CHEVALIER AU CYGNE (le) : Fiche de lecture

CHEVALIER AU CYGNE (le). La légende du chevalier conduit par un cygne, popularisée par les œuvres allemandes consacrées à Lohengrin, appartient, en France, au cycle épique de la Croisade (Chanson d'Antioche, Conquête de Jérusalem, Chétifs). Dès la Chanson d'Antioche, au xiie siècle, elle est associée à Godefroi de Bouillon, héros de la première croisade, dont l’aïeul arriva un jour, vêtu de blanc et tiré dans sa barque par un cygne, à Nimègue, d’où il disparut aussi mystérieusement. Au XIIIe siècle, les récits du Chevalier au Cygne, des Enfants-Cygnes, et des Enfances Godefroi ajoutées à l’ensemble comme prologue, donnent une version cohérente des origines du lignage, enrichie d’un conte connu sous diverses formes et compilé par Jean de Haute Seille dans le Dolopathos, expliquant la présence de l’oiseau. La reine Béatrix, après avoir soutenu qu’une femme ne peut avoir de jumeaux sans avoir connu deux hommes, met au monde six garçons et une fille. Calomniée par sa belle-mère, qui a donné l'ordre de noyer la progéniture, elle est emprisonnée. Les enfants, que le serviteur s'est contenté de déposer au bord de la rivière, sont recueillis par un ermite puis, à l’âge de dix ans, reconnus par un forestier grâce à leurs chaînes d’argent, dons d'une fée. Le vol de ces bijoux les transforme en cygnes, à l’exception d’un garçon, Elyas, qui, quinze ans plus tard, sauve sa mère du bûcher et révèle la vérité. L’orfèvre à qui on a confié les chaînes les rend, et tous redeviennent humains, sauf un frère d’Elyas. Après le châtiment de la belle-mère, Elyas, sur l’injonction d’un ange, monte dans une nacelle tirée par son frère et disparaît. On le retrouvera à Nimègue avec cet équipage, où il délivre la duchesse de Bouillon du duc de Saxe, en épouse la fille, Béatrix, et lui fait jurer de ne jamais poser de question sur son nom et ses origines. Le pacte est rompu sept ans plus tard, le cygne se manifeste à nouveau, et emmène le chevalier qui a laissé à sa femme une fille, dont naîtra Godefroi, et trois talismans fonctionnels : une épée, un anneau et un cor d’ivoire. Ce récit, dont le thème central est l’arrivée d’un inconnu sur une barque remorquée par un cygne, attesté dès le Xe siècle chez les Anglo-Saxons,