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Francis Walder: Saint-Germain ou la Négociation (Fiche de lecture)

Publié le 09/12/2010

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Saint-Germain ou la négociation est un roman de Walder Francis paru en juin 1958 chez Gallimard et a reçu le Prix Goncourt en 1958.

« Les tours et les finesses où les conduisaient ces tactiques m'ont souvent donné à penser qu'un portrait du négociateur était à faire. Mais où le situer? Dans le présent, difficile. Dans l'Histoire, donc. Encore valait-il mieux éviter toute circonstance internationale, qui risquait de paraître anachronique et choquante aujourd'hui. «

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« reprennent les débats, ne voilà-t-il pas que M.

d'Ublé se lance dans une diatribe contre la dissimulation desnégociateurs.

Déconcerté par cette sortie, le narrateur se trouve pris au piège et il accorde quatre villes deprincipe. Eléonore de Mesmes Or, survient, au débotté, la cousine du narrateur, la belle Eléonore de Mesme, convertie à la religion réformée.

Pourquelle obscure raison? Le négociateur de Charles IX n'en sait vraiment rien.

Mais il se sait l'objet d'une entreprisecalculée de séduction.

Il ne saurait tout accorder aux huguenots sous peine de donner aux siens l'impression d'avoircédé sur tous les points.

Elle lui suggère de céder Angoulême pour une durée limitée.

Averti par un songe, lenarrateur n'en éprouve pas moins, à se promener sous la voûte étoilée avec la jeune fille, un attendrissementproche de l'amour. L'arrivée de cette aventurière donne un tour nouveau aux négociations.

S'agit-il d'une intrigante ou d'une candidejeune personne? Le narrateur avoue ne pas le savoir.

Catherine de Médicis veut conclure la paix et le narrateurobtient son aval pour la signature du traité.

« C'est ainsi qu'Angoulême fut prise au roi, le 16 juillet 1570.

» Le Conseil avalise la décision du négociateur du roi, qui quitte Eléonore sur une impression de flou.

Il médite, seul, sur lepeu de choses qui le sépare du parti adverse. Le 8 août, les deux parties signent la paix de Saint-Germain.

« Elle accordait aux huguenots La Rochelle, Montauban, La Charité, Cognac, la liberté de conscience et l'exercice du culte en certains lieux.

» Elle ne dure que deux ans, marquée du sceau de cette fragilité où le narrateur voit le signe même de sa perfection.

Son œuvresubtile consiste à arracher au parti adverse les deux cités d'abord convoitées.

MM.

de Mélynes et d'Ublé périrentdeux ans plus tard, pendant la Saint-Barthélemy.

Quant à Eléonore, elle demeure une énigme, comme toutes lesfemmes.

De toutes façons, l'art diplomatique révèle du mystère et de l'incommunicable. Commentaire de l'oeuvre Un roman d'analyse classique Francis Walder manie une langue très classique pour évoquer les temps obscurs des guerres de Religion.Le ton de son roman rappelle celui de Mme de Lafayette, auteur de La Princesse de Clèves.

En effet, il utilise la trame du roman historique pour effectuer un retour dans le temps et confère à son texte unevaleur emblématique.

De la même manière, la noble dame du temps de Louis XIV situe à la cour desValois, connue pour ses raffinements, l'histoire d'amour de la princesse de Clèves et du duc de Nemours.Cependant, elle multiplie les points de vue sur l'intrigue dans une sorte de roman à tiroirs alors que Waldercentre sa perspective sur l'échange langagier, sur les subtilités rhétoriques, sur la maîtrise psychologique,qui permettent à son héros de conclure un traité dont chacun sait le caractère provisoire. Dans Saint-Germain ou la Négociation, le recul historique permet de gommer les références trop précises à une situation donnée.

Dans son avertissement, Walder affirme avoir exploité sa propre expérience desnégociations aux échelons nationaux ou internationaux avec différentes délégations. « Les tours et les finesses où les conduisaient ces tactiques m'ont souvent donné à penser qu'unportrait du négociateur était à faire.

Mais où le situer? Dans le présent, difficile.

Dans l'Histoire, donc.Encore valait-il mieux éviter toute circonstance internationale, qui risquait de paraître anachronique etchoquante aujourd'hui.

» Ainsi, l'auteur choisit de situer son roman au XVIe siècle pour deux raisons : en déplaçant la perspective,il arrache l'action à la temporalité; en outre, il la centre sur des discussions menées entre Français et nonpas entre nations ennemies.

Voilà encore un élément qui accentue le caractère langagier, théâtralisé, du texte.

Cependant, l'arrivée de la jeune Eléonore fonctionne comme un élément incongrudans un récit d'analyse.

Elle apparaît comme un personnage de roman d'aventures destiné à mettre d'autant mieuxen évidence la pérennité des faiblesses humaines.

Même un habile négociateur se laisse prendre au piège de labeauté... Le théâtre de la négociation Il s'agit de dessiner une manière d'épure, intellectuelle, abstraite, qui suit les circonvolutions des négociateurs.

Dèslors s'impose le choix du style classique, qui fit florès au XVII' siècle, même si l'auteur s'intéresse au siècleprécédent.

En effet, l'homme classique se définit par sa volonté de dominer la nature et le monde avec sonintelligence.

Le siècle de Louis XIV, c'est celui de la rationalité.

Et cela donne les parcs dessinés par Le Nôtre avecune rigueur extrême, des parterres bien distribués et des buis contournés.

Bien différents des jardins à l'anglaise,fous, cultivant le désordre...

Cela produit aussi des palais qui, comme Versailles, témoignent du désir d'imprimerl'ordre humain à la réalité.

Pour Descartes, le monde est un livre ouvert et écrit en signes mathématiques.

De leurcôté, les grammairiens définissent les règles de la grammaire normative et codifient l'orthographe.

Racine, lui, réduitle vocabulaire à sa plus simple expression et fait atteindre à sa poésie des sommets de sublimité en touchantl'universel de la passion dans l'homme.

Bref, le style classique, parce qu'il vise à la plus grande généralité, sembletout désigné pour traduire le cheminement intellectuel du négociateur.. »

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