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Chronique des Pasquier

Publié le 06/04/2013

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Georges Duhamel (1884-1966) fut d'abord médecin avant de se consacrer à la littérature. Il prit part au début du siècle, avec Charles Vildrac et Jules Romains notamment, au «groupe de l' Abbaye «, expérience de vie comprnnautaire entre artistes dans l'abbaye de Créteil. Cette expérience est évoquée dans Le Désert de Bièvres (1937).
 

« EXTRAITS -------- Laurent confie à son ami d'enfance, Justin, à la fois son désarroi et ses raisons d'espérer JUSTIN.

-Sais-tu que c'est effrayant! LAURENT.

- Le plus extraordinaire, c'est que je devrais être désespéré, après ce que je viens de te dire.

Pourtant, c'est tout le contraire.

Je n'ai aucune raison d'es poir, et je suis plein , absolument plein d'espoir.

Comment arranges-tu ça ? Il y a des matins où je sors de la maison et l'espoir m'étouffe, m'étrangle, me rendfou.

J'ai envie de rire et de chanter, de m'envoler par-dessus le mur.

Etje ne crois plus en rien! Avoue que tout cela est vraiment incohérent.

Regarde Vankemmef ! Un catholique pratiquant, conva incu, j'ajoute même irréprochable.

Connais-tu rien de plus triste que Vankemmef? Il croit à l'éternité.

Il est sûr de l'é ternité.

Je le plains car ce sera une étern ité à la Vankemmef, tout à fait sau­ mâtre.

Vankemmef a mieux que de l'espoir.

Il a une certitude et je dirais même une certitude absolue.

Moi qui n'ais aucune certitude, je suis beaucoup plus ...

joyeux que Van­ kemmef Ce doit · être une question de sécrétions in­ ternes.

Vue de la Terre promi se, Mercure de France , 1934 Désiré et Laurent Laurent, après la désillusion consécutive à l'échec de la tentative de vie communautaire du Désert, tente de tirer les leçons de l'expérience Mes idées commença ient de se décanter, de se clarifier.

Nous avons tâché de vivre ensemb l e, entre amis, et nous y avons trouvé les plus grands déboires.

Au fond, nous ne nous connaiss ions pas et nulle règle supé­ rieure ne nous per metta it de « nous voir en Dieu », comme dit -un philosophe.

Nous nous sommes vus tels que nous étions, avec amer­ tume, et nous en avons souffert.

On ne choi­ sit pas sa famille -et c'est bien regrettable.

Je commence à comprendr e qu'on ne choi­ sit pas non plus ses amis .

On les a reçus , on les garde , on les porte, on les subit, et c'es t co mme ce la.

Pour ma consolation , je crois que l'on ch oisit ses maîtres.

Je suis sûr que l'on peut et que l'o n doit choisir ses maîtres.

L es Maîtres , Mercure de France , 1937 « On découvrait( . ..

) les cabines des aiguilleurs, les rotondes compa­ rables ( ...

) tantôt à des temples charbonneux où des ouvrier s ado­ raient des locomotives divines, tantôt à des écuries dont on tirait , d'heure en heure, un cheval d'acier.

» NOTES DE L'ÉDITEUR Les dix volumes de la Chronique des Pasquier so nt le fruit de la profonde r éflexio n entreprise par Georges Duhamel s ur l'art romanesque dont il exposa les princip ales conclusions dès 1925 dans son Essai sur le Roman.

Pour lui, « le but s uprême du romancier est de nou s rendre se nsib le l 'âm e humaine , de no us la faire connaître et aimer dans sa gra ndeur comme dans sa mi sère, dans ses victoires et dans ses défaite s».

S 'il faut avoir recours au réel , p ar une peinture souve nt minutieuse , brut ale ou crue, c'est dans l'unique dessein de« faire sourdre l'âme»:« Qui étudi e l 'âme humain e étudie tout, puisque les c hoses prennent leur sens et leur existence réelle après leur entrée dans notre co nnaissance.

» Aus si, Duhamel, qui fut lui-m ême médecin avant de se consacrer à la litt érature, comparait-il le trav a il du romancier à celui du chirurgie n qui , « avec l e bistouri, divise rapidement la pe au et les tissus pour atteindre la cause secrète des troubles » .

Pour ce faire, « seule compte , se ule existe la connaissance réelle, profonde , intime que l'on gag ne par une longue et étroite communion avec les h ommes et avec les choses ».

Le devoir du romancier est donc de té moi gner dev ant l'avenir pour son époque: « Si le passé a pparti ent a ux histori en s, le s romanciers sont, avant tout , le s ouvriers du pré sent.

» Georges Duhamel, Essai sur le roman, Éd itions Marcelle Lesage, Pari s, 1925.

1 Roger- Violl et 2.

3.

4 bois en coul eur s de Brayer.

Guillol Édite ur .

Pa ris.

1948- 1954 / B.N .

DUHAMEL02. »

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