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L'« ENQUÊTE SUR LA MONARCHIE » DE CHARLES MAURRAS

Publié le 07/09/2018

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monarchie

de l'Ancien Régime, n'était pas une poussière d'individus comme la prétendue société « moderne ». Elle se composait de « corps » qui depuis la famille jusqu'au métier encadraient l'individu. Dans cette société constituée, tout tendait ' faire corps. On y connaissait le nous, non le moi. L'État était une « grande famille ». Le sens profond de la monarchie légitime, c'était la fixation du pouvoir politique dans une famille, soutenue elle-même et contenue par les corps, par les petites sociétés dans la grande· société, les petites familles dans la grande famille. Ce pouvoir légitime n'était d'ailleurs que le médiateur entre les hommes et Dieu, seul vrai souverain, seul armé de droits. Bonald, théocrate comme Maistre, substituait à la Déclaration

·             des droits de l'Homme « la déclaration des droits de Dieu ».

Un philosophe de métier, Auguste Comte, reprend à beaucoup d'égards Maistre et Bonald en les laïcisant, en intégrant dans son positivisme certains points saillants de leur doctrine politique. Curieuse opération qui devait avoir de grandes conséquences sur le développement de la pensée contre-révolutionnaire ; elle devait, en somme, amener et permettre un Maurras. Ce pourquoi il faut y insister.

Oui, proclame Comte après Maistre et Bonald, l'individualisme de la Révolution a produit l'effritement social. La Révolution, fille de la Réforme, du xvme siècle et de leur esprit de libre examen, a été le couronnement d'une « époque critique » destructive, succédant au Moyen Age catholique, (( époque organique» par excellence, qui reposait sur la distinction géniale du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. A cette époque critique, qui d'ailleurs était nécessaire pour détruire ce qui avait fait son temps, doit succéder une nouvelle époque organique. Mais celle-ci appartiendra 4 l'âge positif, par opposition à l'âge théologique et à J'âge métaphysique. Dans l'âge positif, il n'y a plus de dogmes théologiques, périmés ; il n'y a plus de nuées méta­physiques telles que le contrat social, la souveraineté du peuple, les droits de l'homme. En un mot il n'y a plus d'absolu. La science règne, qui se meut dans le relatif, qui a renoncé à la recherche des causes premières. Et la science des sciences est la « physique sociale » ou sociologie, dont Comte est l'inventeur. Science qui n'étudie pas l'individu, pure abstraction, mais l'espèce humaine, l'Humanité, ce << Grand Être », dans son développement progressif. Humanité qui se compose de familles et non d'individus. Humanité qui « se compose de plus de morts que de vivants ».

Comment organiser scientifiquement, constituer », en langage de Bonald, de façon ' assurer leur unité, les sociétés humaines ? A l'image, répond Comte, du Moyen Age catholiql!e (le positivisme, a-t-on dit avec humour, t< c'est le catholicisme moins le christianisme n). Donc distinction du pouvoir spirituel (composé de sociologues au lieu de théologiens) et du pouvoir temporel, subordonné au premier. Car la société repose avant tout sur une certaine communion de croyances : aux croyances théo­logiques comme aux nuées métaphysiques le pouvoir spirituel comtiste substituera des croyances positives, capables, elles, de résister à la critique scientifique. Suppression d'ailleurs de la liberté de la conscience individuelle contre ces croyances positives · une fois établies. Considération des d.evoirs plus que des droits, Restauration du principe de hiérarchie et d'autorité, liquidation du « libéralisme '' sous toutes ses formes, donc du parlementarisme, « hàlte équivoque » dans la marche des sociétés. II faut que le gouvernement ou pouvoir temporel cesse d'être un perpétuel suspect, pour qu'il puisse mener la société dans les voies tracées par le pouvoir spirituel, et lutter contre la dispersion des idées, des sentiments, des intérêts.

