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Fausses Confidences (les) de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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marivaux
Fausses Confidences (les). Comédie en trois actes et en prose de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (1688-1763), créée à Paris par les comé-diens-italiens le 16 mars 1737, et publiée à Paris chez Prault en 1738.
 
Marivaux avait beau, depuis quelques années, respecter la règle d'alternance entre les deux théâtres officiels et subventionnés, c'est sans doute plus qu'un hasard qui lui fait donner, après le Jeu de l'amour et du hasard (1730), les Fausses Confidences à ses chers Italiens, pourtant amoindris par la disparition de Trivelin (Biancolelli) en 1734, et par la grave maladie d'Arlequin (Thomas-sin mourra en 1739 et ne peut jouer qu’un rôle épisodique dans la pièce). Par l'inquiétante maîtrise du valet meneur de jeu, par l'importance de l'argent et des conditions sociales, par l'ambivalence du héros, qui vise un cœur et une fortune, les Fausses Confidences se prêtent sans doute mieux, aujourd'hui, aux réinterprétations scéniques nourries de Sade, de Freud et de Marx que l'impeccable ballet du feu. Cet exceptionnel chef-d'œuvre, la dernière longue pièce de Marivaux, n'obtint pourtant « qu'un très médiocre succès » (cinq maigres représentations sur vingt séances), peut-être, selon un témoin, à cause du jeu des acteurs, mais s'imposa apparemment dès 1738 comme un classique du répertoire des Italiens (113 représentations de 1740 à 1768). Ce fut la première pièce « italienne » reprise dans le répertoire de la Comédie-Française (15 juin 1793).
 
À l'instigation secrète de Dubois son ancien valet, Dorante, soutenu par son onde M. Remy, procureur, postule l'emploi d’intendant d’Ara-minte, riche veuve de financier dont il est épris malgré son manque de fortune. Dubois lui promet la dame et les 50 000 livres de rente, et lui demande de séduire Mlle Marton. M. Remy conseille, lui, à Dorante d’épouser Marton, fille de procureur, moins suivante qu'amie d’Ara-minte, et les « fiance ». Ayant aperçu Dorante, Araminte décide de l’engager, et lui attache Arlequin, mais Mme Armante, sa mère, se promet de le renvoyer, faute d'obtenir son soutien au mariage qu'elle projette entre Araminte et le comte Dorimont. Marton, à qui Dorimont a promis I 000 écus, pousse Dorante à le soutenir. Dorante rapporte à Araminte qu’on veut le faire mentir à propos d’une affaire qui oppose celle-ci à Dorimont, et feint l’embarras devant Dubois ; celui-ci révèle l’amour fou de Dorante à Araminte, qui fait mine, devant Dorante, d’envisager son renvoi, tandis que Dubois dispose ses « batteries » (Acte I).
 
Dorante conseille à Araminte de ne pas craindre un procès avec Dorimont, lui suggère d’éloi-gner Dubois, et refuse devant elle, en invoquant l’amour, un parti de 15 000 livres proposé par M. Remy. Marton s’attribue ce sacrifice, ainsi que le portrait en boîte qu’on vient livrer à Dorante : Araminte s'y découvre en l’ouvrant, tandis que Dubois suscite une dispute avec Arlequin à propos d’un portrait d’Araminte dans l’appartement de Dorante. Pressée de renvoyer son intendant, Araminte décide « de lui tendre un piège » pour le forcer à se déclarer : elle lui dicte une lettre au Comte. Ne sachant ce qu’il faut faire, Dorante souffre sans avouer, mais finit aux pieds d’Araminte, où Marton le surprend, au grand émoi d’Araminte. «Voici l’affaire dans sa crise», conclut Dubois, à qui Araminte n'a rien dit de ses sentiments (Acte II).
 
Dubois décide d’« achever» Araminte « pendant qu’elle est étourdie », se sert de Marton pour faire intercepter une lettre de Dorante, alors que Mme Argante s'agite, se prend de bec avec M. Remy et somme en vain sa fille de renvoyer cet intendant à « la mine doucereuse ». Araminte confirme à Dorante sa décision de le garder, quand Marton vient lire la lettre de Dorante, où il révèle sa passion à un pseudo-ami. Dubois explique à Araminte qu’il a fait subtiliser la lettre pour l’aider à renvoyer Dorante, et se félicite in petto d’être chassé. Persuadée par Dorante de rejeter sur M. Remy le quiproquo de leur amour, Marton le disculpe et se réconcilie avec Araminte, qui accepte de recevoir Dorante :
c’est elle qui avoue la première son amour, mais Dorante lui révèle alors les stratagèmes de Dubois, qu’elle pardonne, avant d'annoncer elle-même son mariage au Comte et à Mme Argante (Acte III).
 
Il suffit de comparer ce résumé avec celui du feu de l'amour et du hasard pour mesurer sa singularité : abondance des scènes et des péripéties, complexité des rapports entre personnages et des statuts sociaux (une veuve de financier un peu lasse, mais de grande allure ;

marivaux

« procureur, postule l'emploi d'intendant d'Ara­ minte, riche veuve de financier dont il est épris malgré son manque de fortune.

