La Bête humaine
Publié le 06/04/2013
Extrait du document
Le cheminot Jacques Lantier doit payer pour des générations d'alcooliques dont il descend. Son amour pour une criminelle fait resurgir la bête en lui. Il la tue et finit écrasé par sa locomotive.
Publiée en 1890, La Bête humaine est le dix-septième roman du cycle des Rougon-Macquart, grande fresque de vingt romans par laquelle Zola voulait faire l'"histoire naturelle et sociale" d'une famille sous le Second Empire.
«
EXTRAITS
" ...
Elle était donc,
ob éissante , facile au
démarrage ...
"
" ...
Mais lui savait qu' il y avait autre chose, il y
avait l'âme , .
.
.
"
Lantier a pour sa locomotive un
véritable
amour
Et, c'était vrai, il l'aimait d'amour, sa
machine, depuis quatre ans qu'il la
conduisait .
Il
en avait mené d'autres, des
dociles et des rétives, des courageuses et
des
fain éantes ; il n'ignorait point que
c ha cune avait son caractère, que beau
coup
ne valai ent pas g rand ' c h ose, comme
on dit des femmes de chai r et
d'os ; de
sorte que, s'il l'aimait cell
e-là, c'était en
vérité qu'elle avait des qualités rares
de
brave femme.
Elle était douce, obéissante,
facile au démarrage, d'une marche régu
lière et continue, grâce à
sa bonne vapo
risation.
On prétendait bien que, si ell e
démarrait avec tant
d'aisance, cela pro
venait de l'excellent
banda ge des roues
et surtout du ré
g la
ge parfait des
tiroirs ; de même
que, si ell e vapo-
.
risait beaucoup
avec peu de com
bustible, on mettait
ce la sur le com
pte
de la
quafrté du
cuiv re des tubes et
de la
disposition
heureuse de la
c haudi ère.
Mais lui
savait
qu'il y avait
autre ch ose, car
d'autres machines,
identiquement cons
truites, montées
avec le même soin, ne montraient aucune
de ses qualités.
Il y avait l'âme, le mystère
de la fabrication (.
.
.) .
Lantier, auprès de sa maîtresse,
est harcelé
par l'idée de meurtre
Chaque fois que, par un effort de volonté,
il cro ya it gli sser au sommei l, la même
hantise recommençait, les mêmes images défilaient,
éveillant les mêmes sensations.
Et ce qui se déroulait ainsi, avec une régu
larit é mécanique,
penélant que ses yeux
fixes et g rand s ouverts s'emplissaient
d'ombre , c'était le meurtre, détail à détail.
T oujours, il renais
sait, identique, en
vahissant , affolant.
Le couteau
entrait
dans la gorge d'un
choc sourd, le corps
avait trois longues
secousses , la vie
s'en allait en un flot
de
sang tiède , un
flot rouge qu'il
croyait sentir lui
cou ler sur les
mains.
Vingt fois,
trente fois, le cou
teau entra,
le corps
s'agita.
Cela deve
nait énorme, l' étouf
fait , débordait, fai
sait éclater
la nuit.
Oh ! donner un coup
de couteau pareil, contenter ce lointain
désir,
savoir ce qu'on éprouve, goûter
cette minute où l'on vit davantage que
dans toute une existence
!
Comme son étouffement augmentait,
Jacques pensa que le poids de Séverine
sur son bras l'empêchait seul de dormir .
D ouceme nt, il se dégagea, la posa près de
lui , sans l'éveiller.D'abord sou
lagé, il res
pira plus à l'aise, croyant que le sommeil
a llait venir enfin .
Mai s, malgré son effo
rt,
l es invisibles doigts rouvrirent ses pau
pières ;
et, dans le noir, le meurtre reparut
en traits sanglants, le couteau entra, le
corps s'agita.
Une pluie rouge rayait les
ténèbres,
la plaie de la gorge, démesurée,
bâillait comme une entaille faite à la
hache.
Alors, il
ne lutta plu s, resta sur le
dos, en proie à cette vision obstinée.
Il
entendait en lui
le labeur décuplé du cer
veau,
un gronde ment de toute la machine.
Cela venait de très loin, de sa jeunesse .
" ...
Et, dan s le noir, le meurtre reparut en traits sanglant s, le couteau entra ,
le corps s'agita ...
"
NOTES DE L'ÉDITEUR
Jules Lemaître caractérisait les personna ges
du roman en ces te rme s : « Ils n'ag isse nt
que par des impulsions irrésistibles.
Ils ne
se gouvernent pas.
(
...
)Ces per sonnag es ne
so nt point des caractère
s, ce sont des ins
tincts qui parlent , qui marchent, qui se
meuvent ( ...
).
L 'effe t de ces simplification s
es t formidable et beau.
Sous des enveloppes e
mprunt ées aux trente derniè res ann ées de
l 'humanité , on voit l'action des pui ssances
é lémentaires plus antiques que
Je chaos.
»
-Jule s Lem aître , le Figaro, 8 mar s 1890
maine , j'ai c h erc hé longtemp s, je voulais
exprime r cette idée :
! 'homme des cavernes
resté dans l'homme du
XIX e siècle. "( ...
)
Zol a ve ut mettre en scè ne
les recoupement s,
les identifications entr e ! 'homme industriel
et ] 'h o mm e primitif ou plutôt ] 'homme pri
mai, le co nflit d'inst inct s immanent s avec
les co de s e t les principes d' un monde nou
veau.
» -André Pa sso t, Cahiers n atu rali stes
n° 57 , 1983
«
Le
but de Zola
d
an s
La Bête humaine es t
d e décr ire
le monde du chemin de fer, tout
e n n e cac hant p
as ses visées morale s ; nou s
trou vons dan s
une lettr e à un corres pondant
hollandai s :
"Q uant au titre , La Bête hu-
Photos (a) Roger-Vio llet , E .
M ane t : (b, c.
d, e) Dessi ns de T im , Cercle du bibli ophil e, Edito-Servive ZOLA0 2.
»
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