Dialogues des carmélites
Publié le 31/03/2013
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Dialogues des carmélites Les Dialogues firent l'objet de plusieurs adaptations. En 1951 , à Zurich, ils furent portés à la scène sous le titre Die Begnadete Angst (L'Angoisse bénie); la pièce, en français, fut montée ensuite au théâtre Hébertot, à Paris, l'année suivante. Après une version lyrique, par Francis Poulenc (1957), l'oeuvre de Bernanos fut adaptée pour le cinéma (1966) par Philippe Agostini et le R. P. Brückberger, qui en avait créé les dialogues en 1948 déjà, à partir de la nouvelle de Gerturd von Le Fort. On trouvait dans les rôles principaux Alida Valli, Pascale Audret, Madeleine Renaud, Jeanne Moreau, Anne Doat, Pierre Brasseur et Georges Wilson.
«
«BLANCHE.Qu'importe, si Dieu me
donne la force.
LA PRIEURE.
-Ce qu'il veut éprouver en vous
n'est pas votre force,
mais votre faiblesse ...
»
.----------- EXTRAITS
La prieure décrit la vie religieuse
LA PRIEURE.
- Quis' aveugle volontairement
sur le prochain, sous prétexte de charité, ne
fait souvent rien autre chose que de briser
le miroir afin
de ne pas se voir dedans.
Car
l'infirmité de notre nature veut que ce soit
d'abord en autrui que nous découvrions nos
propres misères.
Prenez
garde de vous laisser
gagner par je ne sais
quelle bienveillance
niaise qui amollit le
cœur et fausse l'esprit .
(Silence.) Ma fille , les
bonnes gens se deman
dent à quoi nous ser
vons,
et aprè s tout ils
sont bien excusables de
se le demander.
Nous
croyons leur apporter,
grâce à nos aust érités,
la
preuve qu'on peut
parfaitement se passer
de bien des choses
qu ' ils jugent indispen
sables.
Mais pour que
l'exemple fût efficace, il
faudrait encore, après
tout, qu'ils fussent sûrs que ces choses nou s
étaient aussi indispensables qu 'à eux
mêmes ...
Non, ma fille , nous ne sommes pa s
une entreprise de mortification ou des
co nservatoires de vertus, nous sommes des
maisons de prière, la prière seule justifie
notre existence, qui ne croit pas à la prière
ne peut nous tenir que pour des imposteurs
ou des parasites .
Si nous le disions plus
franchement aux impies, nous nous ferions
mieux comprendre.
Ne sont-ils pa s forcés de
reconnaître
que la croyance en Dieu est un
fait universel ? N'est-ce pas une contradic
tion bien étrange
que les hommes puissent
tout ensemble croire en Dieu , et le prier si
peu et si mal ? Ils ne lui font guère que
l'honneur de le craindre.
Si la croyance en
Di eu est universelle, ne faut-il pas qu'il en
soit autant de la prière
?
La nouvelle prieure, plus humaine,
plus raisonnable, tout aussi sainte
Parl ons franc! Une carmélite qui souhaite
le martyre
est aussi mauvaise carmélite que
serait mauvais soldat le militaire qui cher
c
herait la mort avant d 'avoir exécuté les
ordres de son
chef Mais trêve de proverbes
e t de
compa rai sons.
Ma volonté bien réflé
chie est
que cette Communauté continue de
vivre aussi simplement que
par le passé.
Les
couvents ont été épargnés jusqu'à présent ,
rien ne prouve qu'ils ne le soient pas à
l'avenir .
Au surp lus, quoi qu'il arrive, ne
comptons jamais que sur cette espèce de
courage que Di eu dispense au jour le jour,
et comme sou par sou .
C'est ce courage-là
qui nous convient , quis' accorde le mieux à
l'humilit é de notre état.
Encore est-ce peut
être trop
de présomption que de le Lui
demander.
Éditions du Seuil , 1949
« LA PRIEURE .
-•• • mes
filles, nous voilà au
terme,
il ne s'ag it plus
que de mourir.
Dieu
soit béni qui fait du
s upplice que nous
allons s
ubir ensemble
comme le dernier
office de notre
Com munaut é
! »
NOTES DE L'ÉDITEUR
Les Dialogues des carmélites partent d'un
fait réel : l'exécution de seize carmélites de
Compiègne
le 17 juillet 1794 à Paris.
Cet
épisode avait inspiré la romancière Gertrud
von
Le Fort (1876-1971).
C'est elle qui a
créé les personnages de Blanche
et de la
prieure dans sa nouvelle
La Dernière à
l'échafaud (Die Letzte am Schafott) parue
en 1931.
Georges Bernanos en a repris le
canevas dramatique pour l'étoffer de ses propres
angoisses alors
qu'il sentait sa
maladie irréversible .
« On ne le comprendra jamais si on oublie
de le voir comme un de ces artistes, dont il
a écrit qu'ils vivent seulement de leurs
nerfs.
Il sentait les choses, les imbécile s
l'agaçaient autant
qu'ils l'indignaient et il
avait un grand génie naturel du système
nerveux de l'époque .
Il se lançait dans un
monologue comme on fait une charge.
( ...
)
En plus, c'est un vrai catholique, de vieille race
chrétienne, habitué à parler du Bon
D ieu plutôt que du
Seigneur.( ...
) Dans
Dialogues des carmélites, Bernanos mettra
sur les lèvres d'un révolutionnaire de 1789
une phrase devenue fameuse depuis que la
R ésista nce en a fait sa devise :
"Il n'y a pas
de libert é pour un ennemi de la
Liberté.
"
Cette affirmation innocente contenait en
germes tous les crimes et tous les
emprisonnements.
» Roger Nimier,
Le
Grand d'Espagne ,
Gallimard, 1975.
1 Laure Albin -Guillot , D . R.
2, 3, 4 de ssins d'Éli sabet h Péru sset / Edito-Service SA , D.R.
BER NAN OS 04.
»
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