Exister
Publié le 12/04/2013
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Poète à part, n'appartenant à aucune école, si ce n'est à la lignée de Francis Jammes, lui-même poète inclassable, Jean Follain ne dédaignait cependant pas les cénacles (autour des revues N.R.F., Europe) ni la compagnie des poètes de sa génération. Parmi ses amis, nombreux, on comptait André Dhôtel, Pierre Reverdy, Pierre Mac Orlan, Max Jacob, Guillevic. « Jean Follain, comme les peintures de natures dites mortes, est un peintre de natures vives. « Robert Sabatier, La Poésie du vingtième siècle, tome III, Métamorphoses et modernité, Albin Michel, 1988.
«
NATURES MORTES
Le sel dans la cupule en buis
gardait le secret des cristaux
une sombre robe
et de soleil gorgée
conservait un suc léger
« Hommes et femmes s'en sont allés ...
»
d'avoir frôlé les fleurs
une boucle
d'or avait fait sur la jambe
ailleurs intacte
une sculpture infime,
l'orage grondait
chaque chose pourtant veillait et travaillait
pour sauver son éternité.
NOTES DE L'ÉDITEUR
Jean Follain naît en 1903 , à Canisy,
bourgade de la Manche , cadre de son
enfance et
d'une grande partie de son
œuvre.
Il
s'i nstalle ensuite à Paris comme
avocat, épouse Madeleine Dinès, fille de
Maurice Denis
et elle-même peintre.
En
1951 , Jean Follain quitte le barreau pour
la magistrature.
Il meurt, accidentellement,
en 1971.
«Homme d'humeur et de convivialité» ,
selon les termes de son ami Robert Sabatier,
conciliant un goût pour les mondanités et
1 Edimédia 2, 3, 4 .
5 dess ins de De nise Este b an , éd itio ns G ala nis I B .N.
EXTRAITS ~ ~~~~~ ~-
L'ENFANT DEL' AMOUR
Par la fenêtre donnant sur le labour
on voit briller des ustensiles
de cuivre ardent,
le fagot du bûcher
garde l'infime débris
d'une plume de fauvette
hommes et femmes s'en sont allés
resté seul l'enfant de l'amour
au fichu sur sa maigre poitrine
voit dans la bille d'agate
s'enlacer les couleurs .
VISIONNAIRE
Chacun sent les os de sa tête
dans le village où se nuance
un soir d'alcool baigné
la monstrance 1
rayonne à l'église
alors un être entre en transe
dans une cuisine où s'amoncellent
des faïence et des étains
de la viande et du lapin
dans les cam pagn es d'alentour
chaque épi est gorgé de nuit
et les rongeurs dans les greniers
tremblent de peur en pleine vie.
1 Monstrance : objet d'orfèvrerie ancienne des
tiné à présenter l'hostie consacrée aux fidèles.
Gallimard, 1947
« .•• dans une cuisine où s'amoncellent
des faïences et des étains ..
.
»
un parti pris de réserve face à ses
contemporains, Jean Follain a construit
son œuvre patiemment, alternant dans
une même continuité poétiques recueils
de poèmes et proses poétiques.
Parmi les
premiers , citons, outre
Exister, La Main
chaude
(1933), Transparence du monde
(1943), D 'après tout (1967), et parmi les
seconds,
Pari s (1935), Canisy (1942).
Jean Follain, peintre
« Jean Follain compose en artiste, en
mini aturiste.
( ...
) Il cherche la signification
dan s le détail
juste pour nous offrir un
' 1 .
! •1 1 ' ri
aspect inédit et inattendu de l'univers.
Dès lors, la miniature devient fresque
et nous étonne.
» Robert Sabatier,
op.
cit.
Jean Follain et le mystère du monde
«En peu de mots, il [Jean Follain] évoque
des destins individuels ou collectifs,
les situant dans une éternité devenue
familière.
» Robert Sabatier.
op.
cit.
« La réalité devient mystère et le mystère
chose concrète.
» Robert Sabatier.
op.
cit.
FOLLA IN 02.
»
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