HUGO Les Châtiments

formes poétiques que Hugo imagine pour s’adresser à ses contemporains. Le recueil a en effet pour vocation de faire réagir le lecteur, de le convaincre ou de le persuader de l’inanité »»» du régime politique napoléonien. Un tel enjeu s’inscrit dans les principes qui régissent l’étude de la poésie telle qu’elle est prescrite en classe de seconde, selon la perspective diachronique qui va « du romantisme au surréalisme ». Si le recueil de Victor Hugo s’inscrit dans le mouvement romantique, qui assigne à la poésie un idéal de liberté, il permet aussi d’aborder la question de la poésie engagée, dont il pourra être fait mention au cours de la séquence (en proposant, par exemple, un prolongement avec les poètes de la Résistance).

Les Châtiments présentent aussi l’intérêt de la diversité, ce qui permettra aux élèves de se familiariser avec différents registres, différentes formes poétiques (chansons, idylles, fables) et divers motifs (le peuple, l’empire, la Rome antique, etc.). Les Châtiments sont en effet un recueil virtuose, dans lequel Hugo fait montre d’une grande imagination, maniant tout ensemble le fouet de la satire et le chant lyrique.

II. Tableau synoptique de la séquence

SéancesSupports* ObjectifsActivités

Séance 1Illustration de couverture. Titre du recueil. Chronologie, p. 14-16.Formuler des hypothèses sur le recueil. Identifier les horizons d’attente du recueil.Écriture argumentative. Analyse d’un titre. Lecture de l’image.

Séance 2Présentation de Jean-Marc Hovasse, p. 25-44. Poème « Carte d’Europe », p. 96-99.Comprendre le contexte historique et en mesurer l’importance dans l’élaboration et la signification du recueil. Avoir un premier contact avec le recueil en comprenant le rôle de l'appareil critique.Lecture analytique.

ancrés dans le réel, en partant par exemple de la partie « “Le roman de vivre à deux hommes” ou le spectre de Rimbaud » (Présentation, p. 18-23), il est tout à fait possible d’observer que les titres des sections du recueil renvoient à des problématiques artistiques liées à la modernité du dernier tiers du XKe siècle.

C’est pourquoi la classe de seconde apparaît comme le moment privilégié pour découvrir la poésie verlainienne. Dans le cadre de l’objet d’étude qui invite à envisager la poésie « du romantisme au surréalisme », les élèves seront sensibilisés à l’inscription d’une écriture et d’un projet littéraire dans une époque donnée. En effet, entre les années 1870 et 18901 se mettent en place de nombreux aspects de la modernité en art. Après le romantisme et sur les cendres du Parnasse émergent l’impressionnisme et le symbolisme, qui envisagent la réalité tangible d’une, manière radicalement nouvelle et préparent les expérimentations sur le modernisme que proposera le début du xxe siècle, marqué par exemple par le recueil Alcools d’Apollinaire (1913), Cette période de bouillonnement intellectuel s’accompagne de nombreux exercices créatifs, qu’il s’agisse de lectures que les artistes font de Baudelaire, de réflexions sur la poésie objective telle qu’elle est envisagée par Rimbaud ou bien encore d’articles que Verlaine rassemble dans ses Poètes maudits en 1884. Ces réflexions qui ouvrent l’art à la modernité sont en fait déjà rassemblées dans les Romances sans paroles. Opposé en tout point à La Bonne Chanson qui célébrait en 1870 la femme aimée, Mathilde, ce recueil fait notamment écho à Une saison en enfer de Rimbaud, dont Verlaine reçoit un exemplaire en octobre 1873 (Chronologie, p. 237), et précède la conversion radicale présentée dans Sagesse en 1880. Autrement dit, les Romances sans paroles attestent un exercice poétique singulier, marqué par un environnement réel, et qui, au-delà de l’inscription dans son époque, contribue à son tour à fonder une nouvelle vision poétique du monde. Cette réflexion dépasse le seul travail de Verlaine, ainsi qu’en témoigne notamment l’intérêt porté par le peintre Henri Fantin-Latour à l’ensemble des poètes et théoriciens qui composent le tableau Coin de table