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La Vingt-Cinquième Heure - Gheorghiu

Publié le 05/04/2013

Extrait du document

« La vingt-cinquième heure, c'est celle qui vient après la dernière, alors qu'il est trop tard pour sauver quoi que ce soit. « Virgil Gheorghiu. Né en Moldavie en 1916, Virgil Gheorghiu fait des études de théologie et de philosophie. Après la guerre, fuyant le régime communiste en Roumanie, il s'exile à Paris. Il publie différents ouvrages en français. Son roman, La Vingt-Cinquième Heure, connaît un énorme succès international. Ordonné prêtre en 1963, puis nommé patriarche de l'Église orthodoxe de Paris en 1971 , il meurt le 22 juin 1992. Le livre a été adapté à l'écran en 1966 par Henri Verneuil, avec Anthony Quinn et Serge Reggiani.

« EXTRAITS Nouveau camp, même vie absurde Le nouveau camp se trouvait dans une forêt à la frontière de la Roumanie et de la Hongrie .

Ils avaient voyagé trois jours et trois nuits en train.

En partant, ils avaient emporté les outils avec lesquels ils avaient creusé le cana l.

L 'ad judant avait pris tout son bureau , une baraque en bois, et l'avait mis dans le train.

Strul avait transporté ses registres.

Les prisonniers avaient même gardé leurs poux avec eux.

Et chacun en possédait quelques douzaines.

Mais, dans le nouveau camp , les outils du canal ne leur étaient plus nécessaires.

Ils devaient maintenant abattre des arbres pour les fortifications.

Johann Morit z n'avait jamai s vu de fortifications.

Il ne savait même pas comment elles étaient faites.

Cependant, ils abattaient les arbres par forêts entières, et les transportaient à la frontière.

Johann Moritz fuit en Hongrie Johann Moritz se trouvait depuis déjà deux heures en Hongrie .

L es trois juifs et lui­ même avaient d'abord attendu devant la gare.

Ils avaient eu peur de pénétrer dans la salle d'attente.

Puis leur train était arrivé .

Le Dr Abramovici, Strul et Hurtig mon­ tèrent dans un wagon de deuxième classe.

Johann Moritz demeura sur le quai et leur tendit les valises par la fenêtre.

A la dernière minute, il sauta sur le marche-pied .

Hurti g le prit par le bras, le tira à l' intérieur e.t referma la porti ère.

Moritz était tout pâle.

Il avait eu peur en pensan t qu'il aurait pu rester seul sur le quai.

Que serait-il devenu, en Hon grie, sans le Dr Abramovici et les autres ? Il remercia Di eu d'avoir pu monter à temps.

Le Dr Abramovici et Hurti g trouvèrent immédiatement des places.

Strul et Johann Moritz regardèrent dans tous les comparti­ ments.

Les lumi ères étaient éteintes, tous l es voyageurs dormaient et il n'y avait aucune place de libre .

Ils restèrent dans le couloir, assis sur les valises.

Peu de temps après une femme descendit et Strul prit sa place dans le com partiment.

Esthétique et humour noir L'autre soir,j' ai discuté Esthétique avec un professeur allemand .

Et nous nous sommes disputés.

Les Allemands, comme les autres Européens, en sont restés au classicisme.

Et c'est pourquoi leut' sociétés' est écroulée.

Une société saine et évoluée comme la vôtre possède son art moderne.

Le professeur allemand m'a montré les prisonniers qui se promenaient dans la cour du camp - et qui n'ont plus -comme vous le savez vous-même - que la peau et les os.

L e professeur m'a dit qu'ils étaient laids.

Il en était resté à l'idéal de beauté grec.

Quant à moi, je trouve que les hommes réduits à leur squelette et à leur peau sont superbes, et constituent de véri­ tables œuv res d'art vivantes.

(.

.

.) Il y a un sculp­ teur suisse, Alberto Giacometti, qui a réalisé dans le domaine de la sculpture les mêmes principes et le même idéal de beauté masculine et féminines que vous avez réalisés dans la pratique en.faisant disparaître la graisse et la chair du corps humain ! En travaillant à ses statues, il s'est efforcé à éliminer la graisse du c01ps humain et del' espa ce.

Traduit du roumain par Monique Saint-Côme.

Éd.

Famot Genève , 1975 ...

alors que sa femme aura à subir l es outrages des occupants sov iét ique s NOTES DE L'ÉDITEUR «Quand parut la Vingt-Cinquième Heu re, on lut le livre avec stupeur, avec avidité, avec angoisse.

C'était une révélation bouleversante des grandes barbaries primitives, réapparues pendant et après la guerre chez les peuples de l'Es t et de l 'Europe centrale.

Mais c'était encore autre chose, c'était la condamnation de la " civilisation technique occidentale ".

Tant de malheureux, qui avaient cru trouver un refuge et un acëueil humain dans la zone occupée par les Alliés, ne faisaient que se heurter de tous côtés à des esclaves techniques , à des êtres nés du croisement de l'homme et de la mac hine , tout étant devenu mécanique.

» Jean Clary,« Virgil Gheorghiu »i n Écrits de Paris, juillet-août 1970.

« Je ne pense pas qu'on puisse trouver une œuvre plus significative que celle-ci, plus révélatrice de la situation effroyable dans laquelle ! ' humanité se trouve plongée aujourd'hui." La terre , dit un des protagonistes, a cessé d'appartenir aux hommes .

" Plu s exactement les hommes semblent avoir désappris à se comporter comme des hommes.

Mais c'est encore trop peu dire: il s'agit beaucoup moins d'une désuétude ou d 'un oubli que d'un monstrueux dressage dont cet oub li n'es t que la conséquence.

( ...

) Ce livre ne peut être exploité par aucun des partis actuellement en présence , et c'est ce qui me paraît être le plus précieux en lui.

( ...

) Le mal qui est dénoncé ici est universel.

» Gabriel Marcel, La Vingt-Cinquième Heur e, préface, Éd.

Famot, Genève, 1975.

1 Roge r -Violle 1 2.

3 illus1ratio ns de Pierr e Noë l, Pion, Par i s, 1953 GHEORGHI U 02. »

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