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De la vieillesse de Cicéron

Publié le 05/04/2013

Extrait du document

«La faiblesse convient à l'enfance; la fierté à la jeunesse; la gravité à l'âge mûr ; la maturité à la vieillesse : ce sont autant de fruits naturels qu'il faut cueillir avec le temps. Une jeunesse intempérante et débauchée ne transmet à la vieillesse qu'un corps épuisé.« A travers l'apologie qu'il fait de la vieillesse, c'est sa conception de toute la vie humaine que le célèbre orateur latin nous livre dans cet ouvrage.

« EXTRAITS Quand l'orateur devient profe ss eur Quant à/' orateur, je crains qu'il ne faiblisse en vieillissant, car l'éloquence ne demande pas seulement du génie, il lui faut encore des poumons et des forces.

Quelquefois cependant, je ne sais par quel privilège, la voix conserve tout son éclat jusque dans la vieillesse : moi­ même je ne /'ai pas encore per­ due, et vous savez mon âge.

Il y a d'ailleurs quelque chose d'imposant dans la voix calme et grave d'un vieillard, et s'il sait manier la parole, sa diction douce et polie le fait facilement écouter .

Et quand même il ne pourrait obtenir ce succès, il peut au moins instruire Scipion et Laelius.

Quoi de plus ai­ mable qu'un vieillard entouré de jeunes gens empressés et studieux ! Plaisirs des vieillards : la conversation et la table Pour moi j'aime ces repas que prolonge le charme de la conversation ; je les aime non seulement avec les hommes de mon âge, dont il ne reste plus qu'un bien petit nombre, mais avec ceux du vôtre et avec vous : j'ai même une grande obligation à la vieillesse qui m'a donné plus de goût pour la conversation et m'en a ôté pour le boire et le manger.

Si ce­ pendant on trouve quelque charme aux plai­ sirs de la table . ..

je ne comprends pas pourquoi la vieillesse serait privée de cette sorte dejouissances ...

J' aime,je l'avoue ...

ce discours que le roi du festin prononce à la manière de nos pères , le verre en main ; j'aime ...

ces petites coupes qu'on vide goutte à goutte ; le frais en été, en hiver le soleil ou le coin du feu.

Cicéron est lyrique quand il parle de la vigne C'est un plaisir dont je ne peux me rassa­ sier ...

La vigne.faible de sa nature, et qui ramperait sur le sol, si elle n'était soutenue, se sert, pour s'élever, de ses vrilles, comme d'autant de mains, et embrasse tout ce qu 'elle rencontre ; comme elle s'échappe de tous côtés en jets vagabonds et multipliés.

Aussi, au retour du printemps, voit-on sur les ceps épargnés poindre ce qu'on appelle le bourgeon, où bientôt la grappe va se mon­ trer : celle-ci,fécondée par les sucs de la terre et la chaleur du soleil, est d'abord âpre au goût, puis elle s'adoucit en mûrissant et, à /'abri du pampre qui la couvre, elle conserve une douce chaleur, sans avoir à craindre les feux brûlants du soleil.

Mieux vaut croire en l'immortalité Si je me trompe en croyant que les âmes des hommes sont immortelles ,j'ai du plaisir à me tromper, et ne veux pas qu'on m'arrache une erreur qui fait le bonheur de ma vie.

Si , comme le pensent quelques petits philo­ sophes.je ne dois rien sentir après ma mort, je n'ai pas à craindre que ces philosophes, morts comme moi, se moquent de ma crédulité ...

Traduction de V.

Paret et A.

Legouëz, Libraire Hachette, 1893 Page du De Senect11te, Œ11vres complètes de Cicéron.

Venise, 1506 " NOTES DE L'EDITEUR Bien que l'on ne soit pas absolument certain de la date, les historiens estiment que ce dialogue sur la vieillesse a été composé en 44 av.

J .-C.

César venait de mourir et ses vétérans accusaient le célèbre orateur et écrivain de s'être réjoui de la mort de leur général.

Cicéron craignait pour sa v_ie et changeait souvent de domicile, habitant tour à tour l'une de ses nombreuses maisons de campagne .

Dans leur préface à une traduction qui date de 1893, les latinistes V.

Paret et A.

Legouëz voyaient dans ce texte sur la vieillesse (en latin De Senectute) l'un des ouvrages les plus parfaits de Cicéron, « bien supérieur » même à leurs yeux au Dialogue sur l'amitié : « La division en est claire, la marche facile, les développements ingénieux, et quelquefois touchants.

» lis constatent toutefois que son apologie est incomplète, Cicéron ne songeant le plus souvent qu'à la vieillesse de l'homme d'État...

Il n'a pas même nommé les femmes, que d'ailleurs il a également oubliées dans le traité Des Devoirs et dans le Dialogue sur l'amitié.

l bu ste de Cicéron, musée du Capitole , Rome I coll .

R og er-Vi o llet 2, 3, 4 B.N.

CICÉ RO N 04. »

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