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FICHE OEUVRE: Pierre et Jean (1888) de Maupassant

Publié le 15/03/2015

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« Roman oedipien « par cette enquête sur le passé familial, Pierre et Jean l'est aussi par une démarche d'investigation qui va au-delà des seules données de la conscience, sur les chemins obscurs de l'inconscient. Plus il avance dans sa traque de la vérité, plus Pierre pressent qu'il lui faut dépasser la simple réflexion pour se mettre à l'écoute de sa « seconde âme indépendante et violente «.

 

Le thème du « double «, du Noria, devient ainsi majeur dans le déploiement du récit. Un moment soulagé « d'avoir dévoilé l'autre qui est en nous « (voir lecture méthodique de Pierre et Jean ), Pierre est progressivement dépossédé de sa maî­trise par une étrange puissance qui le conduit à commettre des actions ou à proférer des paroles qu'il ne désire pas. Le voilà amené, par cette « seconde âme «, à faire souffrir sa mère comme un tortionnaire ; le voilà encore, au chapitre VI, sous le re­gard de cette mère, écrasé « comme un cadavre, la tête dans le galet Li, déses­péré « ; le voilà enfin, au paroxysme de la crise, décrit comme un forcené « à l'oeil dilaté «, en proie à « une de ces folies de rage qui font commettre des crimes «.

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« F C H E S ŒUVRES: Plusieurs étapes peuvent être distinguées dans cette enquête mentale : le fait perturbateur (l'héritage) ; le temps des soupçons avec une attention inquiète aux confidences de la fille de brasserie et du pharmacien Marowsko ; enfin la traque douloureuse des indices -souvenirs de Pierre lui-même, propos de son père, faits et gestes de Mme Roland dont Pierre scrute visage et comportements.

Si le roman devient ici, comme le suggère l'auteur, « une étude psycholo­ gique », il évite constamment les risques de l'abstraction inhérents au roman d'analyse.

La trajectoire du récit, qui épouse ce« travail» d'une conscience, est en effet calée sur de grands moments descriptifs dont chacun apporte à la quête son poids de réalité et sa charge symbolique : la sortie solitaire du héros à bord de La Perle (ch.

IV), l'excursion à Trouville (ch.

V) et la scène de pêche à Saint-Jouin au chapitre VI.

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et les parages de l'inconscient «Roman œdipien »par cette enquête sur le passé familial, Pierre et Jean l'est aussi par une démarche d'investigation qui va au-delà des seules données de la conscience, sur les chemins obscurs de l'inconscient.

Plus il avance dans sa traque de la vérité, plus Pierre pressent qu'il lui faut dépasser la simple réflexion pour se mettre à l'écoute de sa« seconde âme indépendante et violente».

Le thème du « double », du Horla, devient ainsi majeur dans le déploiement du récit.

Un moment soulagé« d'avoir dévoilé l'autre qui est en nous» (voir lecture méthodique de Pierre et Jean ), Pierre est progressivement dépossédé de sa maî­ trise par une étrange puissance qui le conduit à commettre des actions ou à proférer des paroles qu'il ne désire pas.

Le voilà amené, par cette« seconde âme», à faire souffrir sa mère comme un tortionnaire ; le voilà encore, au chapitre VI, sous le re­ gard de cette mère, écrasé « comme un cadavre, la tête dans le galet [ ...

], déses­ péré » ; le voilà enfin, au paroxysme de la crise, décrit comme un forcené « à l' œil dilaté », en proie à« une de ces folies de rage qui font commettre des crimes ».

Ill -ÉCHEC ET EXCLUSION L'angoisse de l'insupportable vérité à découvrir et la soumission à la puissance de la névrose ne sont pas les seules peines de Pierre Roland.

Car ce roman n'est pas un simple drame de la jalousie fraternelle, il installe aussi son héros en figure ma­ jeure de l'échec et de la culpabilité.

Face à Jean, le fils naturel, Pierre, le légitime, échoue sur tous les plans : professionnel (la moins belle carrière), financier (l'héri­ tage) et bien sûr sentimental.

Dans ce domaine, qu'il s'agisse de la passion partagée pour Mme de Rosémilly ou de l'affection pour la mère commune, Jean est à chaque fois le triomphateur et Pierre la victime, l'exclu du trio.

Aussi le personnage apparaît-il de plus en plus dans les marges narratives des derniers chapitres alors qu'il en était le« point de vue» central jusqu'au chapitre VI ; et ce, à la différence du lecteur, sans même être jamais certain de la vérité qu'il traque.

La fin du roman va matérialiser cette exclu­ sion forcée par la décision de partir, d'embarquer, sur la suggestion de Jean, pour une improbable carrière de médecin maritime.

Maupassant, dans ses dernières lignes, a d'ailleurs fait en sorte d'accumuler les motifs du « gommage » ou de l' «estompage» d'un être qui, sous le regard lui-même embué de sa mère, disparaît dans le néant de l'au-delà de l'écriture: « [elle] se retourna encore une fois pour jeter un regard sur la haute mer ; mais elle ne vit plus qu'une petite fumée grise, si lointaine, si légère qu'elle avait l'air d'un peu de brume».. »

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