Dramaturgie de Hambourg
Publié le 12/04/2013
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Critique théâtral, Lessing (1729-1781) fut lui-même également dramaturge : il composa notamment Le Jeune Savant (1748), Minna von Bamhelm (1767), Nathan le Sage (1779). La pièce la plus célèbre de Lessing est Emilia Galotti. Écrite en 1772, elle marqua toute la jeune génération de manière si profonde que cette oeuvre se trouve citée dans Les Souffrances du jeune Werther de Goethe.
«
Lessing et ses amis sur la galerie du Baumhaus à Hambourg
EXTRAITS
Dans la quarante-quatrième soirée
de la
Dramaturgie de Hambourg,
Lessing attaque les conventions
artificielles que l'esprit français
s'impose et impose
à ses compatriotes
Hélas! il y a des Allemands qui sont encore
plus Français que les Français.
Pour leur
être agréable,
j'ai ramassé toutes ces
miettes en un tas.
Je connais leur manière
de critiquer.
Toutes ces
petites négligen
ces qui offensent
si
cruellement
leurs délicates
oreilles, ces né
gligences que
l'auteur a eu
tant de peine à
trouver,
qu'il a
semées çà et là
avec tant de
soin,
pour don
ner au dialogue
de la flexibilité,
et pour communiquer au discours un air
d'abandon momentané, ils les relèvent très
spirituellement, les enfilent en chapelet,
et
font semblant d'en rire à étouffer.
Cela
finit par un haussement d'épaules plein
de compassion : « On voit bien disent
ils que ce brave homme ne connaît
pas le
grand monde(.
..
) Racine s'y connaissait
mieux ; mais aussi, Ra cine vivait à la
cour.
»
Et cependant, tout cela ne me troublerait
pas.
(.
..
) Il y a déjà longtemps que je ne
prends
pas la cour pour le meilleur endroit
où
le poète puisse étudier la nature.
Mais si
la
pompe et l 'étiquette transforment les
hommes en machines, c'est le propre du
poète de transformer ces machines en
hommes.(.
..
)
Rien
n'est plus décent et plus digne que la
simple nature.
La grossièreté
et la licence
en sont aussi loin que l'enflure et
le phébus.
Dans la quarante-huitième soirée,
Lessing laisse éclater son admiration
pour Shakespeare
Tout, jusqu'aux plus petites parties, dans
Shakespeare, est taillé suivant les grandes
proportions du drame historique ;
et celui
ci est à la tragédie dans
le goût français à
peu près comme une large fresque est à une
miniature
pour bague.
Qu'est-ce que cette dernière
peut emprun
ter à l'autre, si ce
n'est peut-être une tête,
une seule figure,
tout au plus un petit
groupe, qu'ilfaut ensuite traiter comme un
tout complet
? (.
..
) Si l'on enlève la manche
de
l'habit d'un géant, et qu'on veuille en
tirer
parti pour un nain, il ne faut pas
en faire une manche, mais un habit tout
entier.
Dans cette quarante-huitième soirée,
Lessing réaffirme et déplore l'absence
du théâtre allemand et le mauvais
théâtre français
N'est-ce pas que les Grecs , aux re
présentations de la scène, ressen
taient des impressions si fortes, si
extraordinaires, qu'ils étaient im
patients de les éprouver de nou
veau ;
et que nous, au contraire,
devant notre scène, nous sommes
si
faiblement émus, que nous
croyons le plus souvent y perdre
notre temps et notre argent ?
(.
..
)
Quand je dis nous, notre peuple,
notre scène ;
je n'entends pas seu
lement les Allemands.
Nous autres
Allemands, nous reconnaissons de
bonne foi que nous n'avons pas
encore de théâtre(.
..
), mais même
cette nation qui se vante depuis un
siècle de posséder un théâtre,
et le
meilleur de toute l'Europe -et bien, les
Français
non plus n'ont pas encore de
théâtre!
Konrad Ekhof (1720-1778), l'un des
comédiens allemands
les plus importants
à l'époque de Lessing ;
il dirigea notamment la
troupe de Hambourg
NOTES DE L'ÉDITEUR critique théâtral le projet d'un premier
théâtre national allemand.
(
...
) Il restait
encore tout ou presque tout
à faire pour
réaliser un
" théâtre national ".
Il fallait
renouveler le répertoire, former des acteurs,
éduquer le public, affiner les goûts.
Lessing,
selon son habitude,
s'y consacra de toutes
ses forces.
Il avait le don de voir grand :
qu'il s'agisse d'une polémique privée, du
compte rendu
d'un livre, d'une remarque
philologique, il se référait toujours
à des
critères d'ordre universel.
Aussi cette
expérience de Hambourg intéressa-t-elle, grâce
à lui,
la nation entière.
» Dictionnaire
des œuvres,
Robert Laffont, 1980.
« La Dramaturgie de Lessing est le
meilleur ouvrage de critique dramatique
qu'ait produit le
xvme siècle;
ce qui ne veut pas dire que toutes les idées
y soient justes, ni tous les jugements
impartiaux.» A.
Mézières, Dramatur gie
de Hambourg , introduction, Didier,
1869.
« Il se proposait de soutenir en tant
qu'écrivain et en qualité de conseiller et de
1 Gi raudon / B .N .
2, 3 , 4 dessins tir és de Lessings Lebe n und Werk in Date n und Bild ern , Kurt Wol fe!, ln se l V e rlag, Fran cfo rt, 1967
«Cr itique redouté, polémiste acharné,
théoricien pénétrant des arts et de la
littérature, Lessing a donné au théâtre
allemand ses premiers chefs-d'œuvre,
depuis
l'âge baroque, et on peut le
considérer
à la fois comme le plus grand
écrivain
del" ' Aufklarung" et l'initiateur
du classicisme allemand.
» Dictionnaire
des littératures,
Larousse, 1986.
LESSING 02.
»
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