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La Folie privée d'André Green

Publié le 22/02/2012

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La Folie privée, publiée en 1990 aux éditions Gallimard dans la collection « Connaissance de l'inconscient », réunit onze études qui dépassent le cadre des états-limites sur lesquels porte essentiellement ce travail. Ce livre, fruit de l'expérience clinique de Green, tente d'établir une synthèse entre les grands courants de la psychanalyse d'aujourd'hui, comme en témoignent les nombreuses références à Lacan, à Mélanie Klein, à Winnicott... Cependant, André Green ne néglige pas pour autant la théorie freudienne, qu'il dénonce à certains égards, mais qui reste, malgré tout, le fondement sur lequel s'est élevé l'édifice de la psychanalyse contemporaine.
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« La mère contrebalance alors sa folie, en acceptant ses propres pulsions afin de les rendre tolérables à son enfant etde favoriser l'éclosion de sa vie pulsionnelle qu'elle éveille en lui. Qu'est-ce qui protège de la psychose? Le moi, la personnalité permet d'éviter le grand bond dans la psychose.

Pour cela, il faut qu'il puisse maintenir unecertaine stabilité en luttant contre les assauts livrés par les pulsions internes qui sont «porteuses de folie en germe ». Mais le moi, n'est pas fiable.

Il n'est pas conscient à l'état pur.

Il vogue aux confins de l'inconscient puisqu'il prendses racines dans le ça (le pôle des pulsions) donc, il n'a qu'une relative indépendance par rapport à lui.

Il estégalement « aveuglé » par le surmoi (le gendarme) qui prend, comme lui, ses racines dans le ça et naît parallèlementau moi dont il reste, d'une certaine manière, inséparable. Qu'est-ce qui entraîne la bascule dans la psychose? Si le moi, tout en subissant les assauts des pulsions internes, doit en plus livrer un combat à des pressions venantde l'extérieur, celles de la mère par exemple, alors, par réaction, le moi mobilise les aspects destructeurs despulsions, il s'affole et « ne sait plus où donner de la tête». Il tombe dans la confusion la plus totale puisque le moi auxiliaire (celui de la mère) ne représente plus pour lui unmiroir en référence auquel se construit l'enfant, mais au contraire une source de lutte, un deuxième front decombat.

Le moi de l'enfant ne peut plus exercer son rôle de liaison car il doit négocier avec la folie interne et la folieexterne.

Il se morcelle, se désorganise et n'hésite pas à se « saborder » s'il le faut : « Je dirais alors que tout se passe comme si l'ordre du monde n'apparaissait pas.

Et tout est chaos, au chaos répondent la désorganisation et la destruction.

» Le père, quant à lui, représente l'élément de contention de cette folie.

Il tient le rôle de médiateur entre la mère etl'enfant.

En effet, il satisfait la mère sexuellement et oblige l'enfant à prendre conscience de ses limites, à réaliserqu'il n'est pas tout pour la mère. Enfin, si Green différencie la folie de la psychose, il met néanmoins en garde contre une vision manichéenne avecd'un côté la bonne folie et de l'autre la mauvaise psychose comme en témoignent ces remarques : « On ne saurait dire que la folie névrotique la plus pure ne comporte aucun élément psychotique.

» De même : «Il reste de la folie dans la psychose la plus avérée.

» Qu'en est-il alors de la folie privée? La folie existe aussi dans le cadre de l'analyse.

Elle se dévoile dans le transfert (qui suppose un déplacement sur lepsychothérapeute, d'un désir inconscient, d'une attitude, d'un sentiment ayant meublé l'enfance du patient).

Cettefolie ne se manifeste pas dans la vie de tous les jours où le patient remplit ses responsabilités.

Elle est comme unsecret livré au psychanalyste et qui montre un fonctionnement du psychisme en décalage avec l'équilibre apparent. LES MÉCANISMES MIS EN ŒUVRE DANS LE PSYCHISME ET LES PARTICULARITÉS DES CAS LIMITES Dans ce passage, nous ne reviendrons pas sur la théorie freudienne du ça, du moi, du surmoi, largement développéedans les pages réservées à cet auteur.

Nous réserverons donc ce qui suit au concept des cas limites.

Mais, avantcela, rappelons ce que sont les pulsions. Les pulsions sont des poussées, plus ou moins conscientes, qui proviennent du corps et plus précisément de sapartie libidinale (en rapport avec la sexualité).

Ces pulsions entraînent une tension qui cherche à se décharger.

Ellesse dirigent vers un objet extérieur par quoi elles s'expriment : c'est pourquoi elles «sont vouées à la projection». Plus tard, dans la théorie freudienne, elles se chargent d'une énergie, appelée l'affect, qui stimule la poussée. Le clivage Avec les cas limites apparaît la notion de clivage c'est-à-dire de division, de séparation.

Or, le psychisme del'enfant, pour ne parler que de lui, se trouve pris sous une double influence : d'une part celle de la pulsion quicherche à se satisfaire, comme la faim par exemple, d'autre part l'absence de l'objet pouvant satisfaire ces pulsions.Il oscille donc entre la frustration et le bien-être, le déplaisir et le plaisir.

Il se trouve dans une situation telle qu'ilcommence à distinguer « le soi et l'objet, le dedans et le dehors, le soma et la psyché, le fantasme et la réalité ». Or, précise André Green : « Toutes ces opérations entraînent le clivage chez le cas limite.

» Les parties clivées se caractérisent par d'éternelles tentatives de « ré-associer » les éléments dissociés.

C'estpourquoi, le clivage est bien souvent comparé au retour du refoulé, c'est-à-dire à la réapparition à la conscienced'un élément précédemment rejeté dans l'inconscient.

En fait, il n'en est rien.

Et André Green insiste, au contraire,sur la différence entre clivage et refoulement.

En effet : «Le retour du refoulé donne naissance au signal. »

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