Evgueni EVTOUCHENKO : La Troisième Neige

« Evgu eni Evtouchenko.

Photo Si pa Press.

Var/am Chalamov di­ sait d'Evtouchenko qu'il occupait la place de Maïakovski dans le cœur des jeunes d'aujourd'hui.

« Son succès était beaucoup plus grand », car il « était moins scandaleux » et ainsi « attirait à soi plus de cœurs ».

« Evtou­ chenko est venu à la littérature avec un ex­ cellent thème, ajoute ­ t -il : " Les hommes sont meilleurs que ce que l'on pense d'eux.

" Et chacun pense qu'ils sont effectivement meilleurs, puisque Evtouchenko le dit.

» Le livre La « vraie » neige viendra-t-elle ? L a poésie La Troisième Neige est tout entière faite d'un regard- celui d'un « nous » jamais déterminé- et d'une attente- celle de , la , qui reste et qui ne fond pas.

>, ce sont les hommes, suggérés comme une communauté unie avec son cadre familier : la maison , jamais nommée , que seule > rend présente ; la ville, suggérée elle aussi : > en donnent une vue aérienne, > une vue intérieure, > et > la rendent sonore.

Les hommes de la ville attendent la neige , inquiets de ne pas la voir venir: >, répètent­ ils ; la neige tombera par trois fois avant d'être enfin là, .

Et c'est précisément lorsque les hommes , désespérés de la voir rester, tenir sur le sol, s'endorment et ne la regardent plus, que la >, la >, surprenant leur attente , est déjà là.

Evtouchenko, poète de son temps Publié en 1956 , sans doute écrit en 1953 , La Troisième Neige, par sa valeur poétique mais aussi par ses résonances politiques, apporta aussitôt le succès à l'auteur .

La métonymie et l'ellipse, maniées avec art, sont particulièrement propres à rendre sensible la tension dramatique de l'attente , où s'exprime l'inquiétude des hommes tourmentés et impatients de vérité.

L'hermétisme de La Troisième Neige permet plusieurs lectures : l'auteur ne pré­ cise nulle part ce que désigne le >, sujet du poème ; cette caractéristique se retrouve dans toute l'œuvre du poète et dénote un certain humanisme chez cet homme, attiré par l'âme inquiète, contradictoire, avide de changements, impatiente, superficielle des hommes , telle qu 'elle s'éprouve dans leur vie quotidienne.

Mais ce > désigne aussi le peuple russe et soviétique , qui, avec la mort de Staline, vient à peine de sortir de vingt an­ nées de barbarie et de souffrances terribles, et dont l'auteur crie la soif de changement, qui est soif de pureté et de vérité.. »