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Cinq-Mars de ALFRED DE VIGNY (résumé)

Publié le 12/11/2018

Extrait du document

vigny

Cinq-Mars

 

Sous la double influence du roman noir de langue anglaise (Lewis, Ann Radcliffe, Maturin) et du roman historique de Walter Scott, tous deux fort en vogue en France à partir de 1820, Cinq-Mars, publié en 1826, reçut un accueil des plus chaleureux du public contemporain, avide de cette alliance si romanesque de l’histoire de France, avec laquelle l’auteur prit certaines libertés, et d’un onirisme troublant et mystérieux qui invite encore et toujours à la lecture.

D’une époque, Cinq-Mars offre l’attachante peinture, par-delà toutes les invraisemblances historiques qui permettent, par exemple, à Descartes, Grotius, Milton, Corneille et Molière de confronter leurs idées en matière d’art et leurs vues sur le monde chez la fourbe mais accueillante Marion de Lorme. En cette fin de demi-siècle, la France souffre de la faiblesse de caractère presque maladive, du « néant » d'être de son roi. Incapable de gouverner le pays, Louis XIII encourage, quoi qu’il en ait et malgré de pauvres sursauts de fermeté, la puissance de son Premier ministre, dont Vigny reconnaît le génie politique moderne, mais à qui manquent « l’élévation native de l’âme et la sensibilité généreuse du cœur ». Le portrait de Richelieu, dont la « bouche presque sans lèvres » indique « la méchanceté », selon les lois de la physiognomonie de Lavater, se précise à travers l’image de ses serviteurs, tel Laubardemont, « espèce d’oiseau de proie que le Cardinal envoyait toujours quand sa vengeance voulait un agent sûr et prompt ». Le monde de Richelieu est celui de la trahison : les deux plus fidèles hommes de main du Premier ministre, Laubardemont et le père Joseph, aspirent secrètement à leur ruine réciproque; le père Joseph, manipulé par Richelieu, tente même de s’allier à Cinq-Mars contre le Cardinal. Cette description se prolonge par l’évocation d’un monde souterrain où songes prémonitoires, cauchemars et folie, accusations de sorcellerie jalonnent un univers politique où le pouvoir, celui de Richelieu comme celui de Cinq-Mars, s’exerce à travers toutes les formes du mensonge, de l’espionnage, de la conjuration et des crimes perpétrés dans l’ombre.

Dans ce monde privé de lumière, où dominent les « méprises » et la « confusion », l’entreprise du jeune

vigny

« Cinq-Mars, qui tente de restituer à la noblesse ses droits perdus, est d'emblée vouée à l'échec.

Le noble, ici, n'est pas encore un paria, mais la société déjà l'engage dans une existence au dénouement inévitablement tragique.

Au fil des vingt-six chapitres, qui isolent de longues scènes où les personnages sont saisis en acte et à travers des dialogues très denses, Je lecteur assiste à la lente évolution d'un personnage qui accepte le sort que lui assigne de naissance la société.

Victime d'une« sensibi­ lité maladive des organes» et d'une «perpétuelle agita­ tion du cœur», abandonné surtout par la femme qu'il aime et dont 1' amour fonde ses actions, il se donne sciemment à la mort.

Cinq-Mars, en véritable héros de Vigny, finit par vouloir le destin qui lui était réservé et consent à « se perdre en connaissance de cause».

En cela il s'oppose à Richelieu, à qui Vigny, certes, repro­ che d'avoir engagé la noblesse dans un processus d' affai­ blissement dont elle ne se relèvera plus, mais aussi de ne pas être à la hauteur de ses ambitions, de manquer le grandiose du génie.

L'œuvre, telle qu'on peut l'aborder aujourd'hui, dépasse donc le premier projet de Vigny («un traité sur la chute de la féodalité >>)pour se lire comme un véritable roman dégageant les rapports de l'homme et du monde.

