La Mouette de Anton Tchékhov

« il débute dans un grand quotidien de Saint-Pétersbourg, Temps nouveaux, et, un peu plus tard, crée sa premièrepièce, Ivanov, qui est très mal reçue car mal mise en scène et mal interprétée.

Ce premier échec ne le découragepas; le désir d'écrire est le plus fort et un long récit, la Steppe, est très apprécié.

De plus, il reçoit le Prix Pouchkinepour un recueil de Contes du crépuscule.En 1890, il renouvelle l'expérience théâtrale avec L'Esprit des bois, pièce refusée mais qui, plus tard, remaniée,deviendra Oncle Vania.

Triste et découragé, il décide de vivre de l'intérieur une véritable expérience de douleur etde solitude et va partager la vie des prisonniers dans l'île de Sakhaline.

Bouleversé par la dureté des sévices infligés,il rédigera par après un compte rendu détaillé de ce séjour.

Après plusieurs voyages, il se fixe à Yalta dont le climatest propice à son état de santé.En 18%, La Mouette est jouée pour la première fois.

L'échec retentissant est dû au choix d'une actrice du répertoirecomique pour le rôle d'Irina : le public, habitué aux vaudevilles, ne comprend rien à la pièce.

Elle sera reprise plustard avec une autre actrice et le succès, prodigieux, ne cessera de croître.En 1899, se joue pour la première fois Oncle Vania avec Olga Knipper qui deviendra l'épouse de Tchékhov.

A cetteépoque, l'écrivain publie une très belle nouvelle, La Darne au petit chien, adaptée récemment au cinéma par NikitaMikhalkov sous le titre Les Yeux noirs.A Yalta, Tchékhov vient en aide aux tuberculeux nécessiteux et se retire de l'Académie russe parce que son amiGorki, aux idées progressistes et révolutionnaires, a été refusé.En 1904, sa dernière pièce, La Cerisaie, est représentée à Moscou.

La santé de l'auteur décline; il s'éteindra lamême année, à Badenweiller, près de Berlin. La Mouette: miroir de l'âme de l'auteurD'un point de vue anecdotique, la pièce fut inspirée par deux faits divers : le parcours douloureux de Nina reflèteune mésaventure vécue par une amie, Lika, abandonnée par un amant dont elle avait un enfant.

D'autre part, lesouvenir d'une mouette blessée que Tchékhov dut achever.Cette pièce, la plus chère à l'auteur, traduit fidèlement un sentiment ancré en lui, un profond pessimisme.

Le textetémoigne de l'absurdité de la destinée humaine.

Tout projet est.

tôt ou tard, voué à l'échec et nul ne réalise jamaisses désirs les plus profonds.

Sorine, le frère d'Irina, trahit fortement cet état d'esprit.Quant à sa personnalité d'écrivain, il la projette dans les deux personnages d'auteurs de la pièce: Trigorine, écrivainmoyen qui se compare aux autres; l'auteur parle avec une sincérité déchirante de l'angoisse créatrice, de la hantisede traduire en mots et en phrases le moindre événement, de la routine qui guette.

Kostia, seconde incarnation deTchékhov dans la pièce, veut inventer des formes nouvelles et est en réaction contre les « Anciens» mais, avant dese suicider, il se sent lui-même glisser progressivement vers le conventionnel.

En fait, chez Tchékhov, les succèsremportés même de son vivant n'ont jamais effacé les douleurs profondes causées par les refus initiaux.Il est bien exemplaire de l'ambiguïté de la condition de l'artiste et du créateur : un mélange d'immenses joies et dedécouragements profonds dont certains ne se remettent jamais.. »