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La Citadelle

Publié le 08/04/2013

Extrait du document

La Citadelle est en partie un roman autobiographique. Archibald Joseph Cronin, qui publie cette oeuvre en 1937, pourrait très bien être cet Andrew Manson. Comme lui, il quitta son Écosse natale pour accepter d'abord un poste de médecin dans le pays de Galles. Et c'est d'une façon similaire qu'il s'est ensuite installé à Londres, où il connut, grâce à une clientèle fortunée, un train de vie très confortable.

« « Élevée, salubre, beaucoup plus grande que Blaenelly ( ...

) avec de larges rues et de jolis magasins, deux cinémas, [Aberalaw) donnait une impression d'étendue qu'accentuait la campagne verdoyante qui l'entourait.

» EXTRAITS ~~~~~~~~ Manson dîne avec l'épouse du médecin qui vient de l'engager Pendant le repas, Mme Page mangea abon­ damment mais parla peu.

A la longue, elle finit son rosbif, sauçant le jus avec du pain, fit claquer ses lèvres sur le reste de stout, puis se renversa sur sa chaise , la respiration un peu bruyante, ses pe­ tites joues rondes d'un rouge luisant.

Elle semblait , à présent, disposée à s'attarder à table, prête aux confi­ dences, pour es­ sayer peut-être, à sa façon hardie, de confesser Manson.

En l'observant elle voyait un garcon maigre et gauche, brun, aux traits as­ sez accusés, les pommettes saillantes, le menton fin et les yeux bleus.

Ces yeux, quand il les levait , étaient, en dépit de la tension nerveuse de son front, extraordinairement fixes et interrogateurs.

Sans s'en douter, Blodwen Page avait devant elle un type cel­ tique.

Si elle reconnaissait la vigueur et la vive intelligence sur le visage d' Andrew, ce qui lui plaisait le plus en lui c'était la ma­ nière dont il avait accepté sans hésiter sa mince tranche de bœuf bouilli datant de trois jours.

Elle réfléchissait que, bien qu'il parût avoir bon appétit, il ne serait sans doute pas difficile pour la nourriture.

- Je suis sûre que nous nous entendrons admirablement, reprit-elle gaiement, tout en se curant les dents avec une épingle à che­ veux.

Je mérite bien d'avoir un peu de chance, pour change~ A Londres, alors que Manson se rapproche du succès, Christine, sa femme , le trouve changé Il était fier comme un collégien lorsque, quinze jours plus tard, il descendit vêtu d'un de ses deux complets neufs.

C'était un costume à veston croisé, d'un gris foncé, porté , sur le conseil de Rogers, avec un col cassé et une cravate très sobre s' harmoni­ sant avec la nuance du gris.( ...

) Il se trouva que ce matin-là, Christine n 'était pas très bien.

Elle avait un léger mal de gorge et s'était enveloppé le cou et la tête d ' un vieille écharpe.

Elle versait du café à son mari, quand sa tenue la frappa tout à coup.

Elle fut si saisie qu'il lui fallut un moment avant de pouvoir parler.

- Oh ! Andrew,fit-elle, que tu es beau ! Tu vas quelque part? -Si je vais ...

faire mes visites, natu­ rellement , travailler , travailler de mon métier.

Sa satisfaction le rendait presque bourru.

- Eh bien, cela te plaît ? - Oui , dit-elle, pas assez vite pour le contenter .

Ce cos­ tume est ...

extrême­ ment chic, mais ...

elle souriait ...

je ne sais, tu n'es plus tout à/ait toi.

- Tu aimerais sans doute mieux que je continue à avoir l'air d'un gueux ? Elle ne répliqua rien et sa main, qui prenait sa tasse, se contracta soudain, au point que ses articulations blanchissaient.

« Ah ! se dit-il , je l'ai eue là.

» Traduit de l'anglais par Maurice R émon «[Andrew) trouvait également que la mortalité par maladies pulmonaires chez les vieux mineur s d'anthracite était presque trois fois plus forte que celle des ouvriers de toutes les autres mines de charbon.

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Dans les grandes œuvres de Cronin une maîtrise plus nette se fait jour dans le maniement des procédés.

La discrétion devient la grande habileté .

Les analyses intimes sont brèves dans La Citadelle, mais l'angle de visée permet de donner , dans la notation d'un détail , une silhouette définitive.

L'imagination des début s a cédé la place à une mémoire toute chaude encore de son contact avec la vie.

Cronin atteint alors à une bienheureuse méconnaissance - ou à une ignorance retrouvée -des procédés de la sublimation esthétique ; un sentiment sûr le guide qui prend dans la vie ce qu'elle a de réel et la rend telle qu'elle avec toute son angoisse et sa joie, sa grandeur familière et son tragique quotidien ...

»La Citadelle, symbolisée à la dernière page du livre par " une bande de nuages lumineux qui avaient la forme d'une muraille crénelée", c'est la volonté, l'âme d 'Andrew Manson.

Elle a subi l'assaut des ennemis du dehors.

Elle a connu le travail souterrain des complicités intérieures.

Au jeune assistant décidé à vivre intégralement' sa carrière de médecin, les difficultés ne manquent pas.

Qu'il est difficile de rester soi-même quand l'appât du gain et le fonctionnarisme ne demandent qu'à vous absorber ! » Gervais Dumeige , Études, décembre 1947.

1 Roger -Viollet 2, 3, 4 aquarelle s de Grau Sala , éd .

Le Fleuve é tincelant , Paris, 1 9 49 / B .N.

C RONIN 02. »

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