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Fou D'Elsa (le) de Louis Aragon (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 25/10/2018

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fou

Fou D'Elsa (le). Poème suivi de « notes » et d'un « lexique » de Louis Aragon (1897-1982), publié à Paris chez Gallimard en 1963.

Relié par son titre à Elsa, recueil de 1959, le Fou d'Elsa déborde cependant par son projet la seule parole amoureuse, le livre visant justement à l'expliciter pour en modifier la réception. Parachevant et expliquant le « cycle d'Eisa » (les Yeux d'Eisa dans le Crève-cœur, 1941 ; Elsa ; le Roman inachevé, 1956), ce livre-somme a aussi pour but d'intégrer et de reformuler toutes les autres thématiques de l'œuvre : ainsi la reconstitution de la ville de Grenade au xve siècle à la veille de la Reconquête catholique, qui forme davantage qu'une toile de fond pour le livre, renvoie-t-elle à la conception de l'Histoire d'Aragon comme à ses réflexions concernant son écriture. Cette part historiographique a d'ailleurs nécessité tout un travail de documentation, tant sur l'Histoire espagnole que sur l'islam, pour lequel Aragon travaillait en équipe, assistant lui-même aux cours de certains orientalistes. En une sorte de testament prématuré, le Fou d'Elsa se voulait alors un poème total, apte à rendre compte d'une méthode, d'une écriture et de l'ensemble de la conception du monde qui les articule. Pareille « hauteur » de vue n'évinçait cependant pas l'engagement dans l'Histoire immédiate qu'Aragon revendique toujours (par exemple dans les Yeux et la Mémoire, 1954), puisque l'apologie de Boabdil, dernier roi maure de Grenade, fut rédigée, non sans signification, durant la guerre d'Algérie.

Mêlant la prose cadencée à toutes les variétés du mètre et à tous les pouvoirs d’expression du chant le Fou d'Elsa tisse une véritable narration qui autorise à imaginer pour ce « poème-roman » un synopsis. En six sections d’amplitude inégale suivies d’un Épilogue, le poème restitue l’itinéraire de sa propre création (depuis le déclenchement de l'imaginaire à la lecture d'un vers agrammatical : « La veille où Grenade fut prise » jusqu’à la disparition de la voix de l’auteur avec les « Apocryphes des derniers jours ») et le récit de la chute de Grenade de 1490 à 1495.

La première section, « Grenade », dépeint la ville sous le règne de la convivencia - syncrétisme culturel, dans la paix, des apports chrétiens, islamiques et judaïques : “la Bourse aux rimes” en fait le lieu même de la poésie, mais “Un espion de Castille” déjà s'insinue dans la ville, subjugué néanmoins par la beauté de la civilisation qu’il contribue à abattre. Dans la fresque descriptive (“le Foundoûk”, “le Fakir”, ’TAIcaïceria”) s’insinue peu à peu la figure du Fou d'Elsa, ou « medjnoûn », poète ainsi désigné par dérision pour ce qu’il ne cesse de célébrer sous le nom d’« Elsa » une femme à venir - donc invisible, sinon inexistante... La seconde moitié de la première section est alors consacrée aux “Chants du Medjnoûn”, présentés comme des transcriptions du poète arabe, et accompagnés des “Commentaires” de son jeune disciple Zaïd : “le Futur vu” préfigure l'idée centrale du livre, tandis que le “Cantique des cantiques” substitue au mysticisme religieux l’absolu de l’amour.

fou

« ville de Grenade au xve siècle à la veille de la Reconquête catholique, qui forme davantage qu'une toile de fond pour le livre, renvoie-t-elle à la conception de l'Histoire d'Aragon comme à ses réflexions concernant son écriture.

Cette part historiographique a d'ail­ leurs nécessité tout un travail de docu­ mentation, tant sur l'Histoire espa­ gnole que sur l'islam, pour lequel Aragon travaillait en équipe, assistant lui-même aux cours de certains orien­ talistes.

En une sorte de testament pré­ maturé, le Fou d'Elsa se voulait alors un poème total, apte à rendre compte d'une méthode, d'une écriture et de l'ensemble de la conception du monde qui les articule.

