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Le Cid de Corneille (Résumé & Analyse)

Publié le 22/02/2012

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Si le succès du Cid en 1637 fut considérable, la pièce n'en suscita pas moins une querelle célèbre. Scudéry accusa Corneille de rompre avec le genre de la tragédie et de ne point respecter les trois règles de l'unité, arguant qu'un tel nombre d'événements en un seul jour et un seul lieu était invraisemblable. Le Cid Campeador était un héros très populaire en Espagne ; au XIe siècle, Rodrigue de Bivâr, vassal des rois de Castille, guerrier puissant, avait été écarté du pouvoir. Se mettant alors au service du roi de Saragosse, il fit preuve d'une extraordinaire bravoure. Guillén de Castro, avant Corneille, reprit son histoire en la transformant dans Les Enfances du Cid. Dans la tragi-comédie du Cid, Corneille met en scène un héros, Rodrigue, et celle qu'il aime, Chimène, que le destin oblige à choisir en permanence entre leur amour et l'honneur de leur famille.

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« La Querelle du Cid Il est parfois plus dommageable pour une oeuvre d'être trop connue que de rester trop longtemps ignorée.

Ainsi lesort opposé de pièces pourtant contemporaines telles que L'Illusion comique et Le Cid, représentées la même année 1636, permet de méditer sur les bienfaits de l'obscurité et sur les périls de la gloire. Autant la comédie fantastique doit la fraîcheur de sa découverte à un bain d'oubli de plusieurs siècles, autant il estdifficile aujourd'hui d'admirer, dans le chef-d'œuvre tragique le plus célèbre et le plus joué du répertoire, des beautésdésormais affadies par l'usure et la patine du temps. Pourtant, il suffit de la flamme d'un interprète pour que le texte le plus rabâché, le plus usé par les exercicesscolaires, retrouve une jeunesse inaltérée comme au jour de sa création. Gérard Philipe et le T.N.P.

de Jean Vilar ont ressuscité, en 1951, au Festival d'Avignon, ce monument d'histoirelittéraire, non certes en l'actualisant, en le modernisant, mais en le décapant de la rouille des habitudes et descommentaires, en le faisant revivre tel qu'en lui-même Corneille l'avait conçu en dépit des règles.

Cette recréation exemplaire suffit à relativiser le sens qu'il convient d'accorder au terme de « classique». Le Cid doit, en effet, sa célébrité à la fameuse querelle des unités qu'il suscita et qui devait constituer l'acte de naissance du théâtre dit « classique ».

Cette affaire mit aux prises les pédants les plus redoutables de ce tempsavec un auteur qui plaçait la liberté poétique au-dessus des conventions.

Si, comme l'écrira Molière, la principalerègle au théâtre est de plaire, Corneille pouvait se passer de l'avis des censeurs qui étaient en même temps sesconfrères. Mais le succès foudroyant de sa pièce explique sans doute la réaction de ceux-ci qui le ressentirent comme uncamouflet.

Les plus acharnés détracteurs du Cid furent, en effet, les dramaturges qui avaient été choisis en 1635 par Richelieu pour constituer, avec Corneille, le groupe des cinq auteurs. Par la suite, l'auteur du Cid prit ses distances.

Dans sa tragédie espagnole, il manifesta son indépendance en se démarquant avec éclat des tendances qui devaient aboutir à la formation de la doctrine des trois unités de temps,d'action et de lieu.

Les « experts » qui condamnèrent la pièce étaient à la fois juges et parties. Les intentions de Richelieu étaient, certes, conformes aux exigences d'un temps qui allaient dans le sens d'une miseen ordre générale.

Il s'agissait alors de fixer les normes du bon goût et de contribuer, dans le domaine de latragédie, à imposer des règles dans le même esprit que celui qui présidait aux travaux de l'Académie française,fondée la même année par le Cardinal.

C'est d'ailleurs à l'Académie qu'il revint de trancher et de faire connaître sesSentiments sur la Querelle du Cid, ce qu'elle fit avec modération. Il est significatif et paradoxal qu'une oeuvre aussi peu dogmatique, aussi imprégnée d'esprit baroque et donc aussipeu apte à servir de modèle, ait inauguré une tradition théâtrale qui régna pendant plusieurs siècles et se perpétuajusqu'à notre époque, au-delà et en dépit de la révolution romantique. C'est bien, d'ailleurs, en exaltant un romantisme avant la lettre que Le Cid, comme toutes les oeuvres nouvelles, originales et donc vraies, sut toucher le public et irriter les critiques de son temps. Les Espagnols à Paris Le sujet du Cid, comme, plus tard, celui de Dom Juan, venait d'Espagne.

Corneille l'avait trouvé chez Guillen de Castro, qui lui-même en avait tiré l'argument de l'Histoire d'Espagne de Mariana.

La référence à la culture d'un pays qui était alors l'adversaire de la France fut ressentie par le Cardinal comme une intolérable provocation, ce quiexplique la cabale lancée contre son ancien protégé.

« Quand Le Cid parut, rapporte Fontenelle, le Cardinal en fut aussi alarmé que s'il y avait vu les Espagnols dans Paris.

» Ce mot désigne clairement les raisons politiques et culturelles qui furent à l'origine de la Querelle du Cid. Non seulement Corneille puisait son inspiration dans une histoire édifiante propre à exalter les vertus d'une nationennemie, mais il en tirait une morale aristocratique et individualiste, absolument à l'opposé du sens de l'État et dudévouement à la cause publique prônés par Richelieu. On ne peut comprendre l'oeuvre de Corneille sans la situer dans le contexte politique de son temps.

Comme l'a écritPaul Bénichou dans Morales du Grand Siècle: « On aperçoit aisément qu'une morale comme la morale cornélienne, fondée sur l'orgueil et la grandeurglorieuse, ne pouvait qu'appuyer la protestation de l'aristocratie contre l'assujettissement où les roisprétendaient la réduire.

» Cet assujettissement n'apparaît pas tellement comme l'oeuvre des rois que comme celle de leurs ministres.

LaFronde est dirigée contre Mazarin, perçu comme un usurpateur qui avait tiré parti de la minorité du Roi pourgouverner à sa place et imposer à la noblesse le joug de la raison d'État.. »

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