La Terre vaine
Publié le 12/04/2013
Extrait du document
Eliot travailla lui-même dans une banque, expérience qui ne lui plut guère si l'on en croit les imprécations contenues dans La Terre vaine contre le monde de la finance et l'aliénation par le travail du bureaucrate. Le poème d' Eliot parut en 1922, quelques années après l'Ulysse de Joyce, où celui-ci utilise, lui aussi, plusieurs langues. A la différence de Joyce, Eliot rédigea des notes tout à fait précieuses pour le lecteur, où il explique un grand nombre des allusions littéraires de son poème.
«
~------ -EXTRAITS
Décor somptueux, mais existence
v ide des riches
The Chair she satin, like a burnished throne,
Se reflétait dans
le marbre, où la glace
Aux supports rehaussés de vignes fructueuses
Qu'entrouvrait, curieux, un Cupidon doré
(Un autre se cachant les yeux dessous son aile)
Doublait les feux des candé labres à sept branches,
Lesquels jetaient sur la table un éclat
Vers qui montaient les rais de ses bijoux
Du satin des coffrets versés à grand' richesse ;
Dans l'ivoire ou le verre coloré des fioles
Débouchées, ses parfum s bizarres et chimiques,
Onguents, pulvérulent s ou liquides, dormaient:
Troublant, brouillant, noyant les sens
Vision apocalyptique
«Q uelles ces
horde s voilées ( ...
)
et qui trébuchent
I Sur la terre craquelée que cerne
l'horizon ...
» [dans les senteurs,
Ils montaient, par le vent de la fenêtre émus,
Alourdissant la flamme allongée des cierges,
Projetant leurs fumées sur les laquearia ,
Animant les motifs des caissons de la voûte.
Quel
est ce bruit très haut dans l'air
Ce gémissement maternel ·
Atmosphère lugubre et froide
d'une civilisation sans âme
Quelles ces hordes voilées et qui pullul ent
Sur les plaines sans borne et qui trébuchent
Sur la terre craque lée que cerne l'horizon
Quelle est cette cité par-delà les montagnes
Sweet Thames, run softly till I end
my song,
Run softly, mon chant ne sera fort ni long.
Qui
se démembre et se reforme et s'effiloche dans l'air violet
Quelles ces tours croulantes
Mais j'entends derrière moi dans
la bise glacée
Grelotter des cliquettes et des rires décharnés.
Un rat, traînant sa panse limoneuse
Rampa,furtif; parmi les herbes, Jérusalem Athènes
Alexandrie
Vienne Londres
Fantômes
Tandis que
je pêchais dans le morne canal
V n soir d'hiver, derrière le gazomètre
En méditant sur le naufrage du roi mon père
Et, plus avant, sur le trépas du roi mon frère.
Corps blancs, corps nus sur
la terre basse et moite
Et ces os au rebut dans
la mansarde basse
Le rat seul les fait cliqueter au long des ans.
Pourtant , derrière moi, j'entends de temps à autre
Le bruit de trompes et de voitures.
« Quelle est cette cité par-delà les montagne s ( ...
) I Quelles ces tours croulantes . ..
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
L'uni vers morcelé du poème où aucune
quête n'aboutit, et
où les citations elles
mêmes sont tronquées
ou inachevées, ne
peut cependant se réduire à une simple
vers ion moderne d'une quête du Graal
devenue impossible , d'autant plus que la
parodie existe souvent
au cœur des
références littéraires.
Le long poème d
'Eliot
pourrait se lire aussi, par exemple, comme
une interrogation sur les origines
du langage
poétique et sur son pouvoir de vérité.
«C'est dan s La Terre vaine qu'Eliot
attei nt à la m aîtr ise de son
instrument ;
c'est là que , pour la premi ère fois, se fait
entendre à nou s cette voix grave, rauque,
un peu sèche, que nous n
'oublieron s
j amais : so uffl e pui ssant et co urt , sp
asme
aigu, intonation contrainte, hautaine,
désolée, d'un e âme très secrète.
( ...
)
Le poète est ici le porte-parole d'
un monde
naufragé sur le po int de sombrer,
il revoit
en écla ir, comme les noyé
s, tout le passé .
»
Georges Cattaui, Trois poètes: Hopkins,
Yeats, Eliot, Par i s, Egloff, 1947.
1 coll.
Viollet 2, 3 , 4 peinture s de Vie ira da Silva : 2 Edirn édia 3.
4 Lauro s-Giraudon
Traduction de Pierre Leyris, Seuil, 1947
« Cette conception de la poésie comme
"l'en semble vivant de la poésie écrite dans
tous les temps
" est un premier aspect de
l'imper sonnalité qui est, pour Eliot, celle
du poète.
En voici un second : le rapport
du poème à son
auteur( ...
) ; plus parfait
sera l'arti ste , plus comp lètement seront
sé paré s en lui l'homme qui souffre et
l'esprit qui
crée.» Jacques Vallette,
«Esquis se d'introduction à la poésie de
T.
S.
» Eliot, in Cahiers du Monde nouveau ,
Paris, mars 1949.
ELIOT03.
»
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