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Fiche de lecture: L'Automne du Patriarche, par Gabriel Garcia Marquez

Publié le 02/09/2012

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Il décrit également quelques mécanismes classiques du terrorisme étatique, notamment son système de torture et d'élimination des opposants. Il fait mention de « caïmans « destinés à effacer les traces des cadavres (les disparus étant toujours moins encombrants dans les statistiques), de « chambres où il était possible de triturer tous les os os après os sans donner la mort «, d'un « empire secret à l'intérieur de son empire privé «, d'un « service invisible de répression et d'extermination qui non seulement manquait d'identité officielle mais à l'existence duquel il était difficile de croire car personne n'y répondait de ses actes, n'avait de nom ni de domicile, et pourtant c'était une vérité effrayante qui s'était imposée par la terreur à tous les autres organismes de coercition de l'Etat bien avant que son origine et sa nature insaisissable ne fussent détectées avec certitude par le haut commandement «, une « horrible machinerie «, qui faisait que les « têtes continuèrent à arriver dans ces ténébreux sacs de jute qui paraissaient plein de noix de coco «. Comme sous la dictature terrible vénézuélienne de Gomez (1908 – 1935), la police secrète constitue le principal pilier du régime. En 1954, un putsch au Guatemala dirigé par Castillo Armas renverse Jacob Arbenz. Pendant près de quarante ans, ses escadrons de la mort « nettoieront « le pays d'environ 200 000 opposants. La traque acharnée des dissidents, leur extermination deviendraient presque le trait le plus banal de la dictature.

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« patriarche, l'isolement dû à son âge imprécis remontant « aux temps immémoriaux » ainsi qu'à sa stérilité (il serait à l'origine de milliers de fausses couches), il ne faitpreuve d'aucun népotisme à proprement parler, n'ayant pour seule famille que sa mère.

La plupart des privilèges qu'il accorde sont destinés aux relatifs des femmesqu'il viole. Marquez semble prendre énormément de plaisir dans la description et l'énumération romancée de cas d'usage abusif d'autorité. Concernant la dictature au sens général du terme, il en peint les contours sans jamais s'arrêter sur un aspect en particulier, se laissant toujours porter par un fluxinaltérable d'imagination. Pour lui, l'origine du pouvoir fédéral serait le fait d'intervention de puissance étrangère : « vous n'êtes le président de personne et vous ne devez pas votre trône à voscanons mais aux Anglais qui vous y ont installé, soutenu ensuite par les Yankees avec la paire de couilles de leur cuirassé » et l'impossibilité de se détacher de cetteallégeance (« je vous ai vu courailler par-ci par-là sans savoir par quel bout commencer à commander plein de pétoche quand ils vous ont crié nous te plantons làavec ton foutoir de nègres pour voir comment tu te débrouilleras sans nous, et depuis vous n'avez plus décollé le cul de votre siège, non par volonté mais parimpossibilité »).

Plusieurs puissances étrangères soutiennent le despote en contrepartie de concessions massives : « nous sommes saignés à blanc par la nécessitéséculaire d'accepter des emprunts pour payer la dette extérieure depuis les guerres d'indépendance et d'accepter d'autres emprunts pour payer les intérêts des intérêts,et toujours en échange de quelque chose mon général, nous avons abandonné le monopole de la quinine et du tabac aux Anglais, puis celui du caoutchouc et du cacaoaux Hollandais, puis l'exploitation du chemin de fer des hauts plateaux et la navigation fluviale aux Allemands, et tout le reste aux Amerlots à cause des accordssecrets (…), il ne nous reste rien ».Là encore, l'appui tacite de l'Occident en échange d'avantages économiques, sans être une constante, ne surprend plus, l'insertion de l'Amérique latine dansl'économie monde se payant généralement au prix d'une grave dépendance.

Mieux, encore, Marquez s'est peut être ici précisément appuyé sur l'exemple du caudilloGomez, général qui gouverna le Venezuela jusqu'à sa mort en 1935 en concédant aux compagnies Royal Dutch Shell et Standart Oil les droits d'exploitation desréserves pétrolifères du lac Maracay.

