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La Boucle dérobée

Publié le 12/04/2013

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Alexander Pope (1688-1744 ), né à Londres dans une famille de la bourgeoisie aisée, fut toute sa vie hanté par un aspect physique disgracieux, et dut souffrir les féroces railleries de critiques ennemis. Brillant écrivain, délicat et raffiné, amateur de littérature française, il compensa son handicap en menant une carrière littéraire pleine de succès. (Sa traduction de l'Iliade, notamment, lui permit d'assurer son indépendance financière, fait rare à l'époque pour un écrivain.)

« EXTRAITS ------ -~ Voici la définition que Émile Montégut donne de ce poème : «L'accord exceptionnellement rare, d'un goût d'une extrême pureté avec un grande hardiesse de pensée et de sentiment.

» Bélinde vient de recevoir un billet, Bélinde, déshonorée, ne peut ce qui donne lieu à une grandiose description Bélinde dévoilant sa longue chevelure, que condamner le geste de son amant Ces boucles qu'on frisait avec tant d"agréments, Adore en habit blanc les Dieux de la parure.

Une image céleste éclate en un miroir.

En flottant sur mon col en faisaient l'ornement.

Leurs beaux jours sont passés : il n'en reste qu'une : Sur ce divin objet qu'elle ne peut trop voir, Elle attache ses yeux, l'admire et se prosterne.

De cette Déité Prêtresse subalterne, Qui va de sa compagne éprouver l'infortune.

J'entends déjà rouvrir le funeste ciseau ...

Silvie était au bas de l'autel enchanté, Érigé par le luxe et par la vanité.

L'autel est embelli : la timide Pr êtresse Par les rites solennels honore la Déesse.

Il ne te manque plus que ce crime nouveau.

Viens donc, barbare! viens, et que ta main impie Ne laisse aucune trace ...

Ah! Quelle est ta furie, Cruel! Pour contenter ton aveugle désir, Étaient-ce des cheveux que tu devais choisir ? «La Boucle est à moi!» Pour orner ses attraits déjà sont découverts Les précieux tributs de la Terre et des Mers.

Mille flacons remplis de parfums d'Asie Exhalent dans les airs une odeur d' Ambroisie : On voit dans des écrins un tas éblouissant Des trésors que Phoebu s fait éclore en naissant.

Là l'écaille et l'ivoire en peignes sont changés Et l'épingle et l'aiguille en escadrons rangées.

Parmi les billets doux sont placés au hasard la poudre, les parfums, les romans et le fard.

,j> Le marquis commet promptement son forfait Le Marquis r' ouvre alors les ciseaux meurtriers, Fait glisser une boucle entre les deux aciers, Les rapproche soudain et d'une main hardie Va couper sans pitié cette boucle chérie.

, Déjà le double acier criait en s'unissant, Lorsqu'un Sylphe excité par ce péril pressant, Pour arrêter l'effort du tranchant homicide Oppose au coup fatal sa substance fluide.

Hélas! pour sa déesse en vains ' expose-t-il: L'impitoyable acier coupe son corps subtil : Mais l'agile matière à l'instant réunie, De son corps mutilé rétablit l'harmonie.

NOTES DE L'EDITEUR qu'elle avait pour ainsi dire décrété, et plus nous relisons celui-là, plus il nous semble apercevoir en lui un poète en puissance bien autrement grand que celui que nous connaissons.

» Émile Montégut, Heures de Lecture d'un Critique , Hachette, 1891.

« Il y deux Pope , en effet, fort différents l'un de l'autre , séparés- par l'énorme labeur de la traduction poétique d'Homère.

Le premier est tout lyrique, d'une fantaisie ailée et hardie, d'une passion vive et charmante ; le secon d, fort noble de pensée et de faculté d'observation fort originale, est tout didactique.

Aucun des deux ne nous est bien étranger, mais le plus voisin de nous c'est le premier.

C'est aussi le plus vrai, celui que la nature avait voulu former, « Pour Pope en effet ce qui importe, c'est non pas l'inspiration, mais l'art.

Et dan s cet art même, la part fortuite, la part de l'intuition est réduite au minimum.

L'art de Pope est un art savant, fondé sur la tradition.( ...

) Mais s'il a pris Voiture et 1 Roge r- V io llet 2, 3, 4, 5 g ravur es de C.

P.

M ari llier , é d.

D ura nd , P aris, 1780 / B.C.U.

La usa nne Traduit de l'anglais par Marmontel, Duchesnes , 1779 « Dans le temps qu'il respirait , elle lui jette du tabac au visage.

» Boileau pour modèles, ce n'est pas qu'il ait été simplement (comme on l'a dit à propos de Voiture) leur singe.

Chez Pope, l'imitation est créative; il n'emprunte pas, il s'approprie ; par la patience de son labeur, la conscience de son art et la vigueur de son intelligence, il fait siennes les pensées et les œuvres d'autrui.

» E.

Audras, L' Influ ence française dans l' œuvre de Pop e, Bibliothèque de la Revue Littéraire Comparée , tome LXXII , 1931.

POPE 02. »

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