Dubois lui pro­ met la dame et les 50 000 livres de rente, et lui demande de séduire Mlle Marton.

M.

Remy conseille, lui, à Dorante d'épouser Marton, fille de procureur, moins suivante qu'amie d'Ara­rn inte, et les « fiance ».

Ayant aperçu Dorante, Araminte décide de l'engager, et lui attache Arle­ quin, mais Mme Argante, sa mère, se promet de le renvoyer, faute d'obtenir son soutien au mariage qu'elle projette entre Araminte et le comte Dorimont.

Marton, à qui Dorimont a pro­ mis 1 000 écus, pousse Dorante à le soutenir.

Dorante rapporte à Araminte qu'on veut le faire mentir à propos d'une affaire qui oppose celle-ci à Dorimont, et feint l'embanras devant Dubois; celui-ci révèle l'amour fou de Dorante à Ara­ minte, qui fait mine, devant Dorante, d'envisager son renvoi, tandis que Dubois dispose ses« bat­ teries» (Acte 1).

Dorante conseille à Araminte de ne pas crain­ dre un procès avec Dorimont, lui suggère d'éloi­ gner Dubois, et refuse devant elle, en invoquant l'amour, un parti de 15 000 livres proposé par M.

Remy.

Marton s'attribue ce sacrifice, ainsi que le portrait en boîte qu'on vient livrer à Dorante : Araminte s'y découvre en l'ouvrant, tandis que Dubois suscite une dispute avec Arlequin à pro­ pos d'un portrait d'Araminte dans l'appartement de Dorante.

Pressée de renvoyer son intendant, Araminte décide « de lui tendre un piège » pour le forcer à se déclarer : elle lui dicte une lettre au Comte.

Ne sachant ce qu'il faut faire, Dorante souffre sans avouer, mais finit aux pieds d'Ara­ minte, où Marton le surprend, au grand émoi d'Araminte.

«Voici l'affaire dans sa crise», conclut Dubois, à qui Araminte n'a rien dit de ses sentiments (Acte 11).

Dubois décide d'« achever» Araminte «pen­ dant qu'elle est étourdie», se sert de Marton pour faire intercepter une lettre de Dorante, alors que Mme Argante s'agite, se prend de bec avec M.

Remy et somme en vain sa fille de ren­ voyer cet intendant à « la mine doucereuse ».

Araminte confinme à Dorante sa décision de le garder, quand Marton vient lire la lettre de Dorante, où il révèle sa passion à un pseudo-ami.

Dubois explique à Araminte qu'il a fait subtiliser la lettre pour l'aider à renvoyer Dorante, et se félicite in petto d'être chassé.

Persuadée par Dorante de rejeter sur M.

Remy le quiproquo de leur amour, Marton le disculpe et se réconcilie avec Araminte, qui accepte de recevoir Dorante : c'est elle qui avoue la première son amour, mais Dorante lui révèle alors les stratagèmes de Dubois.

qu'elle pardonne, avant d'annoncer elle­ même son mariage au Comte et à Mme Ar­ gante (Acte Ill).

n suffit de comparer ce résumé avec celui du Jeu de l'amour et du hasard pour mesurer sa singularité : abondance des scènes et des péripéties, complexité des rapports entre personnages et des sta­ tuts sociaux (une veuve de financier un peu lasse, mais de grande allure ; une bourgeoise entichée de noblesse, Mme Argante ; un comte distingué ; un procureur bougon ; une fille de procu­ reur devenue suivante, Marton ; un fils d'avocat lui-même en état d'exercer, devenu intendant, Dorante ; un valet de confiance, Dubois ; un garçon joail­ lier ...

et l'ombre d'Arlequin, émouvant hommage à un grand acteur sur le point de mourir).

On comprend que Collé, en tête d'un manuscrit propo­ sant quelques remaniements de la pièce, ait pu écrire avec feu, car homme du métier : « En filant cette action et en lui donnant la durée qu'elle doit avoir naturellement, ce sujet pouvait aisément fournir la matière d'un roman intéressant.

Mais tenter de le réduire en comédie, c'est ce qui aurait paru impraticable à tout autre qu'à M.

de Marivaux.

Il y a réussi supérieurement.

Il a rendu l'amour de cette femme non seulement vraisem­ blable, mais de la plus grande vérité par l'art qu'il a mis à faire passer cette jeune veuve par toute les gradations du sentiment les plus fines et les plus déli­ cates[ ...

] c'est une espèce de magie dra­ matique» (cité par F.

Deloffre).

On n'a jamais mieux dit.

Il est certain que les Fausses Confi­ dences pratiquent, comme le romancier ou le mémorialiste, une écriture soi­ gnée du «détail», qui accentue l'effet de réel propre à cette pièce : procédures de choix d'un intendant, prises de. »

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