Devoir de Philosophie

Lady Macbeth au village

Publié le 01/04/2013

Extrait du document

La dimension fantastique dont l'histoire est empreinte vient grandir les figures du crime et de l'horreur. Un chat mystérieux fait des visites nocturnes à Katerina, la lune baigne la ville de sa pâleur. Les murs de « la maison du péché « sont secoués par la furie villageoise. Le compositeur russe Dimitri Chostakovitch a mis en musique ce conte dans un opéra en 1934. Toutefois, ce dernier a voulu faire de Katerina une héroïne victime de son amour plutôt qu'une criminelle. Pour cela, il a supprimé la scène de l'étouffement du petit garçon. La nouvelle a également inspiré le cinéaste polonais Andrzej Wajda (1962)...

« « Zinovi Borissovitch entre dans la chambre ...

» ~- ---- --EXTRAITS - ---- --~ Dans la scène du meurtre du mari apparaît le motif shakespearien de la tache de sang Sergueï se releva à son tour et souffla bruyamment.

Zinovi Borissovitch était étendu tout de son long, la gorge écrasée, la tempe fendue.

Sa blessure ne saignait déjà plus, mais le plancher sous sa tête était marqué d'une tache rouge.

Sergueï transporta le corps dans cette même cave où quelques jours auparavant feu Boris Timofevitch avait enfermé le jeune homme à clef, puis il remonta dans la chambre .

Pendant ce temps, Katerina Lvovna lava soigneusement au savon la tache de sang laissée par sa victime : l'eau du thé empoisonnée dont elle avait régalé Zinovi Borissovitch était encore chaude, aussi la tache s' effaça-t-elle complète­ ment.

Le meurtre du petit héritier est un exemple du machiavélisme des héros Katerina Lvovna appuya sa main sur la bouche large ouverte de la petite victime terrifiée et cria : « Fais vite ! Tiens-le bien ! » Sergueï saisit les pieds et les mains de Fedia et Katerina Lvovna recouvrit le vi­ sage enfantin d'un gros oreiller sur lequel elle se laissa tomber de tout son poids.

Durant quelques minutes, ce fut dans la chambre un silence de mort .

« Il ne respire plus », murmura Katerina Lvovna en se levant, mais à la même se­ conde les murs de la maison tranquille qui avait dissimulé tant de crimes tremblèrent soudain sous une avalanche de coups et de chocs furieux : les vitres tintaient, les planchers craquaient, les suspensions oscillaient et traçaient sur les murs des ombres fantastiques.

Le suicide de Katerina, qui entraîne dans la mort sa rivale, Sonnette, donne toute sa dimension pathétique au drame Katerina Lvovna tremblait ; son regard farouche ne pouvait se détacher de l'eau tourbillonnante .

Une ou deux fois elle ten­ dit les bras comme pour appeler on ne sait qui ...

Elle chancela, puis tout à coup, sans détacher ses yeux del' eau, elle fit un pas, saisit la Sonnette par les jambes et se pré­ cipita avec elle par-dessus bord.

La stupeur immobilisa tout le monde.

Katerina Lvovna surgit au haut d'une vague et disparut ; une autre vague ra­ mena à la surface la Sonnette.

« Une perche! une perche! tendez-lui une perche ! » criait-on sur le bac.

Attachée à une longue corde, la perche lancée aussi loin que possible tomba lour­ dement sur l'eau ; mais la Sonnette avait disparu.

Deux secondes plus tard, on la vit déjà loin élever ses deux bras hors d'une lame .

Mais au même instant Katerina Lvovna surgit et se dressant presque jusqu'à mi-corps au-dessus de l'eau, elle se jeta sur sa victime, tel un brochet sur une truite.

On ne les revit plus.

Traduction de Boris de Schloezer La nouvelle, dont la composition date de décembre 1864, fut envoyée à la rédaction de L' Époque (le journal de Dostoïevski).

Elle ne fut jamais payée à !'écrivain, qui n 'osa présenter sa lettre de change au directeur.

NOTES DE L'ÉDITEUR chronique de la vie ecclésiastique, très favorable à l'orthodoxie.

structures civilisées que régissent des fonnes sociales hybrides.

Nikolaï Leskov (1831-1895) a laissé une œuvre très controversée, jugée réactionnaire par les intellectuels de son époque; c'est sans doute la raison pour laquelle ses talents d'écrivain ne furent reconnus qu'après sa mort.

Parmi ses romans et ses récits, outre Lady Macbeth au village (1865), citons A Couteaux tirés (1870-1871) et, surtout, Gens d' Église ( 1872), une sorte de 1 Roge r-V io llet 2.

3 ill.

de Boris Kustodiev / D .

R «Le lecteur de Leskov ne peut qu'être frappé par l'ampleur de son enquête sur l'humanité.

Son œuvre, en dehors de sa grandeur artistique, est comme une vaste mosaïque de ce que Vassili Rozanov dénommait" La Russie des substances".

Aucun autre écrivain russe n'est allé chercher dans les couches les plus variées la vérité de l'homme russe, au-delà des Katerina Izmai1ova est tout entière dans son "amour sauvage" qui ne s'arrête devant rien, ni devant le crime, ni devant l'autodestruction .

Les pages qui montrent la montée de sa passion sont parmi les plus sensuelles de la littérature russe qui, de façon générale, est plutôt elliptique dans ce domaine.» Jean-Paul Marcadé, préface de Leskov, Gallimard, 1967.

LESKOV02. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles