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GARIN DE MONGLANE (cycle de)

Publié le 13/12/2018

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GARIN DE MONGLANE (cycle de) [xe?-xive siècle]. C’est le plus important et le plus structuré des cycles épiques du Moyen Age, souvent appelé cycle de Guillaume d’Orange. Il comprend, dans sa plus grande extension, vingt-quatre chansons, mais dix-huit seulement ont été regroupées dans des manuscrits cycliques. Ce sont, dans l’ordre du cycle (qui est différent de l'ordre chronologique de composition) : Garin de Monglane (15 000 décasyllabes, xme siècle), Girart de Vienne (6 934 vers, début du xmc siècle, œuvre de Bertrand de Bar-sur-Aube), Aymeri de Narbonne (4 708 vers, début du xiiie siècle, même auteur), les Narbonnais (8 063 vers, début du xiiie siècle); dans cette première série sont contées les aventures des ancêtres de Guillaume (Garin est son arrière-grand-père, Aymeri son père), de certains de ses oncles (Girart de Vienne) et de ses jeunes frères (les Narbonnais). Puis viennent les gestes où Guillaume est le héros majeur : les Enfances Guillaume, le Couronnement de Louis (v. 1136), le Charroi de Nîmes, la Prise d'Orange (milieu et second tiers du XIIe siècle). Vivien son neveu apparaît ensuite, sans éclipser pour autant le personnage de Guillaume : les Enfances Vivien (5 000 décasyllabes assonancés, début du XIIIe siècle), la Chevalerie Vivien (2 000 vers assonancés, fin du XIIe siècle), les Aliscans (8 500 décasyllabes, dernier quart du XIIe siècle), qui en sont la suite logique, et où apparaît le personnage héroï-comique de Rainouart, héros de la Bataille Loquifer (3 890 vers, fin du XIIe siècle) et du Moniage Rainouart (7 600 vers, v. 1200). Le Moniage Guillaume (XIIe siècle) clôt cette série. Le cycle revient alors à Aymeri et aux frères de Guillaume : le Siège de Barbastre (7 000 alexandrins assonancés, fin xne-début XIIIe siècle), Guibert dAndrenas (2 400 décasyllabes assonancés, début du XIIIe siècle), la Mort Aymeri de Narbonne (4 176 décasyllabes assonancés, fin XIIe siècle); enfin Foucon de Candie (15 000 vers, xme siècle) revient à la bataille de l’Archamp, déjà racontée par la Chevalerie Vivien et les Aliscans. A ces dix-huit chansons il faut ajouter les Enfances Garin (début du xive siècle), qui devraient précéder l’ensemble du cycle (l’œuvre est de médiocre qualité), la Prise de Cordres et de Sébille (2 948 décasyllabes assonancés, xiiie siècle) qui est une suite de Guibert dAndrenas, dont elle n’hésite pas à contredire certaines données. Renier (seconde moitié du XIIIe siècle), Galien le Restoré (plus proche d’ailleurs du cycle du roi), enfin Bueve de Conmarchis (3 946 alexandrins rimés, œuvre d’Adenet le Roi, remaniement du Siège

 

de Barbastre). Reste la dernière découverte (en 1901) des chansons du cycle, et non la moindre : la Chanson de Guillaume, qui semble bien être la plus ancienne ou, du moins, rapporter un état de la légende contemporain de la Chanson de Roland (fin xie-début XIIe siècle).

 

La formation du cycle n’obéit à aucune loi de composition. A partir d’un noyau central, sans doute constitué par les événements de l’âge mûr du héros principal (la bataille de l’Archamp ou la prise d’Orange; mais J.-H. Grisward pencherait plutôt pour l’histoire collective relatée dans les Narbonnais), les trouvères ont progressivement chanté la jeunesse, la vieillesse de Guillaume, puis les exploits de ses ancêtres, de ses descendants (ici, neveux et arrière-neveux), de ses collatéraux. Ainsi les deux extrémités de la chaîne généalogique sont-elles atteintes et contées à peu près à la même époque

« Il y a surtout le problème épineux de l'origine du cycle.

J.

Bédier constatait que« si l'on se place en un point quel­ conque de la série, il est remarquable qu'on souhaite toute la série ».

Chaque œuvre semble connaître l'ensemble de la légende.

Comment savoir, dans ces conditions, où est le noyau originel? Car, d'une part, l'auteur de ce noyau a pu y insérer les prémices d'autres légendes, que d'autres développeront plus tard; et, d'autre part, nous n'avons affaire qu'à des remaniements : des allusions aux œuvres postérieures à 1' original ont pu être introduites par des remanieurs.

Or les originaux sont maintenant inaccessibles.

On peut néanmoins estimer que Je noyau est constitué par la bataille de l' Archamp et par la prise d'Orange : la pre­ mière est au cœur de la très ancienne Chanson de Guil­ laume; la seconde est mentionnée dans la Vita sancti Wilhelmi (1125).

Mais J.-H.

Grisward estime que Je noyau des Narbonnais a dû précéder la geste du seul Guillaume, laquelle s'en serait détachée ensuite; il faudrait donc cher­ cher les origines bien avant la fin du x1• siècle.

Quant à la légende elle-même, on en trouve des traces fort anciennes : la Nota Emilianense, qui relate sèchement (quelques lignes) le drame de Roncevaux, mentionne un « Ghigelmo alcorbi­ tanas »; or elle est antérieure à 1075, et peut-être même de beaucoup.

Le Fragment de La Haye, transcription en prose d'un poème épique latin perdu, fait intervenir plusieurs membres du lignage de Guillaume, sans citer toutefois ce dernier : or ce texte remonte au x• siècle ou au premier tiers du x1• siècle.

La légende épique est donc très antérieure aux premières œuvres en langue romane qui nous sont parvenues.

Le débat sur l'origine des chansons de geste n'est pas clos: le cycle de Guillaume en est un excellent témoignage.

[Voir aussi ALISCANS, CHARROI DE NiMES (le), COURONNEMENT DE LOUIS (le), GESTE (chanson de), GIRA RT DE VIE NNE , GUILLAUME (chanson de), NARBONNAIS (les), PRISE D'ORANGE (la)).

BIBLIOGRAPffiE Les Chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange, t.

3 (Hommage à Jean Frappier), Paris, S.E.D.E.S., 1983.

J.

Frappier, les Chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange.

Paris, S.E.D.E.S., 1967, t.

1; M.

Tyssens, la Geste de Guillaume d'Orange dans les manuscrits cycliques, Paris, Belles-Lettres, 1975; J.-H.

Grisward, Archéologie de l'épopée médiévale.

Structures trifonctionnelles et mythes indo-européens dans le « cycle des Narbonnais », Paris , Payot, 1981; Société Rencesvals, Actes du VI' Congrès international, Aix-en­ Provence, 1974 (plusieurs articles concernent des œuvres du cycle de Guillaume).. »

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