Dans ce comtisme, à condition de faire abstraction de la religion, remplacée par la science, de Dieu remplacé par l'Humanité, la contre-révolution pouvait trouver


On sait comment, avec quelle verve tumultueuse, quelle abondance et quelle vigueur d'arguments, Burke avait, en 1790, jeté les bases de la doctrine contre­révolutionnaire ou traditionaliste. Peu d'années après les Réflexions, le comte Joseph de Maistre et le vicomte de Bonald apportaient à la contee-révolution le renfort de leurs œuvres en français - la langue la plus lue d'Europe - do leurs ardentes convictions catholiques, et, chez Maistre au moins, d'un talent éclatant d'écrivain pamphlétaire. Avec eux, monarchistes et providentialistes, ressuscitait tout un aspect de la politique de Bossuet.

 

Joseph de Maistre, le \" moderne Bossuet », comme on l'a précisément appelé, expliquait dans ses Considérations sur la France (1797), en rendant compte du visible par l'invisible, pourquoi la volution avait eu un caractère irrésistible qui faisait douter les croyants de la justice divine. Il montrait pourquoi la République en France ne pouvait durer : la « nature » et l'histoire, qui était « la politique expérimentale x, se réunissaient pour établir « qu'une grande république indivisible est chose impos­sible ». Il reprenait, avec d'étincelantes boutades et de fulgurants aperçus, le procès des constitutions écrites et des droits de l'Homme abstrait. C'était du Burke, mais rajeuni et transfiguré par un accent mystique.

monarchie

« SOCIALISME ET NATIONALISME de l'Ancien Régime, n'était pas une poussière d'individus comme la prétendue société «m oderne ».

Elle se composait de «corps » qui depuis la famille jusqu'au métier encadraient l'individu.

Dans cette société constituée, tout tendait à faire corps.

On y connaissait le nous, non le moi.

L'État était une «grande famille ».

Le sens profond de la monarchie légitime, c'était la fixation du pouvoir politique dans une famille, soutenue elle-même et contenue par les corps, par les petites sociétés dans la grande· société, les petites familles dans la grande famille.

Ce pouvoir légitime n'était d'ailleurs que le médiateur entre les hommes et Dieu, seul vrai souverain, seul armé de droits.

Bonald, théocrate comme Maistre, substituait à la Déclaration · des droits de l'Homme «la déclaration des droits de Dieu ».

Un philosophe de métier, Auguste Comte, reprend à beaucoup d'égards Maistre et Bonald en les laïcisant, en intégrant dans son positivisme certains points saillants de leur doctrine politique.

Curieuse opération qui devait avoir de grandes conséquences sur le développement de la pensée contre-révolutionnaire ; elle devait, en somme, amener et permettre un Maurras.

Ce pourquoi il faut y insister.

Oui, proclame Comte après Maistre et Bonald, l'individualisme de la Révolution a produit l'effritement social.

La Révolut ion, fille de la Réforme, du xvme siècle et de leur esprit de libre examen, a été le couronnement d'une « époque critique » destructive, succédant au Moyen Age catholique, ((époque organique» par excellence, qui reposait sur la distinct ion géniale du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel.

A cette époque critique, qui d'ailleurs était nécessaire pour détruire ce qui avait fait son temps, doit succéder une nouvelle époque organique.

Mais celle-ci appartiendra à l'âge positif, par opposition à l'âge théologique et à J'âge métaphysique.

Dans l'âge positif, il n'y a plus de dogmes théologiques, périmés ; il n'y a plus de nuées méta­ physiques telles que le contrat social, la souveraineté du peuple, les droits de l'homme.

En un mot il n'y a plus d'absolu.

La science règne, qui se meut dans le relatif, qui a renoncé à la recherche des causes premières.

Et la science des sciences est la « physique sociale » ou sociologie, dont Comte est l'inventeur.

Science qui n'étudie pas l'individu, pure abstract ion, mais l'espèce humaine, l'Humanité, ce. »

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