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CHATEAUBRIAND: RENE (Fiche de lecture)

Publié le 17/11/2010

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chateaubriand

«Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie !«

Sa soeur Amélie, à laquelle il a confié sa souffrance, accourt auprès de lui. L'intimité retrouvée apporte le bonheur à René, et pourtant :

«Je m'aperçus qu'Amélie perdait le repos et la santé qu'elle commençait à me rendre [...]. En vain je cherchais à découvrir son secret.«

Elle s'enfuit et, par une lettre, informe son frère de son désir d'entrer au couvent. René assiste, la mort dans l'âme, à la cérémonie religieuse et surprend l'aveu d' Amélie :

«Dieu de miséricorde, fais que je ne me relève jamais de cette couche funèbre, et comble de tes biens un frère qui n'a point partagé ma criminelle passion !«

chateaubriand

« Balzac et Baudelaire.

Avec Mme de Staël, qui en a jeté les bases théoriques, Chateaubriand a été le précurseur du mouvement romantique. Ce court récit est né d'un mouvement de la sensibilité contemporaine qui avait préparé sa naissance : pensons àSaint-Preux, le héros du roman de Rousseau, La Nouvelle Héloïse, paru en 1761 ; le roman de l'écrivain allemand Goethe, Les Souffrances du jeune Werther, avait ému les lecteurs européens en 1774.

Et l'on pourrait appliquer à René le jugement de Goethe sur son Werther : «L'histoire particulière de quiconque doué d'un sens inné de liberté se débat au milieu des contraintes socialesd'un monde vieilli [...].

La félicité contrariée, l'action entravée, les désirs insatisfaits ne sont point desinfirmités particulières à un temps mais celles de tout homme.» Ce roman a, en effet, une visée morale.

René parut en 1802 dans la première édition du Génie du christianisme; il illustrait le troisième livre de la deuxième partie, l'analyse du «vague des passions», mal du siècle dont va souffrir lagénération romantique.

Chateaubriand a voulu «dénoncer cette espèce de vice nouveau».

Mais ses lecteurs,délaissant l'aspect édifiant de l'oeuvre, se sont pris de passion pour le personnage ; voulant combattre le mal dusiècle, Chateaubriand lui donne une forme accomplie et le met à la mode.

En 1805, René est publié dans une édition séparée, précédé d' Atala, autre épisode romanesque qui terminait la troisième partie du Génie du christianisme, et dont le public avait aimé le caractère pathétique et l'exotisme.

Ainsi Chateaubriand isole ses deux «romans pieux» etassure leur succès. Les conditions historiques sont importantes pour saisir la portée de l'oeuvre ; en ce début de siècle, Bonaparte veutunifier la France, construire une société de compromis entre l'Ancien Régime et la Révolution.

Pour cela il fait appel àdes hommes de tous horizons politiques, y compris aux nobles émigrés.

Il pense aussi qu'il faut une religion au peupleet entreprend des négociations avec Rome qui aboutissent à la signature d'un concordat, réconciliant l'Église et laRévolution.

Aussi Le Génie du christianisme paraît-il à point nommé, en avril 1802.

Dans la préface de René, Chateaubriand affirme que «la religion est la seule ressource dans les grands malheurs de la vie.» René se veut ainsil'illustration romanesque de ce principe du Génie du christianisme.

Les récits Atala et René, qui décrivent une passion amoureuse, se terminent par une fin édifiante à la gloire de la religion. 2.

«LEVEZ-VOUS VITE, ORAGES DÉSIRÉS» Dans le prologue d' Atala, sous-titré Les Amours de deux sauvages dans le désert, le personnage de René est déjà présenté : «En 1725, un Français, nommé René, poussé par des passions et des malheurs, arriva à la Louisiane.

Il remontale Meschacebé jusqu'aux Natchez, et demanda à être reçu guerrier de cette nation.» René est alors adopté par Chactas, un vieux sage, qui lui fait à le récit de son amour malheureux pour la belle Atala,convertie au catholicisme. René débute par une phrase de liaison avec le roman précédent.

Le héros est toujours malheureux ; quelle est la cause de son exil ? La clé du récit est un secret qu'il ne veut divulguer ; jusqu'au jour où une lettre rend satristesse si vive qu'il va ouvrir son coeur à Chactas et au père Soue, un missionnaire Les deux vieillards, symbolesdes mentalités des deux continents, l'Amérique et l'Europe, sont les destinataires de ce récit au ton très nouveau : «Il prit donc jour avec eux pour leur raconter, non les aventures de sa vie, puisqu'il n'en avait point éprouvé,mais les sentiments secrets de son âme.» Usant des procédés du conte, René évoque son enfance.

C'est alors une auto-biographie épurée que nous livreChateaubriand, où l'on retrouve Combourg, le personnage du père et, sous les traits d'Amélie, la soeur Lucile.

Lasolitude, le spectacle de la nature, l'éveil de la sensualité, plongent le héros dans d'interminables rêveries.

La mortdu père le chasse du château.

Le héros choisit de voyager, en Italie et en Grèce, puis dans la moderne Angleterre. De retour dans son pays et toujours tourmenté, René prend le parti de «se retirer dans un faubourg pour y vivretotalement ignoré», puis d'aller jusqu'au bout de la solitude dans «un exil champêtre» qui ne fait qu'aggraver sonennui.

Il aspire alors au «vent de la mort», tentation peu chrétienne du suicide: «Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie !» Sa soeur Amélie, à laquelle il a confié sa souffrance, accourt auprès de lui.

L'intimité retrouvée apporte le bonheur àRené, et pourtant : «Je m'aperçus qu'Amélie perdait le repos et la santé qu'elle commençait à me rendre [...].

En vain je cherchaisà découvrir son secret.» Elle s'enfuit et, par une lettre, informe son frère de son désir d'entrer au couvent.

René assiste, la mort dans l'âme,à la cérémonie religieuse et surprend l'aveu d' Amélie : «Dieu de miséricorde, fais que je ne me relève jamais de cette couche funèbre, et comble de tes biens un frèrequi n'a point partagé ma criminelle passion !». »

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