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GROULT Benoîte : sa vie et son oeuvre

Publié le 15/12/2018

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GROULT Benoîte (née en 1920) et Flora (née en 1924). Romancières et journalistes. Nées à Paris, filles d’un décorateur, nièces d’un couturier. Benoîte et Flora Groult appartiennent à la bourgeoisie parisienne aisée. Benoîte fréquente le cours Sainte-Clotilde, puis le lycée Victor-Duruy, avant d’obtenir une licence de lettres à la faculté de Paris; elle enseigne au cours Bossuet de 1941 à 1943 et travaille ensuite, de 1944 à 1954, comme journaliste à la R.T.F. Mariée au reporter Georges de Caunes, puis au romancier Paul Guimard, elle collabore, depuis 1955, à différentes revues, parmi lesquelles Elle, Parents, F magazine. Sa sœur Flora, après son baccalauréat, poursuivra des études à F École nationale des arts décoratifs. Elle entrera elle aussi dans le journalisme, écrivant pour Elle, Connaissance des arts ou les Lettres françaises.

 

Fermement liées l’une à l’autre, les deux sœurs entreprennent en 1962 une collaboration littéraire, avec la rédaction de Journal à quatre mains (1962), puis du Féminin pluriel (1965) et d’// était deux fois (1967). Cependant, chacune des romancières compose également ses propres œuvres; Benoîte, s’engageant davantage dans le militantisme littéraire, en faveur du féminisme, publie notamment la Part des choses (1972), Ainsi soit-elle (1975), le Féminisme au masculin (1978), les Trois-Quarts du temps (1983), les Vaisseaux du cœur (1988). Flora révèle son attirance pour le roman sentimental avec Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre (1979), Une vie n'est pas assez (1981), Belle Ombre (1989) et un recueil de nouvelles élégantes et nostalgiques, Le temps s'en va, madame (1986). Elle avait déjà publié Maxime ou la Déchirure (1972), Mémoires de moi (1975).

« quatre mains) les ont conduites à remettre en cause le statut de la femme dans les sociétés modernes et tradi­ tionnelles.

Ne se bornant pas à la psychologie ou à la physiologie, l'auteur d'Ainsi soit-elle émaille son dis­ cours d'analyses sociologiques : «Il ne peut échapper à personne que fnotre civilisation bourgeoise] est régie par un arsenal de lois et d'usages qui tous s'inscrivent dans un contexte profondément misogyne».

Mais la remise en cause sociale de l'inégalité des sexes, perceptible dans les articles de Benoîte Groult, apparaît beaucoup moins dans les œuvres romanesques des deux sœurs.

Recourant souvent aux stéréotypes du roman bourgeois, reflétant un sentimentalisme bienveil­ lant, le tissu narratif perd quelque peu de sa vigueur; chez Flora, la remise en cause du comportement obligé des femmes à l'égard des hommes -«Les tromperies des femmes continuent à être considérées plus graves, même par les femmes elles-mêmes ,, (Ni tout à fait la même ..

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) - ne semble pas empêcher ses narratrices d'avoir foi en certaines valeurs stables.

Ainsi, la famille demeure un cocon qui, malgré les rapports conflictuels qu'elle entretit:nt parfois, assure le bien-être affectif; de même, la femme a en elle « des pensées de toujours », que Flora et Benoîte Groult « prosaïsent »en exprimant, par la bouche de leurs héroïnes, des aphorismes souvent proches du lieu commun : « C'est si différent et si pro­ che, une fille ·> ••• «C'est solide comme du chiendent, une jeune fille; elle survivra très bien à un peu de froi­ deur» (Il était deux fois).

Les deux sœurs peignent des sentiments qu'elles estiment communs à toutes les fem­ mes : la nostalgie de l'enfance, la recherche de la grande passion amoureuse, le besoin d'être humainement utiles, l'amour maternel instinctif.

Les deux écrivains cherchent donc, de personnage en personnage, une « nature »de la femme; en cela, Benoîte et Flora Groult illustrent les positions -mais aussi les limites -du féminisme des années 60 et 70, n'évitant pas toujours les contradictions entre la révolte théorique et le conformisme de la pratique romanesque.

J.-P.

DAMOUR. »

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