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Jean GIONO : Que ma joie demeure

Publié le 24/09/2012

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Giono peint d 'abord quelques hommes, puis plusieurs, puis des troupeaux d'hommes, des aventures qui peu à peu se multiplient, de Colline et Regain aux Nouvelles en passant par Le Grand troupeau. Le Chant du monde est une étape, synthèse et orchestration symphonique de "tous ces matériaux épars" ; Que ma joie demeure élargit encore l'ambition, approfondit et enrichit le lyrisme (...). Mais en même temps cette oeuvre dont le chant sait rassembler toutes les voix, en un concert de plus en plus polyphonique et ambitieusement ouvert, est une histoire située sur Je plateau de Grémone, elle est précisément située en un lieu aux frontières marquées, elle concerne une poignée d'hommes...

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« Photo Dalmas 1 Sipa-Press Que ma joie demeure date de 1935 .

Les années 30, pour cer­ tains, ont créé un vif sentiment d'urgence.

Parmi eux, Giono, qui mit son art au service des hommes et peu au service d'idées.

La publica­ tion des Vraies Ri­ chesses dès 1936 était une forme d'in­ sistance sur ce thè­ me.

Mais l'histoire devait justifier terri­ blement l'inquiétude que l'on sent dans cette prière : que notre joie demeure ! Le livre Retour à la vie commune B obi débouche sur le plateau de Grémone, alors que le clair de lune a décidé Jourdan à labourer sous les étoiles.

Bobi, qui est danseur de corde, apporte fantaisie, soulagement dans les villages.

Jourdan se laisse convaincre de semer des nar­ cisses, sans se soucier de l'utilité.

Plus tard, Bobi amène un cerf.

Au printemps, alors que ceux du plateau se sont réunis chez Jourdan, et ça n'arrivait plus depuis longtemps, Bobi pro­ pose d'aller attraper des biches au filet pour le cerf qui vit parmi eux.

On est enthousiaste, car la vie de ces hommes est dure et éreintante.

Quand ils vont semer, une fois l'an, chez un gros propriétaire de la plaine, ils sentent que leur existence est un lourd servage.

Alors Randoulet décide d'élever des moutons, comme son père ; mais à la ville, qu'il n'a pas vue depuis vingt ans, il ne trouve plus ni bergeries ni bergers, que des autos et des ma­ chines agricoles.

Avec les cinq cents moutons qu'il achète, il y aura de la laine à tisser.

Bobi réinvente le métier à tisser avec les femmes qui se souviennent des gestes.

A la moisson, on tra­ vaille ensemble, et le blé devient un bien commun.

Alors sur­ vient le drame qui cause la disparition de Bobi et met fm à ce rêve.

Temporairement? ...

Le lyrisme comme un creuset à idées D ans les années 30, le thème de Que ma joie demeure, tou­ chait de près à l'actualité sociale.

L'industrialisation et la mécanisation bouleversaient les campagnes ; les ouvriers s'in­ terrogeaient sur l'émancipation que devaient apporter ces nou­ velles valeurs.

Giono, en Provence, voyait s'éteindre un monde paysan en harmonie avec la vie.

Son personnage, Bobi, génère, dans un lieu retiré, un esprit communautaire et autarcique dans un élan de vitalité et de joie.

Giono ne veut pas aller au-delà de cet élan pour échapper à l'idéologie.

n tient à quelques idées qu'il tente de faire apparaître "en blanc" (dira-t-il), comme en silhouette, dont le lyrisme détaillerait tout le pourtour, comme le fit Faulkner dans Le Bruit et la Fureur.

Mais Giono eut l'im­ pression d'achopper et dut, en outre, changer d'écriture pour militer pour la paix, à la fin des années 30.. »

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