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Eupalinos ou l'Architecte (1921) de Valéry

Publié le 11/11/2018

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Eupalinos ou l'Architecte (1921)
 
Ce fut d’abord une gageure formelle : il s’agissait d’écrire, pour un monumental album de projets et plans d’architecture, une préface commandée de 115 800 signes, dont les caractères et l’ordonnance étaient déjà rigoureusement déterminés. Valéry adopta la forme élastique du dialogue, jadis illustrée par les Dialogues des morts de Fontenelle. Parsemant sa prose élégante d’allusions érudites et malicieuses aux dialogues platoniciens, Valéry fait dire à Socrate mort, conversant aux Enfers avec son fidèle Phèdre, le contraire de ce que disait Socrate vivant. Phèdre rapporte à Socrate quelques propos d’Eupalinos (nom imaginaire qui figure quelque architecte du miracle grec), pour qui certains édifices « parlent » et d’autres « chantent », et qui a combiné avec les soins les plus exquis

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)EUPALINOS OU L'ARCHI'I'EC'I'E PAUL VALÉRY.

Dialogue, 1921.

Phèdre, l'interlocuteur du dialogue éponyme de Platon, arrive dans le séjour des morts et recherche Socrate pour continuer la conversation jadis co mm encée sur Terre.

Le livre rend compte de cet échange qui porte essentiellement sur Eupalinos, un grand architecte que Phèdre a bien connu et qui lui disait que, s'il existe des constructions muettes, certaines «parlent,.

et d'autres «chantent •.

L'ar­ chitecture a, comme la musique, ceci de particulier qu'elle n'est pas tenue à un rappel précis de la réalité sensible.

Ainsi, alors que la peinture, la sculpture et les autres arts plastiques tournent presque toujours autour d'un thème naturel, objet pris à l'extérieur, l'architecture élève une cforttle pure•, projection de la vie intérieure de l'ar­ tiste.

Elle enveloppe celui qui la reçoit.

Elle cenfertne l'âme dans ses actes et dans les productions de ses actes •.

Sa structure et sa durée ne sont pas celles des êtres, mais celles des forttles et des lois qui ne sont que des «actes de l'esprit •.

En revanche, l'architecture est soumis e à des lois physiques impé­ ratives, à des calculs mathématiques rigoureux, à un objectif social déter- min é et ces conditions l'enracinent dans l'ordre de la connaissance de l'univers.

L'architecte doit donc se re­ trouver soi-même pour rester fidèle à ces exigences et promouvoir sa liberté créatrice qui, seul et pe rttl et d'atteindre à l'œuvre d'art.

Analyse rigoureuse et extase artistique, deux tetttl es théo­ riquement impossibles à joindre abso­ lument.

Mais en mariant l'intelligible et le sensible, le constructeur «met t.

J l'homme au-dessus de sa nature •.

L'ar­ tiste, en de très rares moments, s'en approche comm e d'un cas limite, mer­ veilleuse harrn onie de la raison et de l'art.

• Le livre aux tournures tantôt philo­ sophiques, tantôt poétiques est une suite na ture lle de l'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci* dans laquelle Valéry (1871-1945), déjà, tentait d'unir les méthodes scientifiques et l'art.

ÉomoN: Eupalinos ou l "Architecte, Gallimard, c Poésie •.

1989.

É11JDEa A.

Lazaridès, Valéry.

pour une poétique du dialogue, Presses universitaires de Montréal, 1978.. »

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