La cession de la mer rappelle également l'épisode survenu au Venezuela, lorsque Castro est contraint par la force de concéder leport principal en 1902 aux Etats-Unis.

Le rôle de ces derniers est le fruit d'une géopolitique amorcée dès 1823, par la doctrine Monroe, et réellement mise enapplication que lorsque les moyens industriels et financiers le leur eurent permis, c'est-à-dire en seconde moitié du XIXème siècle.

L'annexion de la Californie en1848 est sans doute la première démonstration de mise sous tutelle, de faire de l'Amérique latine la « chasse gardée » de la géopolitique américaine, une sphèred'influence privilégiée.

La position US de tolérance vis-à-vis des atrocités dictatoriales se comprend plus d'autant plus aisément que l'étude historique révèle laresponsabilité des services de la CIA dans l'instauration et le maintien des régimes autoritaires.Et concernant le poids des emprunts, l'octroi de prêts fut également un outil de domination.

Si la crise de la dette n'éclate au Mexique qu'en août 1982, le poids desponctions obérées sur les budgets nationaux tout au long du XXème siècle était dès la contraction des emprunts parfaitement palpable. Le fédéralisme ne serait qu'un opportunisme, pour le dictateur lui-même, qui « avait surgi dans le tumulte de la guerre un chiffon rouge sur la tête en criant durant lestrêves laissées par les délires de la fièvre vive le parti libéral nom d'un bordel, vive le fédéralisme triomphant, ostrogoths de merde » que par nécessité dans le cadred'une stratégie clientéliste et personnelle de conquête du pouvoir : « pour se faire payer leur appui armé ils s'étaient emparés des haciendas et des troupeaux desanciens seigneurs exilés et s'étaient partagés le royaume en provinces autonomes en s'appuyant sur cet argument sans appel c'est cela le fédéralisme mon général ».Ce qui place le personnage central davantage en caudillo à son arrivée au pouvoir plutôt qu'en dictateur, si l'on considère la définition d'Olivier Dabène « caudillo :chef politique et militaire aux méthodes autoritaires qui comble le vide laissé par l'administration coloniale au moment des indépendances (…) Fort de soutien dansles campagnes, il participe (…) à la création des nations.

» Et comme Guzman au Venezuela, le patriarche n'obtient de ces caudillos leur soutien qu'à grands renfortsde subventions, ou, en cas d'échec, en les assassinant. Par ailleurs, la violation des droits de l'homme, récurrente dans les régimes autoritaires, est, outre les multiples meurtres politiques, esquissée à travers une enquêteouverte par des puissances étrangères auprès de la Société des Nations provoquée par la disparition d'enfants et l'emprisonnement massif de leurs parents« rebelles » : « il ne reste même plus un seul prisonnier dans les prisons, la fausse nouvelle de la séquestration massive est une infamie des apatrides destinée àtroubler les esprits, les portes du pays sont grandes ouvertes pour que la vérité soit établie, venez voir vous-mêmes, on vint, une commission de la SDN vint remuerles pierres les plus cachées de la nation et interrogea comme elle voulut qui elle voulut, et qui pour finir a reconnu avoir trouvé les prisons fermées, la patrie en paix,chaque chose à sa place, et n'avoir découvert aucun indice permettant de confirmer la rumeur de méfiance selon laquelle les principes des droits de l'homme auraientété violés par intention ou réellement par action ou omission ».

On pourrait facilement y voir une critique du système international qui, faute de moyen ou de volonté,ou par principe de non-ingérence, a toujours préféré tolérer ces exactions plutôt que d'intervenir ou d'exercer une quelconque pression. Parce qu'un tyran n'est jamais à l'abris d'une conspiration qui le déposerait, ou d'un retournement des alliances extérieures, il offre généralement refuge aux autresdespotes déchus : « il passait l'après-midi à jouer aux dominos avec les anciens dictateurs d'autres pays, les pères détrônés d'autres patries à qui il avait accordé l'asileau long de nombreuses années ».