Pareille '' hauteur » de vue n'évinçait cependant pas l'engage­ ment dans l'Histoire immédiate qu'Aragon revendique toujours (par exemple dans les Yeux et la Mémoire, 1954), puisque l'apologie de Boabdil, dernier roi maure de Grenade, fut rédi­ gée, non sans signification, durant la guerre d'Algérie.

Mêlant la prose cadencée à toutes les variétés du mètre et à tous les pouvoirs d'expression du chant, le Fou d'Elsa tisse une véritable narration qui autorise à imaginer pour ce « poème­ roman » un synopsis.

En six sections d'amplitude inégale suivies d'un Épilogue, le poème restitue · l'itinéraire de sa propre création (depuis le déclenchement de l'imaginaire à la lecture d'un vers agrammatical : « La veille où Grenade fut prise »jusqu'à la disparition de la voix de l'auteur avec les «Apocryphes des de miers jours») et le récit de la chute de Grenade de 1490 à 1495.

La première section, « Grenade».

dépeint la ville sous le règne de la convivencia -syncrétisme culturel, dans la paix.

des apports chrétiens, isla­ miques et judàiques : "la Bourse aux rimes" en fait le lieu même de la poésie, mais "Un espion de Castille" déjà s'insinue dans la ville, subjugué néanmoins par la beauté de la civilisation qu'il contribue à abattre.

Dans la fresque descriptive ("le Foundoûk", "le Fakîr'', "I'Aicàiceria") s'insinue peu à peu la figure du Fou d'Elsa, ou « medjnoûn », poète ainsi désigné par dérision pour ce qu'il ne cesse de célébrer sous le nom d'« Elsa» une femme à venir -donc invisible, sinon inexistante ...

La seconde moitié de la pre­ mière section est alors consacrée aux "Chants du Medjnoûn", présentés comme des transcrip­ tions du poète arabe, et accompagnés des "Commentaires" de son jeune disciple Zàid : "le Futur vu" préfigure l'idée centrale du livre, tandis que le "Cantique des cantiques" substitue au mysticisme religieux l'absolu de l'amour.

Avec la« Vie imaginaire du wazîr Aboû '1-Kâs­ sim' Abd ai-Mâlik », la deuxième section fait alter­ ner les poèmes ("Lamentations d'Al-Andalous") et une prose décrivant les manœuvres politicien­ nes de l'entourage de Boabdil, wazîr composant avec l'ennemi catholique.

Décor, action et personnages plantés.

la scène commence, dans un effet de tragique compte à rebours, avec la troisième section : « 1490 ».

Après une description du palais de l'Alhambra et · une entrevue du roi avec sa mère, le débat se prolonge et se radicalise dans "les Falâssifa".

Au cœur du livre (centre de la section Ill), une ren­ contre nocturne des « philosophes» grenadins, à laquelle assistent également le Medjnoûn et Boabdil (déguisé), pennet d'énoncer dans un jeu dialogique sa thèse majeure : « Dieu est dans celui qui le nie » ; mais une prose décrit, sitôt après, le présent moins heureux du "Siège de Grenade".

Dans un saut temporel renvoyant au moment de l'écriture, la section s'achève sur la "Parabole du montreur de ballet" (dialogue de l'auteur Aragon avec un dramaturge au sujet d'un spectacle ayant pour thème la guenre d'Espagne, celle de 1936 ...

), où pour la première fois dans le livre « emploi s'est trouvé fait du temps futur».

La quatrième section, « 1491 », insiste alors sur le cours du temps ("l'Horloge", "l'Hiver", "le Printemps") pour décrire le siège de Grenade durant lequel le Medjnoûn est accusé d'idolâtrie ("le Procès") et jeté en prison.

La décomposition de la cité s'effectue en parallèle à celle de la vie du Medjnoûn, torturé, puis battu pour chanter, désespéré par la fin de sa ville, jusqu'à ce que son renom le fasse amener aux notables de la ville et jusqu'au roi lui-même: le poète voit l'ave­ nir que le pouvoir ne comprend pas.

Le martyre du Medjnoûn va alors croissant jusqu'à la folie réelle, le « Fou » rejoignant son nom en per­ dant conscience de «tout ce qui n'était point son rêve, un grand manteau de fièvre jeté sur lui» au moment même où Boabdil se résout à abdiquer.

Plus brève, la cinquième section, « La veille où Grenade fut prise », fait alterner les chants du. »

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