De même que Cinq-Mars concentre en lui le drame de son époque et épouse ainsi l'histoire de France, de même les personnages secondaires épousent l'histoire de Cinq­ Mars et reviennent périodiquement dans le roman, à la fois comme d'utiles instances narratives et comme des compagnons symboliques :Jacques de Laubardemont vit son tragique destin, qui, inséparable d'une haine absolue du monde et de lui-même, le conduit à la mort; Gondi, brave et sympathique aventurier, voit sa préparation minutieuse de l'évasion de Cinq-Mars se heurter à une absurde fin de non-recevoir de la part du condamné; l'abbé Quillet, ancien précepteur de Cinq-Mars, retrouvé à Loudun, puis à Paris, témoin des moments capitaux de la vie de son élève, l'assiste, lui aussi impuissant, dans ses derniers instants.

«I l n'y a pas de livre que j'aie plus longtemps et plus sérieusement médité>>, dit Vigny en 1837 dans le Jouma.l d'un poète.

Mais, malgré l'importance que l'au­ teur lui accordait, Cinq-Mars fut le premier et le dernier roman historique de Vigny.

Les critiques dénonçant l'in­ vraisemblance objective et la réalité historique déformée finirent par convaincre l'écrivain.

Le roman ne peut échapper à ces questions, au xq uelle s se mesureront, cha­ cun à sa manière, Balzac et Stendhal trois et quatre ans plus tard.

La présence simultanée de la littérature et de l'histoire, de la fiction et du réel, dans une œuvre roma­ nesque correspond à une ambiguïté que Vigny ne lèvera jamais : « si je n'ai pas écrit un second roman historique, c'est parce que j'ai reconnu qu'il est vulnérable par un point, le vrai réel des faits» (Journal d'un poète, 1859).

[Voir aussi ROMAN HISTORIQUE].

Synopsis .-Juin 1639.

en Tourai ne.

Autour de la maré­ chale d'Effiat.

une assemblée de vieux nobles se plaint amèrement de la politique de Richelieu.

qui détruit avec « acharnement » les « grandes maisons ».

Avant de partir rejoindre Louis Xlii au siège de Perpign an .

Cinq-Mars.

le fils de la maréchale.

est témoin de l'arrestation du maréchal de Bassompierre.

qui refuse de s'enfuir.

et fait ses adieux à Marie de Gonzague.

duchesse de Mantoue (chap.

1).

Cinq jours plus tard.

à Loudun.

Cinq-Mars assiste au procès inique du prêtre Urbain Grandier.

mené par M.

de Laubardemont.

au service du Cardinal.

et dont la nièce.

supérieure de la ville.

prend la défense de l'accusé.

Le prêtre est torturé puis brOié vif devant le peuple en colère et Cinq-Mars.

qui tente de le délivrer (cha p.

11 à v).

Le jeune homme quitte Loudun pour Narbonne.

où il fait la connais­ sance de Richelieu.

entouré de ses courtisans et de ses espions et assisté de son âme damnée, le père Joseph.

Un message provoque le départ soudain de Richelieu pour Perpignan.

où l'attend le roi.

aux prises avec l'armée espa- 2612 gnole (chap.

v1 et vu).

A Perpignan.

le jeune abbé de Gondi provoque en duel M.

de Launay.

un homme du Cardinal; il demande à Cinq-Mars et à son ami de Thou d'être ses témoins.

Louis Xlii.

dont Vigny souligne l'« air un peu égaré"· reçoit froidement Richelieu.

Mais celui -ci recon­ quiert facilement le roi en le trompant sur le sort de sa mère exilée.

Marie de Médicis (chap.

vm).

Après la victoire de Gondi sur M.

de Launay.

la bataille éclate: Cinq-Mars et quelques compagnons pénètrent dans le bastion espagnol et font prisonniers deux officiers (chap.

1x).

Le jeune homme.

après avoir reçu les félicitations du roi (chap.

x).

sauve de la pendaison les deux Espagno�s et s'attire la jalousie de Richelieu.

Louis Xlii la is se au Cardinal le soin de soutenir le siège et part pour Paris avec Cinq-Mars (chap.

Xl).