Ce fut le cas entre autres du dictateur paraguayen Stroessner qui accorda l'asile politique au dictateur nicaraguayen Somoza. Il décrit également quelques mécanismes classiques du terrorisme étatique, notamment son système de torture et d'élimination des opposants.Il fait mention de « caïmans » destinés à effacer les traces des cadavres (les disparus étant toujours moins encombrants dans les statistiques), de « chambres où il étaitpossible de triturer tous les os os après os sans donner la mort », d'un « empire secret à l'intérieur de son empire privé », d'un « service invisible de répression etd'extermination qui non seulement manquait d'identité officielle mais à l'existence duquel il était difficile de croire car personne n'y répondait de ses actes, n'avait denom ni de domicile, et pourtant c'était une vérité effrayante qui s'était imposée par la terreur à tous les autres organismes de coercition de l'Etat bien avant que sonorigine et sa nature insaisissable ne fussent détectées avec certitude par le haut commandement », une « horrible machinerie », qui faisait que les « têtes continuèrentà arriver dans ces ténébreux sacs de jute qui paraissaient plein de noix de coco ».

Comme sous la dictature terrible vénézuélienne de Gomez (1908 – 1935), la policesecrète constitue le principal pilier du régime.

En 1954, un putsch au Guatemala dirigé par Castillo Armas renverse Jacob Arbenz.

Pendant près de quarante ans, sesescadrons de la mort « nettoieront » le pays d'environ 200 000 opposants.

La traque acharnée des dissidents, leur extermination deviendraient presque le trait le plusbanal de la dictature. Bien évidemment, parmi les manquements à la dignité humaine figurent les abus sexuels, nombreux (quoique dans l'ouvrage souvent cocasses).

A titre d'exemple :« il se réfugiait dans la pénombre des concubines, en choisissait une en sautant dessus, sans la déshabiller ni se déshabiller, sans même fermer la porte, et onentendait alors son halètement sans cœur de mari en rut, le tintement saccadé de l'éperon d'or, ses pleurnicheries de petit toutou, la panique de la femme qui gaspillaitson temps d'amour à essayer d'écarter les regards sales de ses rejetons au-dessus d'elle, et c'était comme si un ange avait traversé le ciel de la patrie, les criss'atténuaient, la vie s'arrêtait, tout le monde restait pétrifié, un index aux lèvres, sans respirer, silence, le général tire son coup ».

Il en va même à liquider les maris desfemmes qu'il viole, non pas par haine, mais par pur machiavélisme : il exécute tout homme qui peut potentiellement devenir son ennemi.

Sous Augusto Pinochet,'usage de la torture sur les opposants était institutionnalisé.

Elle comprenait : torture par électricité, torture par l'eau, privation d'eau et de nourriture pendant plusieursjours, viols, tortures psychologiques (tortures et viols de sa famille devant le prisonnier, humiliations diverses, privation de sommeil).

Le viol était un “moyen pourgarantir la loyauté” entre dominants et dominés, avait expliqué un magistrat en charge du dossier Colonie Dignidad (fondée par l'ex-nazi Schaefer), convertie sous lerégime Pinochet en zone de torture au sud de Santiago.

Les viols feraient parties de l'arsenal répressif. la répression exercée par les juntes à l'encontre des subversifs a inclus les féministes parmi les opposants à détruire.

Mais des travaux ont montré que la répression degroupes politiques et sociaux s'étendait plus généralement aux rapports de genre.

A noter toutefois que les valeurs conservatrices défendues par les régimes militairesont permis des formes de résistance civile, les femmes étant moins réprimées dès lors qu'elles intervenaient sur la scène publique au titre des représentationstraditionnelles de la maternité, celles de la défense de leur foyer.

Des femmes sont intervenues sur la scène politique et ont su imposer un rapport de forces à leuravantage en utilisant une symbolique qui mettait le régime conservateur en contradiction. Le pouvoir autoritaire s'évertue également d'étouffer la contestation par la destruction de la pensée, puisque les « emmerdements de ce pays viennent du fait que les. »

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