Chantecler

« Le Merle ,.---..,-------- EXTRAITS L'hymne au soleil CHANTECLER La Pintade Je ne chante jamais que lorsque mes huit griffes Ont trouvé, sarclant l'herbe et chassant les cailloux, La place où je parviens jusqu'au tuf noir et doux ! Alors , mis en contact avec la bonne terre, Je chante! ...

et c'est déjà la moitié du mystère, Faisane, la moitié du secret de mon chant ...

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) LA FAISANE Chantecler ! CHANTECLER Et ce cri qui monte de la terre, Ce cri, c'est un .fu,rieux et grondant cri d'amour Pour cette chose d'or qui s'appelle le jour.

Et, lorsque monte en moi ce vaste appel au jour J'agrandis tellement toute mon âme pour Qu'étant plus spacieuse elle soit plus sonore Et que le large cri s'y élargisse encore ; Avant de le jeter, c'est si pieusement Que je retiens ce cri dans mon âme, un moment ; Puis, quand, pour l'en chasser enfin, je la contracte, Je suis si convaincu que j'accomplis un acte ; J'ai tellement la foi que mon cocorico Fera crouler la Nuit comme une Jéricho .

LA FAISANE Alors, tout le secret de ton chant ? ...

CHANTECLER C'est que j'ose Avoir peur que sans moi l'Orient se repose! Je ne fais pas : « Cocorico! »pour que l'é c ho Répète un peu moins fort, au loin : « Cocorico ! » Je pense à la lumière et non pas à la gloire.

Chanter c'est ma façon de me battre et de croire, Et si de tous les chants mon chant est le plus fier, C'est que je chante clair afin qu'il fasse clair! Chantecler raille les coqs exotiques CHANTECLER Oui, Coqs affectant des formes incongrues, Coquemars, Cauchemars, Coqs et Coquecigrues, Coiffés de cocotiers supercoquantieux ...

-La .fu,reur comme un Paon me fait parler, Messieurs ! J' allitère ! ...

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) Oui, Coquards cacardés de coquille s, Coquardeaux, Coquebins, Coquelets, Cocodrilles, Au lieu d'être coquets de vos cocoricos, Vous rêviez d'être, ô Coqs! de drôles de cocos! Oui, Mode! pour que d'eux tu t'emberlucoquasses, Coquine ! ils n'ont voulu, ces Coqs, qu'être cocasses ! NOTES DE L'ÉDITEUR Chantecler est « avant tout le drame Chantecler ou le chant du poète du poète, qui doit sauver son chant de ce qui peut l'altérer ou l'étouffer : la mode, le snobisme, la vanité, la jalousie et surtout le manque de foi.

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)Oui, exaltation du sol, de la " bonne terre ", avec lequel le coq se met en contact pour chanter, mais aussi amour du soleil, c'est-à-dire de l'idéal que l'on suscite par sa foi.

» Émile Ripert, Edmond Rostand, sa vie et son œuvre, Hachette, 1968.

Maurice Barrès écrit à Rostand en 1910: «A mon avis, vous n'avez rien écrit qui égale Chantecler .

C'est une merveille d'avoir mis sur le théâtre, avec aisance et avec justesse, la poésie de Cambo, tout Après le succès de Cyrano et de L'Aiglon, Rostand avait été sacré poète national.

Chantecler fut davantage exposé à la critique.

La fable fut souvent incomprise, on lui reprocha son didactisme.

Rostand a défini ainsi son œuvre : « Chantecler est le drame de leffort humain aux prises avec la vie.

Le coq, c'est l'homme passionné par son métier, qui a foi dans son œuvre et qui ne se laisse arrêter par rien pour l'accomplir .» un monde de sensations diurnes et nocturnes. »« Chantecler, c'est Rostand.

Rostand n'a pas mieux livré sa pensée, il n'a jamais autant ouvert son cœur que dans cette pièce », écrit quant à lui Marcel Migeo dans son ouvrage sur les Rostand (Stock, 1973) .

l Goldne r I Sipa-lcono 2, 3, 4, 5 peintures de A.

Edel.

L' lllustrarion, Paris, 19 lO ROSTAND 04. »