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La Rôtisserie de la Reine Pédauque (résumé & analyse)

Publié le 06/12/2018

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La Rôtisserie de la Reine Pédauque

 

Malgré certaines critiques défavorables, comme celle de Brunetière, la Rôtisserie de la Reine Pédauque connut un grand succès lors de sa publication en 1893. Bien qu’un peu oublié de nos jours, ce conte philosophique reste caractéristique de la manière et de la philosophie d’Anatole France, ne serait-ce qu’à cause du célèbre abbé Jérôme Coignard qui y apparaît pour la première fois.

 

Synopsis. — Après avoir présenté ses « Mémoires » (i), le narrateur. Jacques Ménétrier, dit Jacques Tournebroche, raconte comment, alors qu'il devait succéder à son père, patron de la « Rôtisserie de la Reine Pédauque », il est devenu par hasard l'élève de l'abbé Jérôme Coignard (ii). Celui-ci, ancien professeur au collège de Beauvais, puits de science victime de ses aventures amoureuses, est devenu écrivain public (iii). Alors que, maintenant assez instruit (iv), Jacques, à dix-neuf ans, entre à la rôtisserie, le jour de l'Épiphanie, un cabaliste exalté, M. d'Astarac, engage comme traducteurs Jérôme Coignard et son élève (v). Ceux-ci s'installent dès le lendemain dans un étrange château délabré (vi), prennent sur place leur premier repas (vu) et visitent l'extraordinaire bibliothèque « astaracienne » (viii). Tandis que Jérôme Coignard se met au travail, la mère de Jacques le met en garde contre d'Astarac, « sorcier gascon » (ix), qui s'adonne à des recherches alchimiques (x). Les beaux jours venus, après avoir vu l'énigmatique « rabbin » Mosaïde (xi), Jacques rencontre Catherine, une ancienne voisine de la rôtisserie, devenue la maîtresse du fermier général M. de La Guéritaude. Rendez-vous est pris (xn). Mais d'Astarac intercepte Jacques et lui conseille de délaisser les amours humaines pour se tourner vers les salamandres (xiii). Le rendez-vous avec Catherine est manqué (xiv). En fait de salamandres, Jacques ne rencontre que la nièce de Mosaïde, la délicieuse Jahel, qui lui accorde ses faveurs (xv), la jalousie de l'oncle se portant par erreur sur Jérôme Coignard (xvi). Un soir que Jacques se promène sous les fenêtres de Catherine, il fait la connaissance de son « amant de cœur »,

« FRANCE indices qui le préparent : haine de Mosaïde pour les chré­ tiens (X) et, notamment, pour Jérôme Coignard (xv), motif du stylet (xvi), etc.

Il utilise même certains procé; dés fantastiques, en exploitant l'hésitation des protago­ nistes devant des événements en apparence surnaturels : arrivées (XIII) et départs (v, xv) « étrangement soudains» de d' Astarac, «mince et noir comme une ombre» (xv); coïncidences troublantes quant au prétendu pouvoir des Sylphes, qui se manifeste justement sur la route de Lyon (XIX) et lors de la prononciation du « nom cabalistique d' Agla » (XIX); « malédiction» des mandragores (XI, XVTII), etc.

Mais l'important, dans la Rôtisserie, est de rendre le lecteur sensible à la philosophie de Jérôme Coignard.

Ce prêtre, porte-parole d'Anatole France, est évidemment un peu original : « Il accepta 1' idée de Dieu telle qu'elle lui était fournie par la foi catholique, mais encore il tenta de la soutenir sous des arguments d'ordre rationnel >> (les Opinions ...

).

D'où son rejet des superstitions populaires (v, XVI) et de l'alchimie (x).

D'où son goût des paradoxes sur la dialectique salut/repentir (xv), sur la nécessaire « infamie » de saint Pierre (XVI) ou sur « les honnêtes femmes qui s'obstinent avec trop de superbe dans leur altière vertu» (v).

C'est que cet abbé truculent (11) a mêlé toute sa vie les livres et les femmes, comme en témoigne la séduction symbolique de la libraire Mme Pigoreau (III).

Il en retire une sagesse proche de celle de France, un scepticisme aimable (x1x), c'est-à-dire « un grand mépris pour les hommes >> (XVII) tempéré par une tendresse indulgente et sans préjugés.

Par opposition, d' Astarac incarne les dangers de l'in­ telligence dévoyée.

Très cultivé, il est capable de com­ prendre que « le sens de la Bible est figuré >> (xm).

Mais, parallèlement, il manque du plus élémentaire esprit criti­ que, par exemple face aux mises en scène du « rabbin >> Mosaïde (v1, viii), « homme divin » « âgé de 112 ans »! (XI).

Enfin, de l'avis même de Jérôme Coignard, «ce gentilhomme paraît fou, moins parce qu'il l'est réelle­ ment que parce que ses pensées diffèrent à l'excès de celles du vulgaire>> (vm).

Et c'est là la leçon principale de ce conte philosophique : à partir de bases rationnelles justes peut se développer un délire absurde mais doté d'une cohérence interne.

Il faut donc éviter de s'enfermer dans un système et de ne plus voir le monde qu'à travers lui, fût-ce en forçant inconsciemment des textes « mis cul par-dessus tête » (v1).

Ainsi, en dernière analyse, se trouve rejetée la volonté de synthèse, la croyance en « un tout qui ( ...

) procure sans faute la Connaissance >> (v111).

Pas de pensée totalisante et totalitaire : la vérité est partielle, fragmen­ tée comme le monde, diverse et «ruisselante>> (xxv) comme l'âme de Jérôme Coignard.. »

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