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CHARLES BAUDELAIRE : Le Spleen de Paris.

Publié le 23/10/2012

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CHARLES BAUDELAIRE : Le Spleen de Paris. « Spleen «, mot d'origine anglaise, connaît une grande vogue au XIXe siècle pour désigner une mélancolie vague sans cause exprimable, un ennui de vivre inhérent à la vie elle-même. Ce recueil, publié de façon posthume en 1869, a longtemps été un projet flou : Poèmes nocturnes, La Lueur et la Fumée, Le Promeneur solitaire ou Le Rôdeur parisien, tous ces autres titres possibles témoignent de son unité d'inspiration. « Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d'amour et d'amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. « Lithographies de Francis Gruber Allégories et réalités Nouvelles en miniature, contes fantastiques en abrégé à la manière d'Edgar Poe, scènes de rue peintes sur le vif, dialogues allégoriques, quand ce ne sont pas de simples rêveries, les cinquante Petits Poèmes en prose, d'après leur premier titre, sont autant de fragments de la « vie moderne «, de reflets de la « fréquentation des villes énormes «, d'éclats du miroir qui, dans les romans, renvoient la réalité : ce sont tout simplement des Fenêtres (selon le titre du poème XXXV) où « vit la vie, rêve la vie, souffre la vie «. Le Fou et la Vénus (VII) montre un bouffon triste, au milieu de la nature qui jouit d'elle- même, de n'être pas aimé et qui aime la Beauté, accoudé au pied d'une Vénus en marbre. A la terrasse d'un café qui vient d'ouvrir, un homme s'irrite de constater que sa maîtresse est loin d'éprouver comme lui de la compassion pour « les yeux des ...
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« > ,----~~~~~~- EXTRAITS L'ÉTRANGER « Qui aimes-tu le mieux, homme énigma­ tique, dis ? ton père, ta mère , ta sœur ou tonfrère? -Je n'ai ni père , ni mère, ni sœur , ni frère.

(.

..

) -L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu.

Eh ! qu 'aimes-tu donc, extraordinaire étranger? - J'aime les nua­ ges ...

les nuages qui passent ...

là- bas ...

là-bas ...

les merveilleux nua­ ges!» LE CHIEN ET LE FLACON «Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou , approche z et venez respirer un excel­ l ent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville .

» Et le chien, en fré­ tillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvr es êtres , le signe correspon­ dant du rire et du sourire, s'approche et po se curieusement son nez humide sur l e fla con débou ché ; puis , reculant soudaine­ m ent avec effroi, il aboie contre moi, en ma­ ni è re de reproch e.

« -Ah ! mis érable chi en , si je vous avais offert un paquet d'excréments , vous l'au­ riez flairé avec délices et peut-être dévoré.

Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemble z au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums d éli cats qui l'exaspèrent , mais des ordures soigneusement choisies.

» LE GALANT TIREUR Comme la voiture traversait le bois, il la fit arrêter dans le voisinage d'un tir, disant qu 'il lui serait agréable de tirer quelques balles pour tuer le Temps .

Tuer ce monstre­ là, n 'est-ce pas l'occupation la plus ordi­ naire et la plus légitime de chacun ? -Et il offrit galamment la main à sa chère, déli­ c ieuse et exécrab le femme, à cette mysté­ rieuse femme à laqu elle il doit tant de plaisirs, tant de douleurs, et peut-être aussi une grande partie de son génie.

Plusieurs balles frappèrent loin du but pro­ posé ; l'une d 'elles s'enfonça même dans le plafond ; et comme la charmante créature riait follement, se moquant de la mal­ adresse de son époux, celui- ci se tourna brusquement vers elle, et lui dit : « Observez cette poupée, là-bas, à droite , qui porte le nez e n l'air et qui a la mine si hautaine .

Eh bien ! cher ange, je me fi­ gure que c'est vous » .

Et il ferma les yeux et il lâcha la détente.

La "-...

poupée fut nettement dé capitée.

Alors s'inclinant vers sa chère, sa déli­ cieuse, son exécrable femme, son inévitable ( et impitoyable Muse, et lui baisant respec­ tueusement la main , il ajouta : « Ah ! mon cher ange , combien je vous re m ercie de mon adr esse !» « Elle s'avance, balançant mollement son torse si mince sur ses hanches si larges.

( ...

) Son ombrelle rouge, tami s ant l a lumière, projette sur son visage sombre le fard sanglant de ses renets.

>> NOTES DE L'ÉDITEUR «Quel est celui de nou s qui n'a pas , dans ses jour s d 'ambition, rêvé le miracle d'une pro se poétique , mu sicale sans rythme et sa ns rim e, ass ez souple et assez heurtée pour s'a dapter aux mouvements lyriques de 1 ' âme , aux ondulations de la rêverie, aux so ubresaut s de la conscience ? » Baudelaire, dédicace à Arsène « Peut-il y avoir des poèmes en prose ? Non , il ne peut pas y en avoir , malgré le Télémaque de Fénelon , le s admirables Poèm es en prose de Charles Baudelaire et le Gaspard de la nuit de Louis Bertrand ; car il est impossible d'imaginer une prose, s i parfaite qu'elle soi t, à laquelle on ne puisse , avec un effort surhumain , rien ajou­ ter ou rien retrancher; elle est donc toujours à faire, et par conséquent n 'est jamais la chose faite, le" poïêma ".

» Banville, « La profonde originalité de Charles Baudelaire, c'est, à mon sens, de représen­ ter puissamment et essentiellement l'homme moderne ...

tel que l'ont fait les raffinements d'une civilisation excessive: Hou ssaye.

Petit Traité de poésie française , 1871.

1 Charles Baudelair e par lui-m êm e, dessin,© 1860 1 coll.

Violl et 2, 3, 4, 5 lith.

de Franc is Grube r, é d.

Grenier à sel, 1945 1 'homme moderne avec ses sens aiguisés et vibrants, son esprit douloureusement subtil, so n cerveau saturé de tabac , son sang brûlé d 'alcool ...

» Verlaine, Dictionnaire des auteurs , Laffont-Bompiani.

BAUDELAIRE 02. »

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