Friedrich NIETZSCHE : Ainsi parlait Zarathoustra

« Les trois premiers livres furent écrits, dit Nietzsche , cha­ cun en dix jours, moments d'une exa ltation où tout , en son esprit, se mellait en place durant de longues marches près des rivages de la M édi­ terranée et dans les Alpes.

Ils furent publiés au fur et à mesure, entre 1883 et 1884 , ainsi que la quatrième partie, écrite moins subite­ ment et qui parut, confiden tiellement.

La première édition des quatre parties regroupées date de 1892 , quatre ans après l'effondre­ ment de Nietzsche.

Le livre Zarathoustra et le "surhumain " Z arathoustra, qui s'était retiré dans la montagne pour médi­ ter , redescend au devant des hommes pour leur divulguer sa sagesse.

Il prêche le surhumain, le dépassement de l'homme et de ses faiblesse, à mi-hauteur entre l'homme et Dieu (mais "Dieu est mort") .

Le parlé, équivoque, agite des valeurs, aussi Zarathoustra chante le surhumain, appelant l'unisson.

Mais les hommes n'entendent que la compassion à leur propre faiblesse et cette compassion les rend faibles.

Zarathoustra serait com­ blé s'ils visaient l'affranchissement, la volonté et la puissance qu'il oppose au choix de l'impuissance.

S'ils souffrent, qu'ils soient malades mais qu'ils n'a ient pas l'air de bien portants, pense Zarathoustra ; s'ils sont heureux, qu'ils fêtent le ciel et non leur bonheur qui est "pauvreté, ordure et pitoyable conten­ tement de soi".

Dans ses pérégrinations, Zarathoustra ren­ contre les plus démunis et aussi les plus riches, mais tous satisfont trop souvent à leurs instincts affaiblis.

Cependant, pour ceux qui l'ont entendu, Zarathoustra est ardent comme le soleil l'est pour tous.

Opposition au christianisme A vec Zarathoustra, Nietzsche fait allusion à Zoroastre ou Zarathushtra , le réformateur du mazdéisme, sept ou huit siècles avant Jésus-Christ.

Mais il n'est pas absolument sans rapport avec le Christ par son aspect messianique et par sa parole rapportée par quatre livres, comme les quatre évangiles.

Toutefois , pour Nietzsche, "ce qui est chrétien, c'est la haine contre l'esprit, contre l'orgueil , le courage, la liberté, le liberti­ nage de l'esprit" (L'Antéchrist).

Aussi créa-t-il un personnage très libre, exaltant ce à quoi le chrétien renonçait.

Mais Zarathoustra parle à des épigones du christianisme, aussi n'es t­ il pas entendu, car il faut avoir accompli tout son trajet pour choisir volontairement , avec lui, le chemin .

Telle est aussi la parole de Nietzsche qu' il faut "vo uloir" pouvoir entendre, d'où le sous-titre de Ainsi parlait Zarathoustra : "U n livre pour tous et pour per sonne ".. »