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ILLUMINATIONS d'Arthur Rimbaud (résumé & analyse)

Publié le 08/11/2018

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rimbaud

ILLUMINATIONS

Arthur Rimbaud. Poèmes en prose, 1886.

 

Les quarante-quatre pièces qui composent ce recueil poursuivent par d’autres voies la tentative d’exploration de son univers intérieur que le poète avait amorcée dans ses Poésies : plongée dans l’imaginaire, hors de toute référence à l’espace et au temps, sans attache aucune avec l’ordre du discours, elles empruntent leurs matériaux à toutes les couches d’une mémoire où s’entrechoquent les expériences vécues, les sensations éprouvées, les aventures rêvées. Jaillissement d’images apparemment incontrôlé, qui n’obéit qu’au rythme de l’excitation spirituelle, elles vont bien au-delà des simples visions plastiques auxquelles se réduit souvent le poème en prose: poésie en acte, elles restituent au présent, dans sa fulgurante immédiateté, l’emportement de l’être dans un délire extatique où il se libère et se consume à la fois.

 

Publiées pour la première fois à l’insu de Rimbaud (1854-1891), qui se trouvait alors en Abyssinie, les Illuminations ont été composées en 1872 et 1873, sans doute pour la plus grande partie antérieurement à Une saison en enfer. Le titre fait référence, selon Verlaine, au même mot anglais, signifiant -gravures coloriées»; sans doute évoque-t-il aussi l’« illuminisme » social de Fourier et des penseurs utopistes et révolutionnaires avec lesquels Rimbaud s’accorde profondément, ou l’illuminisme des alchimistes et autres expérimentateurs de l’inconnu auxquels Nerval avait consacré un ouvrage, Les Illuminés. Enfin, ce titre est à rapprocher des idées développées par Rimbaud dans sa lettre à Paul Demeny, dite Lettre du voyant, et notamment à sa conception de l’acte poétique comme exercice de la « voyance », obtenue par un « dérèglement de tous les sens ».

 

Les Illuminations sont l’aboutissement des recherches baudelairiennes sur le poème en prose. Mais elles présentent avant tout une synthèse des découvertes rimbaldiennes: leur densité inépuisable exprime cette cassure de toutes les règles, syntaxiques, logiques, voire sémantiques, qui ouvre la voie à la poésie moderne.

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