens de fermes, des vachers des Minas Geraes, des muletiers, des convoyeurs de bestiaux, des sertanejos qui passent leur vie à voyager, des bois et des steppes de la haute plaine centrale du Brésil, le Sertâo, immense terre vierge et dévorée, offerte et interdite, où l’homme-le-ser-tanejo représente un type infra-humain, mi-végétal, mi-animal, où le buriti, palmier géant aux branches tutélaires, joue le rôle de patriarche et finit par avoir une dignité de totem.