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Cromwell de Victor Hugo (résume et analyse complète)

Publié le 24/10/2018

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Cromwell. Drame en cinq actes et en vers de Victor Hugo (1802-1885), publié à Paris chez Ambroise Dupont en 1827 avec la « Préface ».
Première pièce de Hugo, Cromwell, avec plus de 60 personnages, sans compter les foules, 74 scènes, 6 000 vers, défie, par son immensité, la représentation. Comme chez Walter Scott, les cinq actes (« les Conjurés », « les Espions », « les Fous », « la Sentinelle », « les Ouvriers ») déploient en divers
lieux londoniens un tableau historique où se côtoient les milieux, les caractères, les intérêts.
 
Le drame. - Au faîte de sa puissance. Cromwell va se faire offrir la couronne par le Parlement et la Cité. En fin politique, il prend ses précautions, et, déguisé en sentinelle, découvre une nuit le double complot catholique et puritain monté contre lui. Il attend alors l'heure du sacre pour refuser la dignité suprême en une tirade de 130 vers (« Ah ! remportez ce signe exécrable, odieux ! »). acceptant cependant la transmission héréditaire de son pouvoir, retournant en sa faveur les conjurés et séduisant un peuple admiratif. Maudit comme tyran par un prédicateur, menacé par un fanatique qui sera tué par la foule, il exprime en un dernier hémistiche son rêve : « Quand donc serai-je roi ? »
 
Deux conspirations qui échouent lamentablement (aristocrates partisans des Stuarts, puritains républicains), un pouvoir neuf en quête de légitimité, la tentation cromwellienne du sceptre, la présence massive d’un peuple passif, muet, atomisé faute d'unité organique, et surtout l'importance du grotesque incarné par les quatre fous du lord protecteur chantant la marche au néant du dictateur : tout sert ici à mettre en valeur un géant sublime, génial et sombre. À la fois Caïn et Satan (proche aussi de Napoléon), exhibant faiblesses ou petitesses, condamné à l'échec, il s'impose néanmoins dans sa solitude grandiose.

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« pour dérouler un peu largement tout un homme d'élite, toute une époque de crise>> dit Hugo : c'est avouer par prétérition que la pièce est injouable.

Écrite en septembre 1827 juste après l'ultime achèvement de la pièce, la «Préface>> (en fait une postface) se donne comme un manifeste et entend proposer une esthétique générale du drame.

Redisposant des éléments empruntés à De la littérature (1800) et à *De l'Allemagne de Mme de Staël, au *Génie du christianisme de Chateau­ briand, au Cours de littérature dramati­ que de Schlegel, au Radne et Shakespeare (1823) de Stendhal, et les réinterpré­ tant d'un point de vue libéral (issu de Guizot et du Globe), la s'organise en une partie historique (les trois âges de l'humanité) et une théorie du genre.

La « Préface ».

La théorie des « trois âges ».

L'évolution de la littérature reflète celle de l'humanité : « La poésie se superpose toujours à la société.» Aux temps primitifs, la vie pastorale engendre le lyrisme, cette création spontanée.

Avec les États apparaissent la guerre et ses conséquences littéraires, le poème héroïque et la tragédie des temps antiques.

C'est l'âge de l'épo­ pée.

Le christianisme oppose le corps à l'âme, la terre au ciel.

L'homme éprouve le combat qui se livre en lui entre les tendances résultant de ses deux natures.

De ce combat nart la forme drama­ tique.

C'est l'âge du drame, où «tout vient abou­ tir dans la poésie modeme ».

La théorie du drame.

Le drame doit donc illus­ trer l'idée chrétienne de l'homme, « composé de deux êtres, l'un périssable, l'autre immortel ; l'un chamel, l'autre éthéré ».

-Le mélange des genres.

Dans «l'océan du drame » se mêlent les genres, car les séparer reviendrait à isoler aribitrairement tel ou tel aspect.

« Harmonie des contraires>>, sa poésie traduit le réel, «combinaison toute naturelle de deux types, le sublime et le grotesque».

-L'abandon des unités.

Contre la sclérose du passé, « l'ancien régime littéraire», la critique se focalise essentiellement sur la tragédie.

Acceptant l'unité d'action, « la seule vraie et fondée», mais la définissant comme unité d'ensemble, «loi de perspective du théâtre », Hugo récuse l'unité de lieu, invraisemblable et mortelle pour l'action tra­ gique et le spectacle historique.

L'unité de temps, quant à elle, mutile : « La cage des unités ne ren­ ferme qu'un squelette.» Retournant contre les classiques leur argumentation, Hugo dénonce tout ce qui s'oppose à la raison et au goût.

- La couleur locale.

Contre les conventions restrictives et stérilisantes, le drame déploie en toute liberté les dimensions de l'Histoire.

« Miroir de concentration».

«point d'optique» ne reconnaissant d'autres règles que « les lois géné­ rales de la nature », car «tout ce qui est dans la nature est dans l'art », il élabore une réalité supérieure.

La .couleur locale, cette «sève», imprègne et nourrit l'œuvre entière.

- La liberté dans l'art.

La difficulté : voilà le critère suprême, la clé du domaine de l'art D'où l'exaltation du vers, « libre, franc, loyal », « pre­ nant comme Protée mille formes>>.

Parcours de «toute la gamme poétique », l'écriture du drame « rend chaque mot sacré >>, et « l'idée, trempée dans le vers, prend soudain quelque chose de plus incisif et de plus éclatant C'est le fer qui devient acier».

Le tout et l'infini : poétique de la totalité, le drame exhibe les prestiges du grotesque, infinie diversité du mal, forme multiple des forces souterraines, et exprime le génie, cette >, dont William Shakespeare (1864) approfon­ dira la théorie.

D'un côté « le difforme et l'horrible>>, de l'autre «le comique et le bouffon » : le grotesque exerce une double fonction.

Le contraste per­ met de mieux percevoir la beauté, et il ouvre sur les profondeurs du monde.

Cosmique, « détail d'un grand ensem­ ble qui s'harmonise, non pas avec l'homme, mais avec la création tout entière», le grotesque renvoie aussi au peuple.

Allié au sublime, il est l'ombre mêlée à la lumière.

Apologie du génie poétique, mani­ feste du temps des prophètes et des mages romantiques, la « Préface » célè­ bre la liberté du créateur, inventeur de lois analogues à celles de l'univers.

Grand accordeur, il établit les liens. »

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