Alors que Richelieu médite avec • une terreur singulière et inconnue» sur son destin et sur le «pouvoir sans bornes qui rend la créature coupable envers la créa­ ture •.

on arrête une femme qui venait le tuer : Laubarde­ mont reconnaît en elle sa nièce.

l'ancienne supérieure de Loudun (chap.

Xli).

L'un des Espagnols prisonniers.

qui avoue être le propre fils de Laubardemont.

Jacques.

crie sa haine pour son père et pour les hommes en général.

avant de s'enfuir (chap.

Xlii).

Deux ans plus tard.

à Paris.

Les victoires remportées par le Cardinal-Premier ministre ont grandi sa puissance.

mais l'émeute soulève le peuple mécontent.

Gaston d'Orléans.

frère du roi.

promet de combattre Richelieu (chap.

XIV).

Marie avoue à la reine qu'elle est fiancée à Cinq-Mars (chap.

xv).

Le jeune homme.

dont la conduite inquiète ses amis et particulièrement de Thou.

arrive au Louvre sous les acclamations du peuple (chap.

XVI).

Dans les appartements de la reine.

la conspiration s'organise.

mais l'idée d'une alliance avec l'Espagne indigne Anne d'Autriche (chap.

XVII).

Cinq-Mars.

qui agit pour l'amour de Marie.

confie à de Thou son projet de signer le traité avec l'Espagne.

si les circons­ tances l'exigent (chap.

xvm).

Lors d'une partie de chasse à Chambord.

Cinq-Mars adjure Louis Xlii de se débarrasser de Richelieu.

Apprenant la trahison du roi.

qui part pour Perpignan avec Richelieu.

il décide de conclure le fameux traité (chap.

XIx).

Chez Marion de Lorme.

où sont réunis les écrivains marquants de l'épo­ que.

Cinq-Mars expose ses desseins devant les conjurés enthousiastes.

malgré la présence parmi eux d'un traître (chap.

xx).

Le lendemain.

le père Joseph parvient à surpren­ dre les secrets de Cinq-Mars dans l'église Saint-Eustache.

où le jeune homme avait convié Marie pour l'épouser (chap.

XXI).

Deux mois plus tard.

dans les Pyrénées.

Jac­ ques de Laubardemont.

porteur du traité avec l'Espagne.

parvient.

accompagné par la religieuse de Loudun.

chez le contrebandier Houmain.

Son père le surprend et provoque la mort successive de sa nièce.

devenue folle.

et de son fils (chap.

XXII).

A Saint-Germain.

la reine tente d'éloigner Marie - que le roi de Pologne demande en mariage -de Cinq­ Mars.

dont la réussite semble de plus en plus compromise.

le frère du roi abandonnant la conspiration (chap.

XXIII).

A Perpignan.

Cinq-Mars.

comprenant par une lettre de la reine qu'il a perdu Marie.

décide d'arrêter la conjuration.

A Narbonne.

Richelieu obtient du roi la promesse de faire exécuter Cinq-Mars.

qui vient de lui-même se livrer.

pré­ cédé de peu par de Thou (chap.

XXIV).

Septembre 1642: les deux amis.

prisonniers dans un château près de Lyon.

refusent l'alliance contre Richelieu que leur propose le père Joseph.

Ils rejettent de même l'offre d'évasion que la reine leur fait parvenir.

Laubardemont.

avant d'être lui-même exécuté.

les condamne à mort.

A ses amis.

qui attendent un signe de lui pour provoquer une émeute et le délivrer, Cinq-Mars ne répond pas.

et il marche à l'échafaud (chap.

xxv).

Le même jour.

à Paris.

Marie s'évanouit en apprenant sa mort.

Divers mouvements populaires secouent la capitale.

Le jeune Corneille rencontre Milton sur le Pont-Neuf; le poète anglais évoque la figure d'un "homme qui n'a pas encore paru"· mais dont il devine l'ambition «misérable" : s'emparer, comme Richelieu.

du pouvoir royal.

mais en le prenant.

lui.

au grand jour.

«Il se nomme Cromwell 11 (chap.

XXVI).. »

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