HORACE, de Corneille

HORACE, tragédie de Corneille, représentée en 1640 à l'hôtel de Bourgogne, publiée en 1641. Son sujet, emprunté à Tite-Live (I, 23-26), avait déjà été porté sur la scène par l'Arétin [Orazia, 1546), Laudun d'Aigaliers (Horace Trigemine) et Lope de Vega [El Honrado Hermano, 1622). Venant après la querelle du Cid, cette pièce, que Corneille avait pris soin de faire « régulière » et « romaine », déclencha pourtant une polémique : on lui reprochait de montrer en Horace et son père un nationalisme excessif, qui pousse Horace, après avoir tué Curiace son beau-frère, à tuer aussi sa sœur Camille (selon l'abbé d'Aubignac, le suicide de Camille eût été plus conforme aux bienséances). En fait, la pièce illustre un réalisme politique plus nuancé qui, au lieu de déplorer la guerre, songeait à préserver les lendemains du conflit : d'où la mort de Camille qui persistait dans la haine et une « vendetta froide » selon le mot de Lanson.